EspaceNouvel échec pour la fusée Vega à cause d'un défaut de fabrication
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17.11.2020 - 19:38
Echec de Vega à cause d'un défaut
La jeune fusée européenne Vega a essuyé mardi le deuxième échec de son histoire en perdant les deux satellites qu'elle transportait juste après son décollage. Un problème lors de la fabrication du lanceur, assemblé en Italie, en est la cause.
Huit minutes après un décollage réussi depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane française, lundi à 22h52 heure locale (mardi à 02h52 heure de Paris), la trajectoire du lanceur s'est dégradée, et la mission a échoué, sans pouvoir placer en orbite sa charge utile.
C'est la deuxième fois en deux ans que Vega, lanceur léger présenté comme la «petite soeur» d'Ariane, subit une grave déconvenue, après une défaillance à l'été 2019 qui avait conduit à sa destruction, par précaution.
Erreur de production
L'incident de mardi n'a cependant «rien à voir» avec le premier échec, car cette fois l'erreur «ne vient pas de la conception, mais de la production», a expliqué le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, lors d'une conférence de presse depuis Kourou.
Il s'agit d'un problème «d'inversion des câbles», survenu au stade de la fabrication du lanceur, dont les éléments sont intégrés sur le site d'Avio, près de Rome en Italie. «C'est un problème de qualité, une série d'erreurs humaines», a détaillé Roland Lagier, directeur technique d'Arianespace.
Commission d'enquête
Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA) vont mettre en place dès mercredi une commission d'enquête indépendante, chargée de «valider définitivement le scénario identifié et de mettre en évidence les raisons pour lesquelles cette erreur d'intégration n'a pas été détectée puis corrigée».
«Nous allons corriger, et nous reviendrons plus forts», a assuré le PDG d'Arianespace, qui a présenté ses «excuses» aux clients et constructeurs des satellites perdus: un satellite espagnol d'observation de la Terre, SEOSAT-Ingenio, et un satellite français d'exploration de la physique des orages, Taranis, pour le compte du CNES, l'agence spatiale française.
Le programme des trois prochains lancements d'Arianespace d'ici la fin de l'année, via des fusées russes Soyouz, reste par ailleurs inchangé, a assuré M. Israël.
Perte de contrôle
L'anomalie s'est produite sur le 4e étage du lanceur – l'étage supérieur, Avum – qui porte la charge utile. «Tout se passait comme prévu durant la première partie du vol, et c'est lors de l'allumage du 4e étage qu'on a perdu le contrôle», a raconté Roland Lagier.
Le lanceur est retombé dans la mer, loin de toute zone habitée, a précisé le groupe.
Il a ainsi perdu SEOSAT-Ingenio (750 kg), mission phare du plan stratégique de l'Espagne pour l'espace. Il s'agissait d'un satellite d'imagerie optique à haute résolution, qui devait alimenter des applications de cartographie, d'affectation des terres et de surveillance environnementale.
«Année difficile»
Seconde perte: Taranis, premier satellite scientifique conçu pour observer la face cachée des orages, des phénomènes électromagnétiques mystérieux survenant dans les couches supérieures de l'atmosphère, et découverts il y a seulement une trentaine d'années.
Mission française, Taranis – du nom du Dieu du ciel et de l'orage dans la mythologie celtique gauloise – avait été développée en coopération avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le centre national de la recherche scientifique (CNRS) pour le compte du centre national des études spatiales (CNES) français. Le satellite transportait huit instruments, pour un coût de 110 millions d'euros.
«C'est un évènement terrible, nous avons perdu une beauté de technologie, 15 ans de travail acharné», a réagi Lionel Suchet, directeur général délégué du CNES.
Il s'agissait de la deuxième mission de l'année pour Vega, qui a connu «une année 2020 difficile» (2 lancements contre 4 prévus), avait expliqué lundi à l'AFP Marino Fragnito, directeur de Vega au comité exécutif d'Arianespace, en référence à l'épidémie de Covid-19 et à des météos particulièrement défavorables en Guyane qui ont conduit à maints reports du premier vol.
Ce devait être le 17e lancement de l'histoire de cette fusée légère. Avant son premier échec en 2019, elle avait connu quatorze succès d'affilée depuis le début de son exploitation en 2012. «Nous sommes encore dans la jeunesse de ce lanceur, malheureusement ces échecs arrivent,» a souligné Stéphane Israël, rappelant de précédents incidents avec Ariane.