Sciences & Technique Premier échec d'une fusée Vega, la plus petite de la gamme d'Arianespace

AFP

11.7.2019 - 13:31

Décollage d'une fusée Vega, le 5 décembre 2016 à Kourou, en Guyane française
Décollage d'une fusée Vega, le 5 décembre 2016 à Kourou, en Guyane française
Source: CNES/AFP/Archives

Premier échec dans la courte vie de la fusée Vega: le lanceur léger d'Arianespace chargé de mettre en orbite un satellite militaire pour le compte des Émirats arabes unis depuis la Guyane a raté sa mission dans la nuit de mercredi à jeudi, sans raison apparente.

«Environ deux minutes après le décollage du lanceur Vega, peu après l’allumage du deuxième étage (Zefiro 23), une anomalie est apparue sur le lanceur, entraînant la fin prématurée de la mission», explique Arianespace dans un communiqué.

«Les analyses de données sont en cours pour préciser les raisons de cet échec. Une commission d’enquête indépendante sera mise en place dans les heures qui viennent», poursuit la société qui, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité apporter davantage de précisions.

C'est le premier échec de Vega depuis le début de son exploitation au Centre spatial guyanais en 2012. La plus petite des fusées de la gamme d'Arianespace restait sur quatorze succès.

Une grande partie du lanceur est fabriquée au sud de Rome, par le groupe italien Avio dont le cours s'écroulait jeudi matin à la Bourse de Milan. Cette fusée est spécialement conçue pour le lancement de petits satellites scientifiques et d'observation de la Terre.

Le lanceur Vega devrait également bientôt pouvoir se charger de lancements multiples de petits satellites à l'aide d'un système dédié, pour répondre aux besoins du marché en forte croissance des microsatellites.

Arianespace est toujours à la recherche de plus de compétitivité et de plus de polyvalence pour résister à la concurrence exacerbée par l'arrivée de nouveaux acteurs, publics avec des Etats (Russie, Japon, Chine et Inde) comme privés avec les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ou l'américain SpaceX.

- «Un métier difficile» -

«Au nom d'Arianespace, je tiens à exprimer nos plus sincères excuses à nos clients (...) pour la perte de leur charge utile (satellite, ndlr)«, a déclaré à Kourou la directrice exécutive d'Arianespace en charge des missions, des opérations et des achats, Luce Fabreguettes.

Le satellite perdu, FalconEye1, devait «répondre aux besoins des forces armées des Emirats arabes unis et fournir des images au marché commercial», selon Arianespace.

Pesait environ 1.197 kg au décollage et devant être placé en orbite à 611 kilomètres de la Terre, il avait été développé par un consortium mené par Airbus Defence and Space en tant que mandataire et Thales Alenia Space en comaîtrise d’œuvre.

Il faisait partie d'une commande de deux satellites -FalconEye 1 et FalconEye 2- de type Helios passée en juillet 2013 pour «un peu plus de 700 millions d'euros», avait alors confié le PDG d'Astrium (devenue depuis Airbus Defence and Space), François Auque.

«Cet échec de Vega nous rappelle une fois encore que nous faisons un métier difficile, où la frontière entre le succès et l’échec est extrêmement ténue», a déploré Jean-Yves Le Gall, le président du CNES, l'agence spatiale française.

Le 25 janvier 2018, le lanceur lourd européen Ariane 5 avait été lancée sur une trajectoire inappropriée, plaçant ses deux satellites de télécommunications sur une mauvaise orbite. Les deux satellites avaient néanmoins pu rejoindre leur position finale grâce à leurs propres systèmes de propulsion.

Une commission d'enquête avait alors conclu à un problème de paramétrage non détecté par les contrôles qualité. Au lieu de décoller plein est vers l'Equateur, la fusée avait décollé avec un angle de 20 degrés plus au sud, se rapprochant de la ville de Kourou.

Malgré cet incident, Ariane 5 affiche une belle fiabilité avec 99 lancements parfaitement réussis sur 104 en plus de 20 ans de service. Il y a eu deux vrais échecs et trois échecs partiels.

Initialement prévu dans la nuit de vendredi à samedi à Kourou, le lancement de Vega avait été reporté à deux reprises en raison de vents d'altitude au-dessus du Centre spatial guyanais (CSG).Il s'agissait du sixième lancement de l'année pour Arianespace.

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