Environnement Accord AELE-Mercosur dénoncé à Berne

ATS

7.11.2019 - 14:44

Des délégués d'autochtones du Brésil ont réclamé jeudi à Berne le respect des droits humains et la protection de l'environnement. Ils ont mis en garde contre l'accord de libre-échange entre l'AELE, dont fait partie la Suisse, et les Etats sud-américains du Mercosur.

Forêts en feu et déforestation, communautés autochtones chassées: au Brésil, la demande mondiale en viande bovine, en fourrage pour le bétail, en huile de palme ou en or détruit l'environnement et met en danger l'existence des peuples autochtones, ont dénoncé les délégués indigènes brésiliens lors d'une conférence de presse.

Dans la perspective d'un accord de libre-échange avec le Mercosur, la Suisse endosse une responsabilité plus grande encore, a souligné la Société pour les peuples menacés (SPM), présente à la conférence de presse.

Le président Bolsonaro visé

Une surface équivalant à trois terrains de football disparaît chaque minute dans la forêt amazonienne brésilienne. Depuis l'arrivée du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, la destruction de la forêt et la situation des quelque 900'000 indigènes s'est considérablement détériorée, dénonce la SPM.

Sonia Guajajara, secrétaire générale de l'APIB, une association qui regroupe près de 300 groupes ethniques indigènes, s'inquiète également de la hausse du nombre d'assassinats d'autochtones. En novembre par exemple, des bûcherons illégaux ont abattu l'activiste et «gardien de la forêt» Paulo Paulino.

Une délégation d'autochtones du Brésil sillonne actuellement l'Europe pour rencontrer les principaux acteurs économiques et politiques et mettre les pays européens face à leur responsabilité. La Suisse aussi a importé du fourrage pour bétail, de la viande de bœuf ou de l'or, en provenance parfois de la région amazonienne, a rappelé la conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE), présidente de la SPM.

La Genevoise et les délégués autochtones demandent à la Suisse de veiller à ce que des clauses contraignantes relatives à la protection de l'environnement et des droits humains soient inscrites dans l'accord de libre-échange envisagé entre l'Association européenne de libre-échange (AELE) et le Mercosur.

Il faut des lignes directrices, ainsi que des contrôles et des sanctions si ces normes ne sont pas respectées. L'accord doit également contenir une clause de sortie.

Polémique

La conclusion de cet accord entre l'AELE (qui compte la Suisse, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) a été annoncée fin août, en pleine polémique sur les incendies en Amazonie. Les négociations duraient depuis dix ans.

Contacté par Keystone-ATS, le Département fédéral de l'économie (DEFR) précise que l'accord de libre-échange fait actuellement l'objet d'une révision juridique. La durée de ce processus est ouverte. L'accord devrait toutefois probablement être signé début 2020.

Le Parlement devra ensuite ratifier le texte. Le DEFR vise une entrée en vigueur pour 2021. Les Verts ont décidé en août déjà de lancer un référendum si l'accord n'intègre pas de nouvelle règle contraignante pour protéger climat, environnement et droits humains. Le PS leur a promis son soutien.

Accord avec l'UE aussi

Ce traité commercial est intervenu un peu plus d'un mois après la conclusion d'un autre accord de libre-échange entre le bloc sud-américain et l'Union européenne. L'accord, un des plus vastes jamais conclus par Bruxelles avec plus de 770 millions de consommateurs et 18'000 milliards d'euros de PIB, doit également être ratifié par les Etats membres de l'UE.

Le texte est critiqué par plusieurs Etats, dont la France et l'Autriche, en raison notamment de doutes sur les engagements du Brésil en faveur du climat.

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ATS