Suisse Campagne contre la violence sexualisée visant les femmes

cc, ats

24.11.2021 - 10:00

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Une femme sur deux subit des violences sexualisées en Suisse, avec souvent des conséquences à long terme. Une campagne débute jeudi pour informer et sensibiliser le public sur ce phénomène, encore souvent considéré comme «normal».

"Le harcèlement verbal et d'autres comportements qui objectivent les femmes servent de terrain fertile à des agressions plus importantes et sont pourtant généralement acceptés comme étant 'normaux'", relève l'organisation féministe pour la paix.
"Le harcèlement verbal et d'autres comportements qui objectivent les femmes servent de terrain fertile à des agressions plus importantes et sont pourtant généralement acceptés comme étant 'normaux'", relève l'organisation féministe pour la paix.
ATS

Jusqu'au 10 décembre, plus de 150 organisations partenaires organiseront des manifestations pour attirer l'attention sur ce problème, sous la coordination de l'organisation féministe pour la paix, indique mercredi cette dernière.

Une étude de gfs.berne datant de 2019 indique qu'au moins une femme sur deux en Suisse est concernée par la violence sexualisée, des chiffres qui correspondent «à des dimensions épidémiques», souligne le communiqué.

«Le harcèlement verbal et d'autres comportements qui objectivent les femmes servent de terrain fertile à des agressions plus importantes et sont pourtant généralement acceptés comme étant ‹normaux›. C'est justement là que se situe le problème», explique Anna-Béatrice Schmaltz, responsable de la campagne.

Très peu de condamnations

La violence sexualisée, qui va des attouchements non désirés au viol, est commise dans toutes les couches sociales et les lieux les plus divers: à la maison, dans les relations de couple, au sein des familles, sur le lieu de travail, à l'école ou en formation, dans l'espace public et sur Internet.

En 2020, 713 viols et 683 cas de contrainte sexuelle ont été dénoncés en Suisse, mais le nombre de cas non recensés est bien plus élevé. Seule environ la moitié des victimes en parlent et seules 8% des agressions sont dénoncées. Enfin, rares sont les cas qui aboutissent à une condamnation.

«La violence sexualisée doit enfin être prise au sérieux», dit Mme Schmaltz. «Il faut notamment davantage de mesures de prévention et un soutien adéquat pour les personnes concernées».

Ces dernières sont encore souvent accusées de complicité. Il est ainsi souvent supposé à tort qu'un certain comportement ou une tenue vestimentaire peuvent provoquer un viol.

Adapter le droit pénal

Le droit pénal relatif aux infractions sexuelles doit être adapté de toute urgence, poursuit Anna-Béatrice Schmaltz. Actuellement, les éléments constitutifs d'un viol ne sont réunis que lorsque la violence a été utilisée et que la victime s'est défendue.

Or cela ne rend pas justice aux caractéristiques de la violence sexualisée. Car le simple fait de porter atteinte à l'autodétermination sexuelle d'un individu équivaut déjà à de la violence. «Il est grand temps que le principe consensuel 'seul un oui veut dire oui» soit appliqué au niveau de la loi et de la société'".

Plus de 130 événements et actions

Plus de 130 événements et actions - tables rondes, lectures, projections de films, actions de rue, éclairage orange de bâtiments, etc. - sont prévus en Suisse et au Lichtenstein. Ils débutent jeudi par un lancement sur la place de la gare à Berne.

A Genève, le Collectif de la grève féministe appelle à un rassemblement au centre-ville à 17h30. Une conférence suivie d'une table ronde sur la question du consentement est organisée en parallèle par l'Association Viol-Secours et le Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences.

Atelier «linge sale»

Dans le canton de Vaud, une marche nocturne est prévue à Lausanne, qui partira à 18h30 de la place de la Riponne. A Morges, des témoignages de victimes seront partagés lors d'un atelier «linge sale» dans un stand tenu de 16h00 à 20h00 à la Grande-Rue. Une «balade autour du harcèlement de rue» aura lieu à 18h30. A Yverdon, un rassemblement est prévu sur la place Pestalozzi à 18h00.

A Fribourg, une collecte solidaire est organisée en faveur d'organisations de soutien aux femmes et une mobilisation entre 17h00 et 21h00 jeudi sur la «place Georgette-Pythone» intitulée «Mettons le feu au patriarcat».

Neuchâtel prévoit des actions de prévention dans certaines classes et des conférences. Dimanche dès 09h15, le cinéma ABC de La Chaux-de-Fonds projettera le court-métrage «Joli jardin» et le documentaire belge «#sale Pute», suivis d'une table ronde avec la conseillère d'Etat Florence Nater. Une marche aux lampions aura lieu samedi à 17h00 à Neuchâtel.

Bâtiments éclairés en orange

En Valais, des soirées cinéma sur le thème des violences sexuelles sont aussi organisées dans trois villes. Le film «Alles ist gut» d'Eva Trobisch à Brigue et le documentaire «Sans frapper» d’Alexe Poukine seront présentés à Monthey et Sion, suivis d'informations sur la prévention.

Par ailleurs, le collectif Femmes Valais présente jusqu'au 5 décembre «Violence: des mythes à la réalité», exposition autour de la BD «Le Seuil» de Fanny Vella, à la librairie la Liseuse à Sion.