Etude Les chimpanzés ont un sens du rythme bien à eux

ATS

6.9.2022 - 21:44

Ils gonflent le torse, lâchent un cri, s'emparent de leur instrument et lancent un roulement de tambour: les batteurs sont des chimpanzés, la batterie de grosses racines de la forêt d'Ouganda et les rythmes sont propres à chaque individu, révèle une étude parue mardi.

On sait depuis longtemps que les chimpanzés pratiquent le tambour. "Mais avec cette étude, nous avons compris qu'ils utilisaient leur style propre quand ils cherchent un contact avec d'autres individus, quand ils voyagent, qu'ils sont seuls ou en petit groupe", explique Catherine Hobaiter.
On sait depuis longtemps que les chimpanzés pratiquent le tambour. "Mais avec cette étude, nous avons compris qu'ils utilisaient leur style propre quand ils cherchent un contact avec d'autres individus, quand ils voyagent, qu'ils sont seuls ou en petit groupe", explique Catherine Hobaiter.
ATS

Keystone-SDA

Chacun a son style: certains pratiquent un battement très rock et d'autres plus jazzy, indique l'étude parue dans la revue britannique Animal Behaviour. Mais en plus, ces animaux savent le modifier pour ne pas révéler l'endroit où ils se trouvent.

Des chercheurs ont suivi un groupe de chimpanzés Waibira dans la forêt occidentale de Budongo, enregistrant et analysant les frappes de sept mâles.

Moyen de communication

Leurs sons se propagent sur plus d'un kilomètre dans l'épaisse forêt et servent de moyen de communication pour les chimpanzés qui se déplacent, selon Vesta Eleuteri, auteure principale de l'étude.

La doctorante a expliqué pouvoir identifier qui jouait après juste quelques semaines. «Tristan, le 'John Bonham' de la forêt joue du tambour très rapidement avec beaucoup de coups séparés régulièrement», dit-elle à l'AFP, en référence au célèbre batteur du groupe de rock Led Zeppelin. Son jeu est «si rapide que vous pouvez à peine voir ses mains».

Mais d'autres chimpanzés, comme Alf ou Ila, ont un style plus syncopé, avec une technique par laquelle leurs deux pieds frappent la racine quasiment en même temps, explique la primatologue britannique Catherine Hobaiter, qui a supervisé les travaux.

Ces travaux ont été menés par des scientifiques de l'Université écossaise de St Andrews – ce qui explique que plusieurs chimpanzés aient été baptisés de noms de whisky, comme le Talisker.

Volonté d'anonymat

On sait depuis longtemps que les chimpanzés pratiquent le tambour. «Mais avec cette étude, nous avons compris qu'ils utilisaient leur style propre quand ils cherchent un contact avec d'autres individus, quand ils voyagent, qu'ils sont seuls ou en petit groupe», explique à l'AFP Catherine Hobaiter.

Les chercheurs ont aussi découvert que les chimpanzés choisissaient parfois de ne pas signer leurs messages, afin de ne pas trahir leur identité. «Ils ont cette flexibilité remarquable d'exprimer leur identité et leur style, mais aussi de cacher ça», ajoute la chercheuse.

Plus proches des humains

Si beaucoup d'animaux produisent des sons qu'on peut associer à une musique, comme le chant des oiseaux, les chimpanzés apprécient peut-être leur musique d'une façon plus proche de celle des humains.

«Je crois que les chimpanzés, comme nous, ont potentiellement un sens du rythme, un sens de la musique, quelque chose qui les touche à un niveau émotionnel, comme l'émotion que provoque chez nous un superbe solo de batterie ou un autre son musical important», avance la primatologue.

Les études sur les chimpanzés se concentrent sur leurs outils ou leur alimentation, relève-t-elle. «Or quand nous pensons à la culture humaine, nous ne pensons pas aux outils utilisés, mais à comment nous nous habillons, à la musique que nous écoutons».

Les chercheurs envisagent d'étudier comment d'autres communautés de chimpanzés produisent des sons. Ils s'intéressent à une espèce en Guinée, qui vit dans une savane quasiment dénuée d'arbres utilisables comme tambour. «Nous avons des indices qu'ils pourraient lancer des cailloux contre d'autres cailloux», pour produire des sons. «Littéralement, de la musique rock», selon Catherine Hobaiter.