Archéologie Une exposition sur Stonehenge décrit un «monde interconnecté»

ATS

7.2.2022 - 07:56

Sur le site préhistorique de Stonehenge, en Angleterre, l'archéologue Susan Greaney raconte les destins des centaines de personnes venues construire ce temple solaire il y a 4500 ans. Une Europe «interconnectée» qui dévoilera ses mystères dans une exposition au British Museum.

Stonehenge «est un temple aligné sur les mouvements du soleil», décrit l'archéologue Susan Greaney, responsable d'English Heritage, organisme britannique qui gère ce site situé à 140 km à l'ouest de Londres.
Stonehenge «est un temple aligné sur les mouvements du soleil», décrit l'archéologue Susan Greaney, responsable d'English Heritage, organisme britannique qui gère ce site situé à 140 km à l'ouest de Londres.
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«Ces gens étaient des agriculteurs, ils cultivaient, ils élevaient des animaux» et «le cycle de l'année devait faire partie intégrante de leur mode de vie», explique Mme Greaney alors que le soleil se lève sur cette vaste plaine, réchauffant l'aube glaciale.

Stonehenge «est un temple aligné sur les mouvements du soleil», décrit cette responsable d'English Heritage, organisme britannique qui gère ce site situé à 140 km à l'ouest de Londres. Celui-ci se compose des vestiges de deux cercles concentriques de monolithes taillés en colonnes et linteaux à une époque où les outils en métal n'existaient pas.

Les deux portes principales sont placées de telle sorte qu'on voit le soleil se lever à travers l'une le 21 juin, jour le plus long de l'année, et se coucher à travers l'autre le jour le plus court, le 21 décembre. Au centre a pu se trouver un autel.

Pratiques sophistiquées

Ajoutant au mystère de ce lieu qui a nourri d'innombrables légendes, des archéologues ont déterminé que bon nombre des pierres provenaient d'un site situé à plus de 250 km.

Elles ont pu être amenées par les bâtisseurs de ce temple, au fur et à mesure de leur migration à la recherche de terres plus fertiles. Ces pierres auraient été sélectionnées pour leur valeur symbolique peut-être liée à leurs ancêtres puisque des traces de crémation ont été retrouvées, explique Neil Wilkin, commissaire de l'exposition «Le monde de Stonehenge».

Avec cette exposition organisée du 17 février au 17 juillet au British Museum de Londres, il espère «apporter une nouvelle lumière» sur Stonehenge et démanteler le mythe d'hommes des cavernes primitifs, en soulignant que ces habiles constructeurs ont fait preuve de connaissances et pratiques sophistiquées.

«Volontaires» venus de loin

Site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1986, Stonehenge n'a pas été construit par des esclaves mais par des «volontaires» qui se sont déplacés dans une sorte de pèlerinage spirituel, selon Susan Greaney.

«Je l'imagine un peu comme un voyage à la Mecque. Peut-être qu'une fois dans sa vie, on passait un an à contribuer au grand projet religieux de la communauté, qui devait résoudre les problèmes de la société, la relation avec les dieux», explique-t-elle.

En 2004, à 3 km de là, à Durrington Walls, ont été retrouvés les restes de petites maisons, faites de branchages recouverts de plâtre, où ont pu séjourner des centaines d'ouvriers. Ils portaient des vêtements faits en fibres naturelles et des pantoufles en cuir remplies d'herbe pour se protéger du froid.

L'exposition cherche à établir les liens de ces peuples avec le continent dans une Europe alors bien plus «interconnectée» qu'on ne l'imagine. Tout d'abord, «l'idée de devenir agriculteur est venue du continent», raconte M. Wilkin. «Nous avons donc suivi ce mouvement à travers les objets qui se sont déplacés avec eux.» Comme une tête de hache en jadéite verte extraite à 1300 km de Stonehenge, dans les Alpes italiennes, et arrivée dans la région il y a 6000 ans.

L'objet est conservé au Wiltshire Museum avec d'autres témoins de la préhistoire locale, dont une perle de verre rouge de la Méditerranée. «L'exposition illustrera ces connexions de longue distance», souligne M. Wilkin.

«Occasion unique»

Pour mettre Stonehenge en perspective, le British Museum réunira 430 objets prêtés provenant de 35 collections. «C'est l'occasion unique de voir toutes ces choses ensemble», déclare Adrian Green, directeur du musée de Salisbury, ville située non loin, qui a contribué à l'exposition.

Toute cette région du sud-ouest de l'Angleterre est en réalité parsemée de monuments néolithiques, tels que Woodhenge – vestiges d'une structure circulaire constituée de rondins -, West Kennet Long Barrow – cinq chambres funéraires en pierre – ou Avebury Stone Circle – trois fois plus grand que Stonehenge, avec des pierres pesant jusqu'à 100 tonnes et un fossé de 9 mètres de profondeur.

La région espère bien profiter du coup de pouce médiatique de l'exposition pour attirer à nouveau des visiteurs. Avant la pandémie, un million de personnes se rendaient chaque année à Stonehenge.

Car même si 100 ans après sa construction Stonehenge avait perdu son usage originel, le lieu n'a jamais cessé de fasciner. Des milliers de personnes s'y réunissent aujourd'hui à chaque solstice d'hiver et d'été.