Sciences & Technique Sur la comète Tchouri, Philae a heurté un mélange «plus moelleux qu'une mousse de cappucino»

AFP

6.11.2020 - 10:05

Avant de se poser définitivement sur la comète «Tchouri» il y a six ans, le robot Philae a rebondi à deux reprises sur son sol, découvrant un mélange de glace et de poussière «plus moelleux qu'une mousse de cappuccino», a révélé une étude mercredi.

Pour son auteur principal, Laurence O'Rourke, de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'endroit de cet évènement était le «dernier mystère à résoudre» à propos de Philae. Le robot avait été lâché par la sonde Rosetta sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, ou «Tchouri», à plus de 500 millions de km de la Terre, en novembre 2014.

On savait qu'après un premier contact avec le petit corps céleste, un défaut du système d'harponnage du sol du robot l'avait renvoyé, dans un bond de deux heures, sur un autre site, avant de s'arrêter définitivement 30 mètres plus loin à un troisième endroit.

Ce dernier ne sera identifié précisément que presque deux ans plus tard, quand une caméra fixée sur Rosetta, toujours en orbite, a repéré Philae, caché dans l'ombre d'une crête. Une ombre qui, en le privant du rayonnement solaire indispensable à son activité, l'a rapidement entraîné dans un sommeil éternel.

Découvrir l'endroit exact du deuxième rebond était important, a expliqué M. O'Rourke dans un communiqué de l'ESA, parce que les capteurs du robot Philae «indiquaient qu'il avait pénétré la surface, exposant ainsi vraisemblablement la glace primitive cachée sous celle-ci».

- «Extraordinairement mou» -

Un trésor remontant à la formation de Tchouri, il y a 4,5 milliards d'années, selon l'étude publiée dans la revue Nature. Elle fournit des images saisissantes, en jouant sur le contraste, de taches d'un blanc éclatant. Les scientifiques ont établi que Philae a passé environ deux minutes à cet endroit, dans une série de quatre contacts ayant «labouré» la surface, et dont l'un a enfoncé le sol sur environ 25 cm.

Le mélange exposé s'est avéré «extraordinairement mou», selon M. O'Rourke, «plus moelleux que la mousse d'un cappuccino, d'un bain moussant ou encore que l'écume des vagues sur une plage».

L'étude a aussi confirmé les observations de précédents travaux sur la grande porosité du rocher de la comète, qui est de l'ordre de 75%, la proportion d'espace vide entre les grains de glace et de poussière qui la constituent.

Ces conclusions enrichissent la connaissance du petit objet céleste, qui a l'âge de notre système solaire. Les comètes intéressent les scientifiques car on suppose que, riches en carbone, elles aient pu, en s'y précipitant, «ensemencer» avec des molécules organiques complexes des milieux primitifs comme celui de notre Terre.

Les données récoltées permettent de «mieux comprendre la dureté d'une comète pour de futures missions embarquant un atterrisseur», selon un scientifique de la mission Rosetta, Matt Taylor, cité par l'ESA. Et éviter à un successeur de Philae de connaître le même sort.

«Le fait que la comète ait un intérieur si moelleux est une information très importante à la fois pour la conception de mécanismes d'atterrissage et pour les procédés mécaniques qui seront peut-être nécessaires pour récolter des échantillons», a dit Matt Taylor.

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