Psychologie/éducationLe raisonnement mathématique peut engendrer de faux souvenirs
uc, ats
30.8.2024 - 12:18
Notre manière de mémoriser les informations – un problème mathématique par exemple – révèle la façon dont nous les traitons. Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE), avec des collègues français, montre que parfois, de «faux souvenirs» peuvent être créés.
uc, ats
30.08.2024, 12:18
30.08.2024, 12:50
ATS
Chez l’être humain, la mémorisation d’une information passe par plusieurs étapes: la perception, l’encodage – la manière dont elle est traitée pour devenir une trace en mémoire aisément accessible – et sa récupération ou réactivation. À chaque étape, des erreurs peuvent survenir, conduisant parfois à la formation de faux souvenirs.
Lors de la résolution d’un problème mathématique, il est possible de faire appel à la propriété ordinale des nombres, c’est-à-dire le fait qu’il soient ordonnés, ou à leur propriété cardinale, soit le fait qu’ils désignent des quantités spécifiques. Cela peut conduire à des stratégies de résolution différentes et, lors de leur mémorisation, à un encodage différent, a indiqué vendredi l'UNIGE dans un communiqué.
Des scientifiques de l’UNIGE, en collaboration avec CY Cergy Paris Université (CYU) et l’Université de Bourgogne, ont demandé à 67 adultes de résoudre des problèmes arithmétiques, puis, dans un second temps, d’en rappeler l’énoncé afin de tester leurs souvenirs.
Résultat: les restitutions d’énoncés étaient correctes dans la majorité des cas (83%) lorsqu’il s’agissait de problèmes cardinaux. En revanche, lorsque les participants devaient se rappeler l’énoncé de problèmes ordinaux, des informations déduites lors de leur résolution étaient ajoutées involontairement au rappel de l’énoncé dans plus de la moitié des cas.
Des applications en classe
«Lors de la résolution de certains problèmes, les personnes ont l’illusion d’avoir lu des phrases n’ayant pourtant jamais été présentées dans les énoncés, mais liées à des déductions inconscientes», résume Hippolyte Gros, ancien post doctorant à l’UNIGE, maître de conférences à CYU, et premier auteur de l’article, cité dans le communiqué.
Les expériences ont montré que les participants présentant ces faux souvenirs étaient uniquement ceux qui avaient découvert la stratégie la plus courte, révélant ainsi leur raisonnement inconscient ayant permis de trouver ce raccourci de résolution.
Ces travaux, publiés dans le Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, peuvent avoir des applications pour l’apprentissage des mathématiques. Ils pourraient notamment permettre de mieux comprendre les difficultés rencontrées par les élèves et fournir des pistes d’intervention en classe, selon les conclusions des auteurs.