Lancement d'une fusée Soyouz à Baïkonour au Kazakhstan, le 11 octobre 2018
Défaillance du Soyouz MS-10
L'accident du Soyouz dû à une déformation à l'assemblage
Lancement d'une fusée Soyouz à Baïkonour au Kazakhstan, le 11 octobre 2018
Défaillance du Soyouz MS-10
L'échec du lancement d'une fusée Soyouz vers la Station spatiale internationale (ISS) en octobre est dû à une "déformation" d'un capteur lors de l'assemblage de la fusée au cosmodrome de Baïkonour, selon les conclusions de la commission d'enquête rendues publiques jeudi.
Les responsables russes qui s'exprimaient ont aussi promis de punir les coupables de cet échec embarrassant pour le secteur spatial russe et de s'assurer de la qualification du personnel du cosmodrome, martelant que Soyouz restait le lanceur "le plus fiable" en exploitation.
Le dysfonctionnement qui a a causé l'accident est dû à "la déformation de la tige du capteur" lors de son "assemblage au cosmodrome de Baïkonour", a annoncé lors d'une conférence de presse Oleg Skorobatov, un des responsables de cette commission formée après l'accident qui avait contraint en octobre les deux spationautes à revenir sur Terre.
Un taux particulièrement élevé de lancements réussis
Mercredi, le directeur exécutif de Roskosmos Sergueï Krikaliov avait expliqué qu'un dysfonctionnement du capteur chargé de contrôler la séparation des premier et deuxième étages de la fusée avait provoqué l'accident.
"L'une des parois latérales ne s'est pas éloignée suffisamment et a frappé un bac de carburant du deuxième étage, ce qui a provoqué une explosion", avait-il déclaré, cité par les agences de presse russes.
Oleg Skorobatov a appelé jeudi à un "contrôle répété" de ces capteurs et a assuré avoir "écarté" l'hypothèse que ces problèmes puissent venir de l'usine où ils ont été fabriqués.
Il a ajouté que les prochaines fusées Soyouz devant décoller de Baïkonour et du cosmodrome français de Kourou (Guyane), où Arianespace en utilise, seront "révisées".
"Des propositions et des recommandations ont été élaborées pour réviser ces lanceurs", comprenant le démontage et réassemblage de certains blocs, ainsi que des vérifications des capteurs, a expliqué le responsable de Roskosmos.
Dmitri Baranov, un responsable de l'entreprise RKK Energia qui conçoit et produit les vaisseaux spatiaux Soyouz, a en outre assuré que les fusées Soyouz demeurent "les fusées les plus fiables" existantes.
En dépit de cet accident, et d'une série de problèmes techniques qui ont troublé l'image au secteur spatial russe, les fusées Soyouz conservent en effet un taux particulièrement élevé de lancements réussis. En outre, le système de sécurité qui a permis le retour en vie des deux astronautes en octobre a parfaitement foncionné.
Spoutnik en images
La première image officielle du satellite «Spoutnik 1» ne fut publiée pour la première fois à Moscou que le 9 octobre 1957, soit cinq jours après son lancement dans l'espace. «PS-1» déclencha la «Crise du Spoutnik» à l'ouest.
Le premier missile intercontinental de type R7 testé peu de temps avant et qui permit d'envoyer «Spoutnik 1» en orbite terrorisa le monde occidental. En réalisant ce que l'Union soviétique était capable d'accomplir, les Etats-Unis prirent conscience de leur vulnérabilité.
Le satellite qui marqua le début de l'ère spatiale affichait un diamètre de 58 centimètres pour un poids de 83,6 kilos. La boule d'aluminium remplie d'azote abritait deux émetteurs radios, trois batteries zinc-argent ainsi qu'un système de régulation thermique avec des ventilateurs et des capteurs pour la température interne et externe.
Avant «Spoutnik 1», les Etats-Unis se considéraient comme la nation la plus avancée sur le plan technologique. Photo: en octobre 1957 au Parc Allegheny-Riverview à Pittsburgh (Etats-Unis), les «spécialistes des satellites» tentent de trouver dans le ciel le satellite spatial russe au moyen de télescopes.
