Atteinte à la personnalité Affaire Broulis-Tamedia: l'éditeur zurichois fait appel du jugement

nt, ats

22.2.2025 - 13:48

L'affaire Pascal Broulis-Tamedia se poursuivra devant le Tribunal cantonal vaudois. L'éditeur zurichois a décidé de faire appel du jugement du tribunal civil qui a partiellement donné raison au sénateur et ancien conseiller d'Etat vaudois.

La justice lausannoise a donné raison à Pascal Broulis (archives).
La justice lausannoise a donné raison à Pascal Broulis (archives).
sda

Keystone-SDA, nt, ats

Publiée samedi dans les journaux de Tamedia, la décision de faire appel a été confirmée à Keystone-ATS par l'avocat de l'éditeur, Kevin Guillet. Selon ce dernier, cette condamnation constitue une «grave atteinte à la liberté de la presse».

«La couverture critique des hommes et femmes politiques fait partie de la mission principale des médias dans une démocratie. Si des questions critiques ou le choix d’interlocuteurs peuvent déjà être considérés comme illégaux, alors le travail journalistique indépendant est dangereusement entravé», relève pour sa part la rédactrice en chef du Tages-Anzeiger, Raphaela Birrer, citée dans plusieurs médias du groupe,

Atteinte à la personnalité

Le Tribunal civil d'arrondissement de Lausanne, dont le jugement a été rendu public jeudi, a jugé que cinq articles sur les neuf publiés en 2018 par le Tages-Anzeiger ont porté atteinte à la personnalité de l'ex-ministre vaudois, désormais conseiller aux Etats. Publiés entre février et novembre 2018, ils laissaient notamment entendre que le ministre des finances avait accordé des faveurs fiscales à un proche ainsi qu'à sa collègue de parti Isabelle Moret.

Les articles publiés dans le Tages-Anzeiger, mais aussi dans d'autres titres de Tamedia, évoquaient également les voyages en Russie de Pascal Broulis ou la scolarisation de son fils à Lausanne, pour lequel le journaliste sous-entendait un traitement de faveur. Ce dernier a aussi été condamné pour des propos qu'il a tenus dans l'émission «Infrarouge» de la RTS en septembre 2018, considérés eux aussi comme attentatoires à la personnalité de Pascal Broulis.

Si le défenseur de l'ancien ministre s'est réjoui jeudi d'une «victoire», l'avocat de Tamedia a lui relativisé ce jugement, estimant que Pascal Broulis «était loin d'avoir obtenu une victoire». Il a souligné que quatre articles avaient été jugés «non problématiques» et que les frais judiciaires devaient être partagés.

En première page

Maison mère de Tamedia, TX Group a été condamnée à publier en première page des quotidiens concernés les considérants du jugement. Le Tribunal a aussi ordonné d'effacer ces articles des archives internet et de les déférencer des moteurs de recherche Google et Yahoo.

Le groupe de presse zurichois et l'auteur des articles, qui ne travaille actuellement plus pour Tamedia, doivent également verser un franc symbolique à Pascal Broulis à titre de réparation pour tort moral.

Pour mémoire, l'ancien grand argentier vaudois avait intenté une action civile en 2019, s'estimant victime d'une campagne de dénigrement du Tages-Anzeiger. Une longue procédure avait suivi, marquée notamment par de vaines tentatives de conciliation. Devenu inévitable, le procès s'était déroulé en mai dernier.