Espace Une fusée Soyouz dans l'espace, 60 ans après Gagarine

cc

9.4.2021 - 15:37

La capsule Soyouz MS-18 transportant deux cosmonautes et un astronaute s'est arrimée vendredi à la Station Spatiale Internationale (ISS). La mission honore le 60e anniversaire de l'envoi du premier homme dans l'espace, Iouri Gagarine.

Décollage d'une fusée Soyouz transportant 36 sattelites de l'opérateur britannique Oneweb, depuis le cosmodrome de Vostotchny, le 25 mars 2021 en Russie
Décollage d'une fusée Soyouz transportant 36 sattelites de l'opérateur britannique Oneweb, depuis le cosmodrome de Vostotchny, le 25 mars 2021 en Russie
Russian Space Agency Roscosmos/AFP

cc

«Contact! Le vol habité Soyouz MS-18 s'est arrimé avec succès au segment russe de l'ISS, après avoir effectué seulement deux tours de la Terre», a indiqué l'agence spatiale russe Roscosmos sur Twitter. Selon des images diffusées par la NASA et Roscosmos, la capsule a touché l'ISS à 11h05 GMT, soit deux minutes avant l'heure programmée.

Leur fusée Soyouz s'était arrachée à la gravité terrestre quelques heures plus tôt du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan. Pour l'occasion, le lanceur était décoré du profil blanc et bleu de leur illustre prédécesseur dont le vol légendaire remonte au 12 avril 1961.

Vol normal

«Tous les paramètres sont dans la norme», a noté à intervalle régulier le centre de contrôle qui a qualifié le vol de «normal». Environ neuf minutes après le décollage, la séparation du vaisseau Soyouz, baptisé pour l'occasion du nom de Gagarine, s'est faite sans encombre à environ 200 km d'altitude.

Oleg Novitski et Piotr Doubrov, de l'agence russe Roscosmos, et Mark Vande Hei, de la NASA, partent pour un séjour de six mois sur l'ISS. A bord de la station, sept collègues les attendent. Deux Russes, Sergueï Ryjikov et Sergueï Koud-Svertchkov, et l'Américaine Kate Rubins doivent ensuite revenir sur la terre le 17 avril.

«Mettez la table du dîner pour 10», a tweeté à l'attention de ses futurs colocataires l'astronaute Mark Vande Hei, peu avant le décollage.

Gagarine célébré

Lors de la traditionnelle conférence de presse pré-départ, lui et ses camarades ont confirmé qu'ils célébreraient, le 12 avril, l'exploit de leur prédécesseur, Iouri Gagarine. «Nous le fêterons ensemble», a noté Piotr Doubrov, 43 ans, pour qui ce sera la première mission spatiale.

«Et nous travaillerons dur!» Chaque année, le vol de Gagarine est célébré avec dévotion partout en Russie, où des fleurs sont déposées au pied des nombreux monuments à sa gloire.

Vendredi, les trois hommes ont décollé de Baïkonour, comme Gagarine, mais d'un pas de tir différent du sien. Ce dernier est en cours de modification, au moins jusqu'en 2023, pour pouvoir accueillir la nouvelle génération de fusées Soyouz.

Une victoire soviétique

La mission de Gagarine fut une grande victoire pour l'URSS dans la course à l'espace qui l'opposait aux Etats-Unis. Le cosmonaute, à son retour sur Terre, fut mis au service de la propagande soviétique jusqu'à sa mort tragique dans un accident d'avion aux circonstances troubles, en 1968.

Les célébrations de la mission de Gagarine ne cachent cependant pas les difficultés du secteur spatial russe. Bien que profitant d'une grande expérience et de matériel fiable, comme la légendaire Soyouz, datant de la période soviétique, la Russie peine à innover et souffre de problèmes de financement et de corruption.

L'année dernière, La Russie a perdu le monopole des vols vers l'ISS, concurrencée par SpaceX, la société d'Elon Musk. Une nouvelle réalité qui pourrait signifier un gros manque à gagner pour Roscosmos, qui jusque-là facturait plusieurs millions de dollars à la NASA chaque place vers l'ISS.

Manque d'argent

La prochaine mission de Space X vers l'ISS décollera le 22 avril depuis la Floride, avec à son bord le Français Thomas Pesquet.

Le patron de l'agence russe se vante lui toujours de grands projets, allant de la construction d'une station lunaire avec la Chine, à la construction d'un nouveau vaisseau ultra-moderne. Mais les moyens manquent. Les tensions russo-américaines ont aussi fragilisé la coopération spatiale, l'un des rares secteur d'entraide préservés entre les deux ennemis géopolitiques.

Le projet de l'ISS, lancée en 2000, doit pour sa part arriver à son terme avant 2030 et aucun autre grand projet ne semble encore se profiler pour maintenir une coopération internationale équivalente. Les équipages, eux, restent les meilleurs promoteurs de la nécessité de s'entraider pour progresser.

Jeudi, l'astronaute Mark Vande Hei a ainsi souligné que les puissances spatiales peuvent «faire plus de choses ensemble». «J'espère que cela va continuer», a-t-il ajouté.