Forte croissance La crise énergétique rebooste les technologies vertes

ol

6.10.2022 - 11:59

Les technologies vertes, appelées «cleantech», sont un secteur en forte croissance et le risque de pénurie d'énergie leur donne un nouvel élan.

Les technologies vertes sont un secteur en forte croissance et le risque de pénurie d'énergie leur donne un nouvel élan. (archives)
Les technologies vertes sont un secteur en forte croissance et le risque de pénurie d'énergie leur donne un nouvel élan. (archives)
ATS

Keystone-SDA, ol

Qu'il s'agisse d'efficience énergétique, d'énergies propres ou de transition écologique, la scène helvétique regorge de jeunes pousses prometteuses.

«L'énergie utilisée dans le monde provient à 80% de sources fossiles», rappelle José Caceres Blundi, membre de French Tech Zurich au cours d'une conférence dévouée aux technologies vertes. La difficulté de la transition écologique réside dans la résolution d'un trilemme: il faut à la fois assurer l'approvisionnement énergétique (sécurité), que l'énergie soit accessible et abordable pour tous (équité) et que l'impact sur l'environnement soit atténué ou évité (durabilité).

La Suisse, grâce à l'exploitation de l'hydraulique, est derrière la Suède le pays le mieux classé à l'échelle mondiale dans ce «trilemme énergétique», selon le Conseil mondial de l'énergie (CME). Les efforts doivent toutefois être poursuivis et les décisionnaires peuvent s'appuyer sur des données de plus en plus précises grâce aux nouvelles technologies.

Enersis fournit aux villes et aux régions un outil pour améliorer l'efficience énergétique: optimiser l'éclairage public, identifier les toits les mieux adaptés pour des panneaux solaires, évaluer le développement d'énergie renouvelable...Le logiciel se veut une aide à la décision pour les politiques et les énergéticiens, explique Thomas Koller, fondateur et directeur général de la société bernoise.

Rentable, Enersis a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros. «Mais le marché est immense et nous ciblons des ventes de 100 millions d'ici 2027», explique M. Koller.

De son côté, Freesuns a fait de l'énergie solaire son cheval de bataille, en levant le frein esthétique pouvant retenir les propriétaires d'installer des panneaux photovoltaïques. «Nos panneaux sont des tuiles solaires pouvant être adaptées quel que soit la forme du toit», explique Deborah Learoyd, co-fondatrice et directrice générale de la PME vaudoise.

Bâtiments historiques classés, toits non conventionnels, partout où les panneaux solaires traditionnels ne sont pas adaptés pour des raisons esthétiques ou techniques, Freesuns fournit un produit qui ressemble à s'y méprendre aux toitures traditionnelles et génère dans le même temps de l'électricité. La start-up a réalisé l'année dernière plus d'un million de francs de chiffre d'affaires.

Émanation de l'EPFL, Sohhytec a de son côté développé une installation solaire permettant de produire de l'hydrogène, une énergie du futur si on parvient à la produire sans hydrocarbures, ce qui n'est pas encore le cas pour 96% de la production actuelle, explique Jordan Bellatreche, responsable du développement commerciale de la jeune pousse.

De nombreuses applications sont possibles, notamment dans l'industrie de l'acier, qui pourrait opter pour l'hydrogène vert pour réduire ses émissions. A lui seul, ce secteur concentre 7,6% des émissions mondiales de gaz à effets de serre.

Les start-ups ne sont toutefois pas les seules à plancher sur les solutions permettant de sortir des énergies fossiles.

La transition du secteur pétro-gazier

«La crise énergétique actuelle montre d'une part que les sources d'approvisionnement énergétiques ne sont pas assez diversifiées et d'autre part que les investissements n'ont pas été suffisants au cours des dernières années», relève Aurore Caceres Blundi, spécialiste de la transition énergétique pour Varo Energy.

L'entreprise zougoise, qui détient la seule raffinerie de Suisse, fournit des carburants à une grande variété d'industries. Mais comment se passe la décarbonisation pour un exploitant d'énergies fossiles? La stratégie choisie est double: continuer d'exploiter les énergies conventionnelles pour assurer la sécurité de l'approvisionnement et développer d'autres technologies, à travers notamment des prises de participations.

«Nous avons l'objectif d'investir 5,5 milliards de dollars pour le développement durable et la moitié de l'Ebitda devra être réalisé grâce au renouvelable d'ici cinq ans», note la spécialiste. L'hydrogène, les biocarburants, le biométhane, la mobilité électrique et les technologies d'élimination de carbone sont les cinq principaux axes de développement, énumère-t-elle.