Stress Stress : les femmes et les étudiants ont le plus souffert du semi-confinement

beke, ats

14.12.2021 - 07:01

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Alors que la Suisse cherche à contrer la 5e vague de Covid, trois études de l'EPFL montrent l'impact psychologique qu'a eu le semi-confinement du printemps 2020 sur la population. Les femmes et les étudiants ont le plus souffert. La vision du logement idéal a évolué.

Le semi-confinement a exacerbé les inégalités structurelles dans le travail domestique, ainsi que la violence au sein de la sphère privée.
Le semi-confinement a exacerbé les inégalités structurelles dans le travail domestique, ainsi que la violence au sein de la sphère privée.
ATS

La première étude, publiée dans Frontiers in Psychology, indique que la hausse de stress était en moyenne 42% plus élevée chez les femmes que chez les hommes et 29% plus élevée chez les étudiants que chez les travailleurs, les personnes sans emploi et les retraités, a communiqué mardi l'EPFL.

Concernant les femmes, une hypothèse est que «le semi-confinement a exacerbé les inégalités structurelles dans le travail domestique, ainsi que la violence au sein de la sphère privée», a expliqué à Keystone-ATS Livia Fritz, post-doctorante au laboratoire de relations humaines-environnementales dans les systèmes urbains (HERUS) et co-autrice de l'étude.

Manque d'interactions

Quant aux étudiants, ils ont pu souffrir du manque d'interactions sociales, «particulièrement importantes chez les jeunes adultes». Livia Fritz évoque aussi la crainte de voir leur future carrière négativement impactée.

Le type de logement a joué un rôle important. Les personnes dont l'habitation comprenait plusieurs espaces extérieurs, comme un jardin, un balcon ou une terrasse, ont présenté un stress psychologique 23% moins élevé que celles qui n'en avaient aucun. En revanche, le fait d'habiter en ville ou à la campagne n'a pas été déterminant.

Certaines activités peuvent à court terme atténuer la tension psychologique. Les personnes qui ont fait du sport ou beaucoup cuisiné ont moins ressenti de stress que celles qui ont passé la majorité de leur temps devant la télévision ou sur les réseaux sociaux.

Cumul de tâches

Une autre étude parue dans la Revue des politiques sociales et familiales s'est intéressée à la «plasticité» du logement, soit la manière dont les personnes ont pu adapter leur espace à la nouvelle situation. Les scientifiques ont distingué six vécus différenciés du semi-confinement basés sur les cantons de Genève, Vaud et du Valais.

À un extrême se trouve la catégorie des «éprouvés», soit de jeunes actifs de moins de 44 ans en télétravail et vivant le plus souvent avec des enfants en bas âge. Ce sont eux qui ont dû le plus adapter leur logement à la situation, les contraintes de l'espace domestique redoublant les difficultés liées à la vie professionnelle et familiale. Cette catégorie comprend en majorité des femmes (67%) et des personnes avec un faible niveau de formation.

À l'opposé se trouvent les «relâchés», soit les personnes ne souffrant ni d'isolement ni de surcharge de travail. Dans cette catégorie, les hommes sont surreprésentés (55%), de même que les personnes âgées de plus de 55 ans et les détenteurs d'un diplôme d'études supérieures. Les «relâchés» ont plus souvent déclaré avoir vécu de meilleures conditions de travail qu'à l'ordinaire durant le semi-confinement.

Face aux contraintes spatiales ressenties, le semi-confinement a modifié dans 60% des cas la définition du logement idéal, révèle une troisième étude publiée dans Cities & Health. Les femmes, les personnes touchées par l'accumulation du travail domestique et les personnes privées d'activités culturelles ont fait part d'un besoin accru de posséder «un endroit où pouvoir s'exprimer».

Appel à agir

Responsables de santé publique, architectes et propriétaires d'immeubles sont invités à prendre des mesures. Exemple: créer des salles partagées ou privatives, comme des ateliers, des bibliothèques et des lieux où travailler au sein d'un même immeuble, ou encore prévoir des espaces extérieurs qui permettent de se parler et de se voir. En outre, la santé psychologique des étudiants et des femmes devrait être «sérieusement» prise en considération lors de futurs semi-confinements.

Les trois études sont basées sur un questionnaire en français, allemand, italien et anglais diffusé entre les 8 avril et le 10 mai 2020 sur les réseaux sociaux et au sein de différents canaux. Un bilan intermédiaire de cette enquête, paru en septembre 2020, a livré une première photographie. Ces trois nouvelles publications viennent clore et préciser cette recherche.