Climat Une étude ambitieuse suggère d’endiguer la mer du Nord

phi

22.3.2020

Une proposition extravagante – fermer la mer du Nord et la mer Baltique avec des digues.
Une proposition extravagante – fermer la mer du Nord et la mer Baltique avec des digues.
Groeskamp

Si le niveau de la mer monte, les 15 pays de l’UE bordant la mer du Nord et de la mer Baltique devront unir leurs forces dans la prévention des inondations, suggère une étude – en érigeant plusieurs centaines de kilomètres de barrages en mer du Nord.

Il est certain que le niveau de la mer va augmenter – la seule question est désormais de savoir de combien de mètres l’eau montera. Si le niveau monte, la masse continentale européenne aura peu de marge de manœuvre: La moitié de la zone côtière allemande, qui s’étend sur dix kilomètres à l’intérieur des terres, se trouve à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer.

Aux Pays-Bas et en Belgique, cela concerne 85% de la zone côtière, alors que les pourcentages s’élèvent à 30% au Danemark et 22% en Pologne. Les 15 pays européens bordant ces mers sont dans obligation d’agir: que la mer monte d’un mètre, de trois mètres ou de six mètres, la prévention des inondations devra jouer un rôle plus important. Cela s’accompagnera de factures salées – pour la construction coûteuse de digues.

Néanmoins, si l’on s’en tient à l’avis d’un chercheur néerlandais et d’un chercheur suédois, les Européens ne doivent pas travailler chacun de leur côté, mais voir grand – et employer les grands moyens. Ils proposent de fermer la mer du Nord à l’aide d’énormes barrages pour réguler la quantité d’eau qui s’y trouve ainsi que celle de la mer Baltique.

Trois barrages au lieu de 15 solutions isolées

Leur étude publiée dans le «Bulletin of the American Meteorological Society» montre par ailleurs à quoi cela pourrait ressembler concrètement: d’une part, la mer du Nord devrait être fermée au sud entre la Bretagne et les Cornouailles sur une longueur de 161 kilomètres. D’autre part, les scientifiques envisagent une barrière entre l’Ecosse et la Norvège, qui serait composée d’un barrage de 145 kilomètres de long de la pointe nord des îles Britanniques aux îles Shetland et d’un barrage de 331 kilomètres jusqu’au littoral norvégien.

Le barrage méridional devrait être construit dans la Manche, entre les Cornouailles et la Bretagne.
Le barrage méridional devrait être construit dans la Manche, entre les Cornouailles et la Bretagne.
Google Maps

Ce potentiel chantier du siècle a été baptisé «North European Enclosure Dam» (NEED) par ses créateurs, l’océanographe néerlandais Sjoerd Groeskamp et l’expert climatique suédois Joakim Kjellsson. Son coût: 265 à 530 milliards de francs. Les pères du projet ne souhaitent pas nécessairement assister à sa mise en œuvre.

Le barrage septentrional, beaucoup plus long, relierait le continent écossais aux îles Shetland (au centre) et partirait ensuite vers l’est jusqu’au littoral norvégien.
Le barrage septentrional, beaucoup plus long, relierait le continent écossais aux îles Shetland (au centre) et partirait ensuite vers l’est jusqu’au littoral norvégien.
Google Maps

A la recherche de pionniers

En effet, la fermeture de la mer du Nord et de la mer Baltique aurait des conséquences considérables pour des acteurs très variés – de la faune sauvage aux secteurs de la pêche et du transport maritime –, explique à «Spiegel Online» Joakim Kjellsson, du centre de recherche Geomar établi à Kiel.

Des défis techniques devraient également être relevés en premier lieu: les pompes les plus puissantes à ce jour ont un débit de 500 mètres cubes par seconde. Cependant, pour que l’eau apportée en mer du Nord par les fleuves puisse en ressortir, il faudrait des pompes capables de gérer 40'000 mètres cubes par seconde.

La gravure sur cuivre intitulée «Die erschreckliche Wasser-Fluth» montre l’horreur de l’inondation causée par la tempête Buchardi, survenue au XVIIe siècle.
La gravure sur cuivre intitulée «Die erschreckliche Wasser-Fluth» montre l’horreur de l’inondation causée par la tempête Buchardi, survenue au XVIIe siècle.
Gemeinfrei

La principale raison de ne pas concrétiser ce chantier est cependant tout à fait différente, souligne Joakim Kjellsson: «La meilleure option reste de lutter contre le changement climatique et d’empêcher qu’une telle solution ne devienne nécessaire.»

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