Double nationalité Anu Sivaganesan: «un passeport me suffit»

Valerie Zaslawski

18.12.2018

Pour Anu Sivaganesan, acquérir la nationalité suisse contribue à se «forger une identité», alors qu’elle a renoncé à la nationalité sri lankaise il y a quelques années.
Pour Anu Sivaganesan, acquérir la nationalité suisse contribue à se «forger une identité», alors qu’elle a renoncé à la nationalité sri lankaise il y a quelques années.
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Originaire du Sri Lanka, Anu Sivaganesan est arrivée en Suisse à l‘âge de douze ans. Entre-temps, elle est devenue une Suissesse convaincue et a rendu son ancien passeport.

Bien qu’étant une «athée convaincue», Anu Sivaganesan, 31 ans, nous explique sur la base de la vertu cardinale de la tempérance pourquoi elle a volontairement renoncé à la double nationalité suisse et sri lankaise: «Il faut se contenter de ce que l’on a – un passeport me suffit», dit la jeune femme, ajoutant qu’il y a de toute façon assez de «personnes apatrides et sans papier» dans ce monde. Anu Sivaganesan a opté pour le passeport rouge; depuis 2009, c’est une citoyenne suisse. Elle est arrivée en Suisse avec sa mère à l’âge de douze ans dans le cadre d’un «rapprochement familial classique». Son père et son frère sont arrivés au début des années 90 en raison de la situation politique au Sri Lanka. Anu Sivaganesan n’a jamais eu le mal du pays.

«Mais aller à l’école en Suisse a été un défi au début», poursuit-elle. En effet, «du jour au lendemain, je n’étais plus la première de ma classe». Aujourd’hui, la jeune avocate est heureuse d’avoir pu atteindre ses objectifs scolaires en Suisse. Elle rédige actuellement sa thèse, une comparaison des mesures prises contre le mariage forcé dans six pays, y compris au Sri Lanka. Le mariage forcé est un sujet qui lui tient à cœur depuis longtemps. Elle a découvert très tôt sa passion pour les droits humains, dit-elle. Aujourd’hui, elle dirige bénévolement le Service contre les mariages forcés, reconnu comme centre de compétence de la Confédération.

Dans ce contexte, elle considère la double citoyenneté comme un problème: s’il y a enlèvement par la famille à l’étranger, la protection consulaire du pays de résidence ne s’applique pas parce que la personne se trouve dans son pays d’origine. Le Service contre les mariages forcés conseille donc aux personnes ayant la double nationalité de ne conserver que la nationalité suisse. Pour Anu Sivaganesan, la double nationalité est également un «défi du point de vue constitutionnel».

Pour la jeune femme, acquérir la nationalité suisse contribue à se «forger une identité». Elle a pris son envol en Suisse, elle participe à la vie du pays et a le droit de vote, poursuit-elle presque euphorique. «Je suis pleinement impliquée!» Elle continue à suivre de loin la situation dans son pays d’origine à travers la presse. Retourner au Sri Lanka n’a jamais été une option pour elle. Elle ne veut pas non plus s’impliquer politiquement, mais aussi pour des raisons de temps.

Naturellement, ses origines sri lankaises sont toujours présentes et la conduisent à confronter identité et patrie. Sivaganesan estime que trop d’identité peut être préjudiciable, par exemple lorsqu’un patriotisme exacerbé constitue un facteur d’exclusion. A l’inverse, trop peu d’identité empêche l’intégration. Dans son cas, la jeune femme s’est identifiée, intégrée, puis a fini par demander la naturalisation. Pour elle, la naturalisation est le «couronnement de l’intégration».

Ses parents, tous deux hindous, perpétuent les traditions sri lankaises. Cela n’empêche pas les Sivaganesan de fêter Noël comme il se doit. «J’adore le côté kitsch de Noël qui apporte de la lumière dans les ténèbres de l’hiver.»

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