Cassis préside l'assemblée «Il est temps que le Conseil de sécurité saisisse ses responsabilités»

sn, ats

3.5.2023 - 16:50

La Suisse demande au Conseil de sécurité de l'ONU de saisir ses responsabilités face aux multiples crises. En présidant pour la première fois l'organe, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a appelé mercredi à New York à «restaurer la confiance» pour une paix durable.

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Ces dernières années, le Conseil de sécurité a été largement bloqué par les divisions des grandes puissances. Pendant son mois de présidence, la Suisse souhaite oeuvrer à son efficacité.

Lors d'un débat ouvert sur les efforts pour une paix durable, le chef de la diplomatie suisse a admis que les «frustrations» et les «mutations» n'ont pas été suffisamment considérées. Face aux conflits, «le véritable échec serait de ne rien faire», a-t-il dit.

«Il est temps que le Conseil de sécurité saisisse ses responsabilités et réfléchisse à son potentiel» face aux crises. Sans nommer l'offensive russe en Ukraine, le conseiller fédéral a estimé que «les injustices et les violations» de la Charte de l'ONU «ne justifient pas le retranchement de chacun derrière ses positions». Et de souhaiter que les membres «repensent le système ensemble».

Parmi les premiers chantiers, il faut «restaurer la confiance» pour favoriser une paix durable. Selon M. Cassis, cette étape passe par un cadre commun établi sur les droits humains et le droit international. Une paix dans le conflit ukrainien dépend de l'application de ces règles décidées par la communauté internationale, a-t-il dit devant la presse.

Diplomatie scientifique en outil

Alors que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres doit dévoiler un Nouvel Agenda pour la paix, le Conseil doit réfléchir à une «architecture de paix plus large», a ajouté dans son discours le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Les dirigeants que les populations considèrent comme légitimes doivent être associés et les différences honorées.

M. Cassis a aussi, sans le nommer, cherché à valoriser l'Anticipateur de Genève sur la diplomatie scientifique (GESDA). La science et les nouvelles technologies doivent être utilisées pour comprendre les menaces d'aujourd'hui et les possibilités à l'avenir. «Nous devons répondre aux défis du XXIe siècle avec des solutions du XXIe siècle», affirme aussi le chef de la diplomatie suisse.

La Suisse a souhaité rendre la Genève internationale présente tout au long de sa présidence à New York. Outre cet appel sur la diplomatie scientifique, le conseiller fédéral avait invité le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk à s'exprimer. La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric participera elle dans quelques semaines à une autre discussion au Conseil.

Les droits humains contre les inégalités

Dans son discours, le Haut commissaire a estimé que les droits humains constituaient la meilleure réponse aux inégalités, aux griefs et à l'exclusion qui alimentent les conflits. «La confiance est au centre des relations pacifiques entre les êtres humains» et permet d'empêcher les guerres, dit-il encore.

Lorsqu'un conflit n'a pu être évité, la situation des droits humains offre un outil pour évaluer son impact sur les civils. M. Türk a condamné les violations de la proportionnalité et les attaques indiscriminées au Soudan aussi bien par l'armée que par les paramilitaires.

Les droits humains, la lutte contre l'impunité et la participation de la population doivent permettre de sortir de ces violences, selon lui. Il en fait plus largement une condition pour une paix durable.

Collaboration avec l'OSCE

Maniant avec fermeté le marteau, M. Cassis a piloté la première réunion de l'organe onusien sous présidence suisse. Jeudi, il doit diriger un dialogue sur la collaboration entre le Conseil de sécurité et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Dans trois semaines, il sera suivi par le président de la Confédération Alain Berset et la ministre de la défense Viola Amherd. Tous deux dirigeront à leur tour des réunions en lien avec la protection des populations civiles, au centre de la présidence suisse du Conseil, et du maintien de la paix.

La Suisse pilote l'organe après la présidence controversée de la Russie, accusée par des dizaines d'acteurs, dont Berne, de «désinformation» sur les déportations d'enfants ukrainiens. Au nom du Conseil, le chef de la diplomatie a malgré tout remercié Moscou et son ambassadeur Vassili Nebezia pour leurs efforts.