Sciences & Technique Si un astéroïde fonçait sur la Terre, que ferait-on?

AFP

30.4.2019 - 06:59

L'astéroide Bennu, photographié par la Nasa le 2 décembre 2018
L'astéroide Bennu, photographié par la Nasa le 2 décembre 2018
Source: NASA/Goddard/University of Arizona/AFP/Archives

Exercice: un télescope vient de détecter un astéroïde de 100 à 300 mètres de diamètre filant à 14 kilomètres par seconde, à 57 millions de km de la Terre. Les astronomes estiment à 1% le risque qu'il se fracasse sur la Terre le 29 avril 2027. Que faire?

C'est le scénario potentiellement catastrophique, et entièrement imaginaire, sur lequel près de 300 astronomes, scientifiques, ingénieurs et experts des situations d'urgence planchent cette semaine dans la banlieue de Washington, lors du quatrième exercice international du genre depuis 2013.

«Ce n'est pas Hollywood», a dit Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa, en ouvrant les travaux de la sixième Conférence internationale de défense planétaire, sur le campus de l'université du Maryland à College Park. Les pays représentés: Italie, Allemagne, France, Russie, Israël, Chine...

L'idée que la Terre doive se défendre contre un astéroïde se heurtait autrefois à ce que les experts appellent le «facteur gloussement». Mais, le 15 février 2013, un météore a contribué à mettre fin aux ricanements.

Ce jour-là, un astéroïde de 20 mètres est apparu de nulle part et a explosé en entrant dans l'atmosphère, 23 kilomètres au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk. Les habitants ont ressenti la chaleur de l'explosion à 60 km à la ronde. Les vitres de milliers de bâtiments ont explosé. Un millier de personnes ont été blessées par des éclats.

«L'aspect positif de Tcheliabinsk est qu'il a déclenché une prise de conscience du grand public et des décideurs publics», dit à l'AFP Detlef Koschny, co-directeur du bureau de défense planétaire de l'Agence spatiale européenne (ESA), représentée par une dizaine de personnes à la conférence.

Combien?

Seuls les astéroïdes dont l'orbite les rapprochera à moins de 50 millions de kilomètres de la Terre nous intéressent. Les astronomes en découvrent tous les jours: plus de 700 déjà cette année, avec un total catalogué de 20.001, a annoncé Lindley Johnson, du bureau de coordination de la défense planétaire à la Nasa, créé en 2016.

Parmi les plus risqués, on trouve par exemple un rocher baptisé 2000SG344: 50 mètres environ de diamètre, avec une chance sur 2.096 qu'il s'écrase sur Terre d'ici 100 ans, selon l'ESA.

La plupart sont plus petits, mais 942 font plus d'un kilomètre, estime l'astronome Alan Harris, qui a informé l'auditoire que quelques gros astéroïdes se cachaient encore probablement dans le ciel: «La plupart sont garés derrière le Soleil».

Ce sont principalement des télescopes américains, dans l'Arizona et à Hawaï, qui les détectent.

L'ESA a installé un télescope en Espagne et en prévoit d'autres au Chili et en Sicile. De nombreux astronomes réclament un télescope dans l'espace puisque, depuis la Terre, on ne peut pas voir les objets se trouvant de l'autre côté du Soleil.

Dévier l'astéroïde

L'exercice de cette semaine vise à simuler comment le monde répondrait à la menace. Il faudrait d'abord pointer des télescopes vers l'objet pour calculer précisément sa vitesse et sa trajectoire, les observations initiales étant grossières.

Ensuite, le choix est binaire: dévier l'objet, ou évacuer.

S'il fait moins de 50 mètres, le consensus international est d'évacuer la région susceptible d'être frappée.

Selon Detlef Koschny, deux semaines avant l'impact, on peut prédire le pays touché. Quelques jours avant, la précision est de quelques centaines de kilomètres.

Pour les plus gros objets, l'idée n'est pas d'envoyer une bombe atomique comme dans le film «Armageddon» car cela pourrait créer des morceaux tout aussi dangereux. L'idée consisterait à lancer un appareil vers l'astéroïde pour le dévier... comme une autotamponneuse cosmique.

La Nasa testera l'idée sur un vrai astéroïde de 150 mètres, en 2022, avec la mission DART.

Un problème politique

Reste le problème politique, dit Romana Kofler, du bureau des affaires spatiales de l'ONU: «Quelle serait l'autorité décisionnaire?»

«Le consensus a été jusqu'à présent de ne pas répondre à cette question», a-t-elle expliqué.

En tout état de cause, le Conseil de sécurité de l'ONU serait saisi mais cela laisse entière la question de savoir si les pays riches financeraient une mission s'ils n'étaient pas eux-mêmes dans la ligne de mire de 2000SG344, ou d'un autre caillou céleste.

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