Les drones sont de plus en plus nombreux à traiter des vignes escarpées entre mai et août. Pour l'heure, on assiste à une bonne cohabitation avec l'hélicoptère.
«En 2016, lors du lancement de notre entreprise, les gens nous tournaient le dos. Aujourd'hui, on doit refuser du travail», a indiqué à Keystone-ATS Didier Berset, directeur technique d'AgroFly, société d'épandage et de traitement agricole par drones.
Ces aéronefs sans pilote ont le vent en poupe dans de nombreux domaines, dont le traitement des vignes. AgroFly, basée en Valais, est l'une des cinq entreprises suisses autorisées à épandre des produits phytosanitaires par drone.
Rapidité ou précision
Entre le 10 mai et la mi-août, l'hélicoptère, et plus précisément la compagnie valaisanne Air-Glaciers, règne en maître depuis les années 80 sur les vignobles difficiles d'accès que le vigneron valaisan, vaudois, neuchâtelois ou genevois souhaite traiter. Mais le drone l'a rejoint.
Chaque engin a ses points forts et semble actuellement travailler en bonne intelligence. L'hélicoptère est imbattable pour traiter rapidement de très grandes surfaces, soit environ quinze hectares en une heure contre moins d'un hectare horaire pour l'aéronef sans pilote.
Le drone a pour lui la précision d'épandage et une nuisance sonore réduite. Il intervient en bordure de rivières, de maisons, de routes, là où l'hélico n'a pas le droit de traiter.
Eviter les couacs
Par mesure de sécurité, les deux engins n'interviennent quasiment jamais ensemble. Pour éviter tout couac, les différents intervenants se sont récemment retrouvés autour d'une table pour croiser leur agenda en toute transparence, précise Guido Merendino, responsable administratif chez AgroFly.
Les interventions par hélicoptère sont annoncées, validées par différents services de l'Etat et autorisées par l'Office fédéral de l'aviation civile. Les produits épandus sont des fongicides et 50% des vignes traitées le sont sans produits de synthèse (SPS), souligne Patrick Fauchère, responsable des opérations aériennes chez Air-Glaciers.
Depuis 2019, le drone est, lui, considéré comme un traitement au sol. Chaque année, il doit décrocher une autorisation de l'OFAC et peut pulvériser tous les produits autorisés que le vigneron souhaite.
Toxiques pour la santé
Selon Didier Berset, l'hélicoptère reste indispensable pour satisfaire l'entier de la demande. Mais à l'avenir, la tendance va s'inverser et il va y avoir de plus en plus de demandes pour les drones, complète Guido Merendino.
Air-Glaciers ne possède pas de drones pour l'épandage des vignes, indique Patrick Fauchère. La compagnie en utilise pour le sauvetage, sa vocation première, et participe notamment à des tests de drones utilisés pour retrouver les victimes d'avalanches.
La pulvérisation des vignes fait régulièrement débat en Suisse. La question n'est pas alors de savoir si elle est réalisée par des drones ou des hélicoptères, mais à quel point les produits de synthèse épandus sont toxiques pour la santé.
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