Sciences & Technique Italie: enquête sur l'ADN de Vinci à partir d'une mèche de cheveux

AFP

2.5.2019 - 19:02

Une énigmatique mèche de cheveux qui pourrait venir de Léonard de Vinci, présentée jeudi en Italie pour la première fois, va faire l'objet d'une enquête scientifique visant à retrouver l'ADN du génie de la Renaissance, cinq siècles après sa mort.

«Cette mèche de cheveux longtemps restée secrète, que nous avons retrouvée il y a trois ans aux Etats-Unis, va nous permettre de procéder à des recherches sur l'ADN de Léonard», a expliqué à l'AFP l'historien d'art Alessandro Vezzosi.

«Après 40 ans d'études sur la généalogie de De Vinci, nous avions présenté en 2016 35 descendants (indirects) vivants du maître et c'est peu après que j'ai été contacté par le collectionneur qui la possède et qui a accepté de la montrer», a-t-il ajouté.

Né en 1452 d'une liaison illégitime entre un riche notable et une paysanne adolescente, Léonard a été élevé par son grand-père paternel et son oncle. La thèse officielle retient qu'il n'a pas eu d'enfants mais a eu une vingtaine de demi-frères.

Alessandro Vezzosi a choisi symboliquement le jour du 500e anniversaire de la mort du maître toscan pour présenter jeudi, à la bibliothèque léonardienne du petit village de Vinci en Toscane, ce qu'il qualifie de «relique».

– 'Descendants vivants' -

Il s'agit de quelques dizaines de cheveux clairs, entre le blanc et le blond, fixés dans un cadre sur lequel est calligraphié en français «Les Cheveux de Leonardo da Vinci» et d'un anneau de bronze que des documents historiques décrivent comme celui que le savant florentin portait à son doigt.

«Nous n'affirmons pas à 100% qu'il s'agit de ses cheveux mais nous disons qu'il est aujourd'hui possible, sur la base des recherches généalogiques, de comparer l'ADN de ce matériel génétique avec celui des descendants toujours vivants de Léonard, retrouvés en Toscane, et dans diverses sépultures en France et en Espagne», explique Alessandro Vezzosi.

Selon ce spécialiste de la Renaissance, il est établi que les cheveux et l'anneau présentées à Vinci ont appartenu à l'écrivain français Arsène Houssaye (1814-1896), inspecteur général des musées de province, qui fut chargé en 1863 d'effectuer des fouilles dans le tombeau de Léonard, qui se trouve au château d'Amboise, dans la vallée de la Loire (centre de la France).

- Scepticisme -

L'authenticité de cette mèche de cheveux laisse toutefois sceptique Eike Schmidt, le directeur de la Galerie des Offices, célèbre musée florentin où sont exposées plusieurs oeuvres du maître.

«Aucun spécialiste n'y croit et, du reste, il est extrêmement improbable que cette mèche de Léonard puisse se retrouver dans une collection américaine», a-t-il déclaré jeudi à la presse.

«La tradition de collectionner les mèches de personnages célèbres remonte à l'époque romantique, au XIXe siècle» et non à la Renaissance, a-t-il expliqué.

Les fouilles d'Arsène Houssaye avaient mis au jour un squelette – la main droite placée derrière la tête –, des fragments de tombe avec les mentions –EO -AR –DUS –VINC- («EO» comme Léonard et «VINC» comme Vinci ?) et des médailles françaises et italiennes du début du règne de François Ier. On avait aussi retrouvé quelques restes de barbe et de cheveux blancs.

Mort le 2 mai 1519 à 67 ans, Vinci a passé les trois dernières années de sa vie en France, où le roi mécène François Ier l'avait invité à venir exercer ses multiples talents dans les arts et les sciences.

- Saint-Hubert -

Il a été inhumé à la collégiale Saint-Florentin du château mais l'édifice a été détruit en 1807 et ses ossements présumés retrouvés par Arsène Houssaye sont conservés depuis 1874 dans la chapelle de Saint-Hubert à Amboise.

On retrouve la trace de la mèche et de l'anneau au XXe siècle aux Etats-Unis, acquis par un collectionneur puis par un second. Ce dernier, qui souhaite garder l'anonymat, est entré en contact avec M. Vezzosi.

Les chercheurs n'envisagent pas toutefois troubler le repos du génial inventeur pour procéder à des analyses ADN sur ses restes, un acte «qui pourrait être perçu comme une profanation», explique M. Vezzosi. A ce jour, aucune demande de prélèvement n'a jamais été officiellement déposée.

«Avec les descendants vivants et les sépultures de descendants, nous pouvons aujourd'hui faire des comparaisons sans toucher à la tombe, qui est un lieu à respecter avec sa signification historique et symbolique», précise l'historien, qui doit révèler les conclusions de ses recherches dans les prochains mois.

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