Le lancement de Spoutnik suscita l'euphorie des Etats du Pacte de Varsovie; à l'ouest, on craignait que les Etats-Unis et l'Europe occidentale puissent désormais se trouver à portée des missiles intercontinentaux soviétiques. L'industrie du jouet saisit rapidement cette opportunité: alors que le satellite nous survolait encore, elle présenta, à Munich, ses produits Spoutnik pour Noël.
Le traumatisme de la guerre froide - sa copie - est aujourd'hui suspendu de manière pacifique au plafond d'un musée de Moscou.
L'historien Vyacheslav Klimentov est vice-directeur du musée de l'astronautique à Moscou. Il prévoit de célébrer le jubilé de Spoutnik: «Nous sommes très fiers que cet anniversaire ne soit pas un événement exclusivement russe et qu'il soit fêté dans le monde entier». Derrière lui se trouve un tableau du principal constructeur Sergueï Korolev, le célèbre père du Spoutnik.
Sous la direction de Korolev, de nombreuses victoires furent remportées par les Soviétiques dans la course à l'espace: notamment avec le cosmonaute Youri Gagarine qui devint, le 12 avril 1961, le premier homme envoyé dans l'espace dans la navette spatiale Vostok 1.
«Oui, nous avons établi des fondements très avancés pour l'époque, dont nous profitons encore aujourd'hui» a indiqué le responsable de l'Agence spatiale russe Roscosmos au journal «Iswestija».
Et les succès de l'époque sont encore une source de stimulation pour la nation spatiale russe. La devise est désormais: la collaboration. Le cliché mis à disposition par la NASA et capturé depuis le Deep Space Climate Observatory montre la Lune devant la Terre.
L'astronautique russe n'a plus connu de grandes avancées depuis bien longtemps. Après la dislocation de l'URSS, le secteur a essuyé des échecs, coups du sort et défaillances. Roscosmos compte des cosmonautes passionnés comme Sergueï Riazanski. Le biochimiste travaille actuellement sur la Station spatiale internationale (ISS). La photo de la NASA représente l'ISS.
En collaboration avec le partenaire européen, l'ESA, l'agence spatiale Roscosmos scrute la planète rouge. Un programme lunaire pluriel est en cours de préparation, il doit s'achever en 2030 avec le premier débarquement d'un cosmonaute sur le satellite de la Terre. Photo: une fusée d'une mission spatiale commune menée par l'ESA et Roscosmos décolle le 14 mars 2016 à Baïkonour (Kazakhstan).
Dès 2016, la Russie a ouvert une nouvelle base de lancement avec Vostotchny en Extrême-Orient. Photo: une capsule Soyouz atterrit en parachute le 3 septembre 2017 avec à son bord l'astronaute américaine multi-records Whitson, son collègue Jack Fischer et le cosmonaute russe Iourtchikhine, près de la ville de Jezkazgan au cœur de la steppe kazakhe.
«Au cours des dix prochaines années, nous devons imaginer des innovations compétitives et révolutionnaires» a exigé récemment le président Vladimir Poutine. Il souhaite faire développer de nouveaux matériels, fusées et capsules spatiaux. M. Poutine a indiqué que la Russie devait développer son potentiel, mais également renforcer la collaboration internationale. Photo: le cosmonaute russe Fiodor Iourtchikhine (au centre), commandant de l'expédition 52 de l'ISS, est extrait de la capsule Soyouz le 3 septembre 2017, peu après l'atterrissage dans la steppe kazakhe.
Le dirigeant de Roscosmos, Komarov, note avec intérêt que les milliardaires émergents aux Etats-Unis, comme le fondateur de SpaceX Elon Musk, apparaissent comme des mécènes de l'astronautique et bouleversent le secteur avec des fusées réutilisables. Par ailleurs, il n’imagine l'avenir qu'en coopérant avec des investisseurs privés. «Mais jusqu'à maintenant, nous n'avions encore (en Russie) aucun investisseur important» a-t-il expliqué. Photo: derniers préparatifs sur la fusée Falcon 9 SpaceX réalisés le 13 août 2017 au Centre spatial Kennedy à Cap Canaveral, en Floride (Etats-Unis).
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