EthologieLes chèvres apprécient les défis intellectuels
uc, ats
8.1.2021 - 08:01
Les chèvres font volontiers un effort mental pour obtenir une récompense. C'est le cas même lorsqu’elles ont à disposition une solution de facilité, selon une étude de chercheurs suisses et allemands publiée dans la revue Scientific Reports.
Dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds national suisse (FNS) et la Fondation allemande pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft), deux lignées de chèvres – 30 laitières de race Saanen et Chamoisée ainsi que 27 chèvres naines – se sont vues simultanément proposer une friandise en libre-service et la même récompense accessible seulement après avoir fait coulisser une porte avec leur museau.
«Dans un tel cas de figure, indépendamment de leur lignée, elles se sont décidées dans quasiment la moitié des cas pour la seconde option», indiquent la spécialiste en bien-être animal Nina Keil et la doctorante Katrina Rosenberger, de la station Agroscope de Tänikon (TG), citées dans un communiqué du FNS.
Etonnamment motivées
Tant les chèvres laitières que les chèvres naines étaient motivées par le défi proposé pour pouvoir accéder à la friandise: 53 des 57 chèvres participantes ont choisi la porte fermée au moins une fois sur les dix essais, alors même qu'une alternative sans effort était offerte.
Des différences entre les deux lignées de chèvres ont été relevées au cours de l’expérience. Les laitières ont montré un intérêt stable pour la porte fermée; elles se sont dans l’ensemble approchées plus rapidement de cette porte que de la porte ouverte, ce qui montre leur motivation pour le défi.
Les chèvres naines se sont montrées d’abord hésitantes, puis elles se sont de plus en plus fréquemment décidées pour la porte fermée. Cela montre que les deux lignées de chèvres semblent apprécier de résoudre des problèmes, même si les chèvres naines peuvent avoir besoin de davantage de temps pour s’y mettre.
«Nous n’avons pas été surpris de l’intérêt des chèvres naines pour ce genre de tâche car des expériences similaires l’ont déjà mis en évidence», explique Katrina Rosenberger, se référant aux travaux menés au Leibniz-Institut für Nutztierbiologie à Dummerstorf (D), partenaire du projet.
La surprise est venue des laitières: «Nous nous attendions à ce que ces chèvres sélectionnées pour leur performance économisent leurs ressources et soient donc moins motivées à travailler pour une récompense si la même est disponible sans effort», commente la chercheuse.
Contrôler son environnement
Ce type de comportement a déjà été observé chez les animaux domestiques – vaches, porcs, chèvres et poules – et chez des animaux sauvages vivant en captivité, dans les zoos par exemple. On ignore s’il existe chez les animaux sauvages en liberté.
«On pense que les animaux expriment ce comportement, car le fait de maîtriser une tâche et d’avoir ainsi une emprise sur leur environnement provoque chez eux des émotions positives. Ils en retirent une satisfaction qui compense l’effort investi», selon Nina Keil.
Ces travaux pourraient trouver des applications dans les élevages afin d’améliorer le bien-être animal. «Nos résultats ne constituent qu’une première étape. Il est maintenant nécessaire de réaliser la même expérience en conditions réelles sur une exploitation agricole et sur une longue période afin de voir comment évolue la motivation des animaux», conclut Mme Keil.