Vestiges glaciairesCinq nouvelles découvertes grâce à IceWatcher
zd, ats
24.11.2021 - 10:17
24.11.2021, 10:17
24.11.2021, 10:21
ATS
Os, cuir, bois, projectiles militaires: les glaciers rejettent chaque été des vestiges du passé. Cette année, les alpinistes ont utilisé pour la première fois une application pour les signaler, laissant le soin aux archéologues d'aller prélever leurs trouvailles.
Sous l'effet du réchauffement climatique, les glaciers fondent et libèrent des éléments piégés parfois depuis des centaines, voire des milliers d’années. Pour répertorier et sauvegarder ces vestiges avant qu'ils ne se détériorent à l'air libre, l’Office cantonal d’archéologie (OCA) du Valais a lancé en 2021 IceWatcher, une application qui permet à tout un chacun d'en signaler la découverte.
«Entre le mois d'août et le 20 octobre, il y a eu cinq signalements d'objets qui affleuraient à la surface des glaciers. Trois d'entre eux, en bois ou en cuir, avaient un intérêt archéologique», explique mercredi à Keystone-ATS l'archéologue Romain Andenmatten. Ils doivent maintenant être datés au moyen du carbone 14 ou via les cernes de croissance du bois (dendrochronologie). Les résultats sont attendus pour le premier semestre 2022. Dans tous les cas, ils rejoignent la collection cantonale.
Un des objets signalés est un fragment de munitions militaires, «comme on en trouve beaucoup dans les anciennes zones d’exercice en montagne», souligne le scientifique. Ces trouvailles ne doivent pas être touchées et doivent être signalées à la Centrale nationale d’annonce des ratés.
Romain Andenmatten a potentiellement relié le cinquième signalement, effectué dans le Haut-Valais, à la disparition en montagne d'une personne durant le XXe siècle. «Les éléments ont été transmis à la médecine légale», précise-t-il.
Une zone à scanner
En plus de ces cinq signalements, une personne a rapporté via l'application IceWatcher une découverte faite en 2016, et qui est aussi en cours d'étude. «Elle ne s'était pas rendu compte de l'intérêt archéologique de sa trouvaille», relève Romain Andenmatten.
L'application, téléchargée près de 500 fois, ne décuple pas les annonces, mais elle tend à instaurer de bonnes pratiques, se réjouit l'archéologue. «Avant, cela arrivait qu'on nous envoie les objets retrouvés par la poste ou des données de géolocalisation incomplètes», détaille le scientifique qui estime en moyenne à une petite dizaine le nombre d’annonces de découvertes d'archéologie glaciaire et terrestre par an, sur un canton comme le Valais.
Grâce aux données précises recueillies par l'application, les archéologues évaluent à distance la pertinence des éléments révélés et engagent les moyens nécessaires à leur collecte et conservation. Une fois sur place, ils scannent toute la zone. «Pour chacune des cinq annonces, nous avons trouvé d'autres objets dans le périmètre», précise Romain Andenmatten pour illustrer l'importance de la démarche.
«Les alpinistes sont nos yeux»
Au vu du nombre de glaciers, l'OCA a besoin de cette archéologie participative pour préserver rapidement des vestiges de notre histoire. «Les alpinistes sont nos yeux», relève Romain Andenmatten. Et l'application leur permet désormais de «communiquer rapidement avec l'Office cantonal d'archéologie tout en respectant une marche à suivre très simple».
En cas de découverte, le premier réflexe à avoir est de ne rien toucher. Il faut ensuite sélectionner le type d’objet découvert parmi les options proposées parmi lesquelles bois, métal, cuir ou encore restes humains, puis prendre une photo rapprochée avec un objet de comparaison pour définir la taille. Enfin, un cliché plus large du paysage en géolocalisant la découverte est nécessaire
Bien que mise en œuvre uniquement pour le Valais, techniquement, l'application pourrait fonctionner partout dans le monde. Pour l’instant, hors du canton, les annonces de découvertes doivent continuer à se faire par les canaux traditionnels aux services régionaux compétents. L'archéologue plaide toutefois pour qu'IceWatcher soit utilisée sur tout le territoire national et sur les pays limitrophes, rappelant que «sur les glaciers, les frontières n'existent pas».