Les coûts du F-35 décollent «A-t-on sciemment menti au Parlement et à la population ?»

Prix fixe, mon oeil: l'acquisition du F-35 coûtera plus d'un milliard de francs de plus que prévu. C'était prévisible, assènent les critiques. Les coûts devraient même encore augmenter.

Philipp Dahm

30.06.2025, 11:50

30.06.2025, 15:00

Philipp Dahm

La Suisse achète des avions F-35 aux Etats-Unis à un prix fixe: c'est ce que Viola Amherd et son Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) ont promis au peuple lorsque l'achat a été conclu.

Mais des recherches menées par la «NZZ am Sonntag» montrent désormais pourquoi il s'agit d'un vœu pieux: le journal a pu consulter des documents secrets qui montrent que le jeu est tout autre. Dans le document signé fin 2021, il est certes question à plusieurs reprises d'un «fixed price».

Mais elle précise que le montant de ce prix n'est pas fixé. Selon ce document, la procédure est la suivante: la Suisse peut acheter les jets au prix fixe convenu entre le gouvernement américain et le fabricant Lockheed Martin. Si ce prix augmente, par exemple en raison de l'inflation, la Confédération doit également payer plus.

«J'ai toujours été convaincue que le mensonge serait découvert un jour»

«C'est exactement comme cela se passe toujours avec les ventes d'armes des Etats-Unis», s'insurge la présidente de la Commission de la politique de sécurité. Priska Seiler Graf a critiqué le deal dès le début: «J'ai toujours été convaincue que le mensonge serait découvert un jour», dit-elle en faisant référence à la «fable» du prix fixe.

Amherd a «fait passer l'affaire à marche forcée», se plaint la conseillère nationale PS: l'ex-ministre Amherd était-elle simplement naïve ? «Ou a-t-on sciemment menti au Parlement et à la population ?»

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Le Contrôle fédéral des finances (CDF) exprime également des doutes dans un rapport du printemps 2022, ce qui suscite à nouveau de vives critiques au sein du DDPS: «On nous a reproché de faire de la politique», explique à la NZZ le chef du CDF de l'époque, Michel Huissoud.

«Je suis déçu par les représentants américains»

Fin août 2022 a lieu la séance finale de la Commission de politique de sécurité sur le sujet: une fois de plus, il est rapporté que Washington accorde des conditions spéciales à la Confédération. «Les Etats-Unis n'accordent généralement pas de telles concessions», aurait déclaré Darko Savic, alors chef de projet chez Armasuisse.

Lorsque la question du montant du prix fixe a été posée, Amherd aurait répliqué: «Vous demandez une confirmation du prix fixe ? Nous l'avons expliqué et démontré aujourd'hui». Ce n'est qu'en mars 2025 qu'elle admet les problèmes.

«Je suis déçu par les représentants américains», déclare aujourd'hui le conseiller national UDC et défenseur du F-35 Mauro Tuena. «On a menti au Conseil fédéral et au Parlement». Pourtant, Peter Hug sait que le Pentagone ne connaît pas de prix fixe. L'expert militaire du PS connaît également les facteurs de coûts actuels qui devraient entraîner une augmentation des dépenses.

Energie, moteur et radar posent problème

Selon lui, la Suisse reçoit le F-35 avec le progiciel Block 4, qui consomme toutefois plus d'énergie. «De plus, le F-35 utilise le kérosène pour le refroidissement», explique Hug à l '«Aargauer Zeitung».«C'est pourquoi le jet doit décoller avec environ une tonne de kérosène en plus pour que ce circuit de refroidissement fonctionne».

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Les États-Unis ont donc développé un nouveau moteur: la Suisse devrait également participer à cette mise à niveau dans les années 2030. Il n'est pas encore possible d'estimer combien cela coûtera, selon les autorités. Hug s'attend à plusieurs centaines de millions de francs.

En outre, les Etats-Unis souhaitent installer un nouveau radar de type APG-85, pour lequel le fuselage doit être agrandi. «Cela modifie toute l'aérodynamique», prévient Hug. «Le jet doit retourner dans la soufflerie». Il propose d'amortir les 700 millions de dollars d'acompte et d'investir entre un et 1,5 milliard de dollars dans des avions légers polyvalents.

L'aviation suisse s'entraîne en Italie

Les forces aériennes suisses et italiennes s'entraînent ces jours à Istrana (I), en Vénéatie. Les exercices mettent aux prises des F/A-18 suisses ainsi que des Eurofighter et des F-35 de l'armée italienne. Des F-16 de l'US Air Force en Europe y participent aussi. Les exercices ont commencé le 26 mai et sont prévus jusqu'au 13 juin, avait indiqué l'armée suisse au début de cet engagement. Les jeunes pilotes ont notamment l'occasion de se former au combat aérien à basse altitude au-dessus de la mer, tant à portée visuelle qu'au-delà. L’entraînement porte en outre sur la planification et l’exécution d’opérations aériennes combinées ainsi que sur des questions tactiques.

05.06.2025