«Juice»L'Université de Berne est prête pour le voyage vers Jupiter
ceel, ats
27.3.2023 - 11:02
A bord d'une fusée Ariane 5, la mission spatiale «Juice» de l'Agence spatiale européenne (ESA) entame le 13 avril son voyage de 700 millions de kilomètres vers Jupiter. Plusieurs instruments de l'Université de Berne se trouvent à bord.
Keystone-SDA, ceel, ats
27.03.2023, 11:02
27.03.2023, 11:16
ATS
«La sonde spatiale est prête, tous les tests sont terminés», a déclaré Peter Wurz, directeur de l'Institut de physique de l'Université de Berne, à Keystone-ATS. Sous sa direction, un appareil de mesure, le «Neutral and Ion Mass Spectrometer» (NIM), a été développé et construit à Berne pour la mission «Juice». Le scientifique suivra à Berne le lancement de la fusée depuis le centre spatial européen de Kourou, en Guyane française.
Dans les prochains jours, la sonde sera positionnée sur la fusée. Puis la fusée sera ravitaillée. «Nous ne pouvons plus qu'espérer que tout se passe bien», a glissé le directeur. «Il y a toujours un petit risque. Le ravitaillement en carburant hautement explosif, par exemple, est une opération délicate.»
Le lancement est un grand pas pour les chercheurs de l'Université de Berne. Il y a dix ans, ils ont commencé à construire les instruments de mesure. Le travail intellectuel sur la mission avait déjà démarré des années auparavant.
Huit ans pour atteindre Jupiter
«Nous attendons avec impatience le moment où les premières données des instruments seront reçues», a poursuivi M. Wurz. Mais avant d'en arriver là, il faudra faire preuve de beaucoup de patience. Le voyage vers Jupiter dure huit ans. Ce n'est qu'en juillet 2031 que la sonde arrivera sur la planète géante.
Les chercheurs veulent étudier trois des plus de 80 lunes de Jupiter: Ganymède, Callisto et Europe. La température moyenne à la surface de ces lunes glacées est inférieure à moins 140 degrés Celsius.
«Nous voulons ainsi comprendre la formation de notre système solaire», a expliqué le scientifique. Jupiter étant la plus grande planète de notre système solaire, la compréhension de sa formation est considérée comme importante pour les connaissances sur l'origine de la Terre.
L'histoire est conservée dans la glace des lunes de Jupiter. Concrètement, le NIM étudiera la composition chimique et isotopique et la distribution des particules dans les atmosphères des lunes glacées de Jupiter ainsi que les paramètres physiques de ces atmosphères. «Juice» ne se posera pas sur les lunes glacées pour y prélever directement des échantillons d'eau, mais se contentera de les survoler.
La mission a également pour but de rechercher des signes de vie. Les missions précédentes vers Jupiter laissent supposer que des océans se trouvent sous l'épaisse couche de glace de Ganymède et d'Europe. Et là où il y a des océans, la vie est théoriquement possible. Peter Wurz s'attend à ce que la vie extraterrestre soit découverte dans les 20 prochaines années.
Radioactivité
Pour cette mission, «un grand défi pour les instruments est la radioactivité», selon le scientifique. Elle est plus forte sur Jupiter que nulle part ailleurs dans notre système solaire. «Nos instruments doivent pouvoir résister à ce rayonnement».
Les chercheurs ont donc dû développer et mettre en place des boucliers de protection. En outre, les instruments de Jupiter doivent faire face à de grandes variations de température et la sonde doit pouvoir accumuler suffisamment d'énergie malgré une lumière solaire environ 25 fois plus faible que sur Terre.
Outre NIM, deux autres instruments, en partie «bernois», seront à bord de «Juice». Les scientifiques suisses ont développé un module pour l'altimètre Gala, qui étudiera la topographie de Ganymède, la lune de Jupiter.
En outre, l'Université de Berne a développé l'optique et l'unité de calibration pour l'instrument Submillimeter Wave Instrument (SWI). Le SWI mesurera la stratosphère de Jupiter ainsi que les atmosphères et les surfaces des lunes glacées de Jupiter.