«Le problème, c'est l'institution»Malgré le cancer de Charles III, les antimonarchistes restent déterminés
ATS
15.2.2024 - 07:41
Malgré la vague de sympathie suscitée par le cancer dont est atteint Charles III, ils refusent de baisser les bras. Les républicains britanniques se disent plus que jamais déterminés dans leur combat contre la monarchie.
15.02.2024, 07:41
ATS
Les opposants à la royauté restent minoritaires au Royaume-Uni mais la mort de l'ultrapopulaire et intouchable Elizabeth II en septembre 2022, qui a entraîné l'arrivée sur le trône d'un souverain déjà âgé et peu populaire, leur a donné une visibilité nouvelle.
Le mouvement Republic, qui milite pour un chef d'Etat élu, estime que l'année dernière a marqué un tournant, avec un afflux d'adhérents et de petites manifestations en marge des déplacements de la famille royale, inimaginables il y a encore deux ans.
Et il réfute l'idée que cet élan soit coupé par l'annonce début février du cancer, non précisé, dont souffre le souverain de 75 ans, même si la maladie pourrait en théorie rendre les attaques plus compliquées.
Couverture médiatique «excessive»
«Nous sommes évidemment sensibles au fait qu'il a un cancer, mais le problème, c'est l'institution», explique à l'AFP Graham Smith, le président de Republic. «Ce sont des questions qui vont au-delà des simples personnes».
Pour Graham Smith, la couverture médiatique «excessive» accordée à la nouvelle ne fait que renforcer ses arguments auprès du public. Il estime même que toutes les fortes actualités liées à la famille royale, que ce soit les naissances, les décès, les mariages ou les couronnements, jouent en faveur des antimonarchistes: ils mettent la royauté sur le devant de la scène et de moins en moins de Britanniques aiment ce qu'ils voient.
Longtemps marginaux, les républicains ont lancé une importante campagne publique depuis la mort d'Elizabeth II. Ils ont aussi malgré eux profité de la répression musclée de leur manifestation lors du couronnement de Charles III en mai dernier. Graham Smith et cinq autres militants ont été arrêtés en amont de leur rassemblement, suscitant de vives critiques contre la police de Londres, que le mouvement poursuit devant la justice.
Republic revendique une croissance «massive»: il a engrangé 600'000 livres sterling en 2023, plus du double de 2022 et presque six fois plus que 2021. Le nombre d'adhérents payants a atteint 10'000 personnes.
Les jeunes méfiants
«Depuis des années, les royalistes répètent que le public soutient la monarchie, ce n'est clairement plus le cas», assure Graham Smith. Il cite deux sondages récents montrant que moins de la moitié des Britanniques soutiennent la monarchie, même si ce système reste préféré à un chef d'Etat élu.
«Il y a des points positifs pour la famille royale», tempère Gideon Skinner, directeur de la recherche politique à l'institut Ipsos au Royaume-Uni. «Les gens trouvent généralement que le roi Charles s'en sort mieux que prévu (...) et le prince et la princesse de Galles (William, héritier, et Kate, ndlr) restent très populaires».
Le sondeur souligne cependant que les plus jeunes se sentent déconnectés de la royauté et sont clairement plus favorables à une république. Selon une enquête réalisée par Ipsos en septembre, près d'un quart des 18-34 ans se disent favorables à un chef d'Etat élu, contre 15% des plus de 55 ans.
Plusieurs scandales
Pour Graham Smith, cette tendance démographique est accentuée par les scandales de ces dernières années, comme les accusations d'agressions sexuelles visant le prince Andrew, frère du roi, qu'il dément et qui se sont conclues par un accord financier.
Il relève aussi le malaise face au coût de la monarchie avec un couronnement opulent l'an dernier en période de forte inflation. Et ce malgré les commentaires sur une supposée volonté de Charles de réduire le train de vie de la royauté et même si les défenseurs de l'institution assurent qu'elle rapporte davantage qu'elle ne coûte, jouant un rôle considérable de «soft power» pour le pays.
Le républicain ne craint pas plus de voir William et Kate, actuellement en convalescence après une opération de l'abdomen, bénéficier d'une attention accrue avec la maladie du roi. Malgré la popularité apparente des quadragénaires, il souligne qu'ils ont tendance à participer à moins d'engagements public que les autres «royals» et que nombre de Britanniques interrogés sont sans opinion du couple: «S'ils arrivent au centre de l'attention, ces problèmes vont devenir évidents».