Le Premier ministre indien Narendra Modi (2e g) s'entretient avec des scientifiques de l'Agence spatiale indienne, le 7 septembre 2019 à Bangalore
Image fournie par l'Agence spatiale indienne le 6 août 2019 de l'atterrisseur Vikram avant son alunissage
Des journalistes indiens couvrent la mission Chandrayaan-2 dans les locaux de l'agence spatiale indienne (ISRO), le 6 septembre 2019 à Bangalore
Un radar de l'agence spatiale indienne (ISRO) et la Lune, le 6 septembre 2019 à Bangalore
Mission lunaire indienne: contact perdu avec la sonde
Le Premier ministre indien Narendra Modi (2e g) s'entretient avec des scientifiques de l'Agence spatiale indienne, le 7 septembre 2019 à Bangalore
Image fournie par l'Agence spatiale indienne le 6 août 2019 de l'atterrisseur Vikram avant son alunissage
Des journalistes indiens couvrent la mission Chandrayaan-2 dans les locaux de l'agence spatiale indienne (ISRO), le 6 septembre 2019 à Bangalore
Un radar de l'agence spatiale indienne (ISRO) et la Lune, le 6 septembre 2019 à Bangalore
Vikram ne répond plus... L'agence spatiale indienne (ISRO) a perdu le contact samedi avec la sonde inhabitée qui devait faire de l'Inde la quatrième nation à poser un appareil sur la Lune, et acter le retour de l'homme sur ce satellite naturel considéré comme un relais vers Mars.
L'ISRO avait anticipé un moment délicat en disant s'apprêter à vivre «15 minutes de terreur» durant la tentative d'alunissage de l'atterrisseur Vikram. Et ce quart d'heure a justifié ces craintes.
«La descente de l'atterrisseur Vikram se déroulait comme prévu», a expliqué le président de l'agence spatiale (ISRO), Kailasavadivoo Sivan, dans la salle de contrôle de Bangalore (sud). «Puis la communication entre l'atterrisseur et le contrôle au sol a été perdue. Les données sont en cours d'analyse».
Le Premier ministre Narendra Modi, venu à Bangalore, a réagi en assurant aux scientifiques que ce qu'ils avaient fait n'était «pas un mince exploit». «La vie connaît des hauts et des bas. Votre dur labeur nous a déjà enseigné beaucoup et le pays tout entier est fier de vous».
«Si la communication (avec l'atterrisseur) se rétablit (...) tous les espoirs sont permis (...) Notre voyage continuera. Soyez forts. Je suis avec vous», a affirmé le Premier ministre.
Lancé le 22 juillet d'un pas de tir du sud de l'Inde, l'atterrisseur Vikram de la mission Chandrayaan-2 devait se poser entre 01H30 et 02H30 samedi heure indienne (20H-21H vendredi GMT) près du pôle sud lunaire, au terme d'un mois et demi de rotations orbitales autour de la Terre puis de la Lune.
Une fois immobilisé, il devait libérer entre 05H30 et 06H30 (00H00-01H00 GMT) un petit robot mobile, censé fonctionner grâce à l'énergie solaire pendant environ quatorze jours terrestres et réaliser des relevés scientifiques.
Mais la phase d'alunissage est aussi cruciale que délicate. Si l'engin ne ralentit pas suffisamment, il arrive trop vite et se fracasse contre la surface désolée. En avril, une sonde lunaire israélienne a ainsi raté son alunissage et s'est écrasée.
L'Inde ambitionnait de devenir la quatrième nation au monde à réussir à poser un appareil sur le sol sélénite, après l'Union soviétique, les Etats-Unis et la Chine.
Surtout, Chandrayaan-2 – «chariot lunaire» en hindi – devait être le premier engin spatial à se poser dans la région du pôle sud, inexplorée par l'homme. Les précédents alunissages, notamment ceux du programme américain Apollo, sont survenus au niveau de l'équateur sur la face visible de la Lune. En début d'année, une sonde chinoise s'est pour la première fois posée sur la face cachée.
Le conseiller scientifique en chef du pays, K Vijay Raghavan, a décrit samedi Chadrayaan-2 comme un «bond technologique très complexe, de taille par rapport aux missions précédentes de l'ISRO» dans une série de tweets.
Il a déclaré que l'orbiteur aiderait l'Inde à mieux comprendre l'évolution de la lune, à cartographier les molécules aquatiques et minérales en «utilisant ses huit instruments scientifiques de pointe».
«Après un moment de découragement, il est toujours opérationnel !(...) Bravo à l'ISRO», a-t-il ajouté.
- Futures colonies lunaires -
«L'Inde se rend là où seront probablement les futures colonies humaines dans 20, 50 ou 100 ans», explique Mathieu Weiss, représentant du CNES français en Inde. «C'est pour cela que tout la communauté scientifique suit cette mission».
En effet, les pôles lunaires offrent des températures constantes ainsi que de l'eau sous forme de glace dans l'ombre de gigantesques cratères. Des facteurs vitaux pour y installer de potentielles bases, imaginées comme des terrains d'expérimentation scientifique et de futurs relais pour des fusées à destination de la planète Mars.
«Les gens vont sur la Lune car c'est la première étape pour aller vers Mars. Il n'y a pas d'intérêt à aller sur la Lune si vous ne la voyez pas dans la perspective globale de vols vers Mars», avance M. Weiss.
«Si vous voulez survivre sur la Lune, vous avez besoin d'eau pour vivre, et vous avez besoin d'eau pour produire de l'énergie. Avec de l'eau vous pouvez faire fonctionner des moteurs», poursuit-il.
La Lune a été relativement délaissée par l'homme depuis la fin du programme Apollo dans les années 1970, les grandes agences spatiales ayant préféré se consacrer à l'étude et à l'exploration du système solaire.
Mais le satellite de la Terre, distant de quelque 384.000 kilomètres, est l'objet d'un regain d'intérêt international depuis quelque temps. Le gouvernement américain a ainsi demandé à la Nasa d'y renvoyer des astronautes pour 2024, visant cette fois le pôle sud comme zone d'atterrissage.
New Delhi a consacré 140 millions de dollars (124 millions d'euros) à Chandrayaan-2, soit un montant bien inférieur à ceux des autres grandes agences spatiales pour des missions de ce type. Le programme spatial indien s'est fait remarquer ces dernières années en alliant ambition et sobriété budgétaire, ainsi que par sa progression rapide.
L'ISRO compte d'ici 2022 envoyer un équipage de trois astronautes dans l'espace, ce qui serait son premier vol habité. Ses scientifiques travaillent aussi à l'élaboration de sa propre station spatiale, attendue au cours de la prochaine décennie.
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