Birmanie Berne veut des «mesures concrètes» du Conseil de sécurité

sn, ats

11.3.2021 - 18:37

La Suisse demande «des mesures concrètes» sur la Birmanie au Conseil de sécurité de l'ONU. Jeudi à Genève, la junte a elle estimé avoir fait preuve de «la plus grande retenue» contre les manifestants. Un expert onusien l'accuse de probables crimes contre l'humanité.

Les militaires affirment avoir fait preuve de retenue contre les manifestants en Birmanie.
Les militaires affirment avoir fait preuve de retenue contre les manifestants en Birmanie.
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

«Les autorités ont fait attention à maintenir l'ordre», a affirmé devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU le représentant birman. «Des protestations violentes et des émeutes ont provoqué des perturbations à l'ordre public et à l'Etat de droit», a-t-il ajouté.

De son côté, le rapporteur spécial de l'ONU sur la Birmanie Thomas Andrews, qui ne s'exprime pas au nom de l'organisation, a estimé que les militaires sont «probablement» responsables actuellement de crimes contre l'humanité. Il a mentionné des meurtres, des disparitions forcées, des persécutions, de la torture ou encore les nombreuses détentions.

Avant M. Andrews, l'ONU elle-même avait déjà mentionné de possibles crimes contre l'humanité. Samedi dernier, son émissaire sur la Birmanie, la Zurichoise Christine Schraner Burgener, avait estimé sur les réseaux sociaux que le recours à la force contre des manifestants pacifiques «peut équivaloir à des violations graves des droits de l'homme ou des crimes contre l'humanité».

Appel à l'apaisement par Pékin

Etabli à Genève, le Mécanisme international indépendant de suivi sur la Birmanie rassemble des preuves pour faciliter des poursuites criminelles contre les dirigeants. Et mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait de son côté condamné formellement les violences contre les protestataires.

Mais cette attitude ne suffit pas, selon M. Andrews qui affirme que les actes des militaires ont été perpétrés de manière organisée et demandent une réponse de la communauté internationale. Il appelle notamment à des sanctions internationales ciblées et un embargo mondial sur les armes contre la Birmanie. Or, les oppositions de la Chine et de la Russie rendent impossible l'approbation de ces dispositifs.

Jeudi, devant le Conseil des droits de l'homme, Pékin a remis en cause l'"objectivité» de M. Andrews. Mais elle a aussi semblé vouloir apaiser la situation, appelant à «arrêter le bain de sang et le conflit» et souhaitant un dialogue entre les parties.

Plusieurs dizaines de manifestants tués

De son côté, la Suisse a dit soutenir les appels du rapporteur spécial auprès du Conseil de sécurité, sans préciser si elle approuve leur contenu. Elle est inquiète de «la répression violente menée ces derniers jours» et de l'"usage illégal de la force» contre les manifestants pacifiques, a affirmé le numéro deux de la mission suisse à l'ONU à Genève, l'ambassadeur Félix Baumann.

La Suisse a aussi dénoncé des violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle a appelé à nouveau au rétablissement des autorités civiles élues et à la «libération sans conditions» des détenus arbitraires.

Depuis début février, plus de 60 manifestants ont été tués par les forces de sécurité. Plusieurs milliers de personnes, dont la cheffe du gouvernement élu Aung San Suu Kyi et le président Win Myint, ont été arrêtées.