Départ d'Amherd La presse réagit: «Ministre en téflon», «Victoire pour l'UDC», «Elle en a assez»

ch, ats

15.1.2025 - 19:46

Voici les commentaires de la presse suisse à propos du retrait de Viola Amherd du Conseil fédéral.

La presse réagit déjà à l'annonce du départ de Viola Amherd.
La presse réagit déjà à l'annonce du départ de Viola Amherd.
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Keystone-SDA, ch, ats

24 Heures/Tribune de Genève: Viola Amherd aura marqué le Département de la défense «comme aucun des hommes qui l'ont précédée», estiment les deux titres du groupe Tamedia. Parmi ses succès: convaincre les Suisses d'acheter un nouvel avion de combat.

La Haut-Valaisanne a aussi «verdi l'armée en la rendant plus écolo, et rosi en faisant de la promotion des femmes une priorité». Aidé par le contexte international, elle a aussi redonné des moyens à l'armée, ce qui lui a valu des critiques aussi bien de la gauche que de la droite, rappellent les deux titres. Et d'ajouter que les critiques glissent sur cette ministre «en téflon».

Voyant l'OTAN comme un partenaire, elle a «repoussé d'un cran la sacro-sainte neutralité», organisé un sommet sur la paix en Ukraine au Bürgenstock et tout fait pour accueillir Ursula von der Leyen au moment de solder la fin des négociations avec l'UE, listent encore les deux quotidiens. Et de conclure: «En à peine six ans, Viola Amherd aura su insuffler une vision de la Suisse qui s'inscrit bien au-delà de ses montagnes».

Le Nouvelliste / Le Journal du Jura / ArcInfo: A 62 ans, la Haut-Valaisanne s’en va au moment le plus ingrat pour elle, alors que les reproches répétés – et souvent justifiés – adressés au Département de la défense viennent presque éclipser ses réussites, relèvent le quotidien valaisan et les journaux de ESH Médias.

La première femme à avoir dirigé l’armée suisse est pourtant parvenue à sortir la Grande muette de sa torpeur, écrit le Nouvelliste. Si l’agression russe de l’Ukraine a fait l’effet d’un électrochoc pour toute l’Europe, la centriste a su convaincre qu’il fallait réinvestir comme jamais depuis la fin de la guerre froide.

Elle a également fait preuve de courage en faisant sauter le tabou de l’omniprésence de la discrimination et la violence sexualisée au sein des troupes. Mais son manque d’ambition, en laissant passer sa chance de prendre la tête du Département mammouth de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, est coupable, conclut le journal.

Le Quotidien Jurassien: Cette reddition coïncide avec la présentation hier d'une réforme de l'armée qui vise à engager davantage de femmes pour étoffer l'effectif des troupes. Tout un symbole, écrit le Quotidien Jurassien. La cheffe de l'armée a transpiré sous la tenue de combat, ajoute le journal. Face aux antimilitaristes, elle devait expliquer que le pays a besoin d'une armée crédible. Pour l'heure, les grandes manoeuvres commencent, au sein du centre évidemment. Mais pas que. On entend remuer des casseroles au loin. Serait-ce dans la cuisine libérale-radicale, se demande le quotidien.

Le Temps: Beaucoup moins à l’aise que sa prédécesseure sur l’échiquier des grands stratèges de la Coupole, Viola Amherd a préféré s’agripper à ce qui était au départ une punition, le Département de la défense, plutôt que d’oser bousculer la cour des grands, explique le Temps. Ce qu’elle aurait pourtant pu essayer de faire fin 2022, lorsque Simonetta Sommaruga a quitté le prestigieux Département des transports et de l’environnement. «Sa famille partisane ne lui a jamais pardonné cette faiblesse coupable, caractéristique d’un manque d’appétit politique».

La Liberté: La démission de Viola Amherd est «stupéfiante» et donne l'impression que l'UDC vient de «remporter une éclatante victoire» en la poussant vers la sortie. Le PLR aurait tout intérêt à ce qu'Ignazio Cassis quitte le gouvernement en même temps que la Haut-Valaisanne, selon le quotidien fribourgeois.

Viola Amherd a su mener ses affaires avec plus ou moins de doigté, «sans faire des étincelles», écrit encore le journal fribourgeois. Et de relever que son plus grand succès est sans conteste l'acceptation en votation populaire de l'achat de nouveaux avions de combat.

Si Gerhard Pfister, président démissionnaire du Centre, est «dans les starting-blocks» pour succéder à Viola Amherd, La Liberté estime que la candidature de la Fribourgeoise Isabelle Chassot n'est pas enterrée, même si celle-ci a affirmé n'être pas candidate.

Le PLR aurait tout intérêt à ce qu'Ignazio Cassis parte en même temps que Viola Amherd afin de «boulonner son deuxième siège branlant» au Conseil fédéral. Or un double départ «ouvrirait le champ des possibles», estime le quotidien.

Ce qu'on en dit outre-Sarine

Blick: Viola Amherd n'a pas seulement dû écouter les critiques de l'UDC: la Délégation des finances du Parlement a énuméré (...) pas moins de sept projets pour lesquels elle a constaté des problèmes et des risques importants (...).

La ministre de la défense a déjà hérité de nombreux problèmes de ses prédécesseurs, issus des rangs de l'UDC. Mais: elle non plus n'a pas réussi à maîtriser la situation.

Les critiques lui reprochent d'avoir préféré, au lieu de résoudre les problèmes dans son propre département, aller serrer la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou du président ukrainien Volodimir Zelenski et parallèlement de rapprocher davantage l'armée suisse de l'OTAN.

Le Parlement reconnaît que de nombreux chantiers urgents sont à mener au sein de l'armée et du DDPS. Cela ne concerne pas seulement les projets d'armement qui traînent. Le service de renseignement se fait lui aussi régulièrement remarquer de manière négative. La nomination du responsable du nouveau Secrétariat d'Etat à la sécurité a par exemple pris des mois....»

Neue Zürcher Zeitung: au vu de la situation géopolitique, Viola Amherd aurait pu jouer un rôle-clé en tant que ministre de la Défense. Après tout, l'armée est confrontée au plus grand défi depuis la guerre froide. Mais cela s'avère être un tour de force dans une période où les déficits structurels menacent. La question du financement fragmente le camp bourgeois jusqu'au Conseil fédéral. Il aurait donc fallu une direction forte avec un plan clair qui parvienne à créer des majorités. Viola Amherd n'y est pas parvenue.

Au lieu de cela, les malentendus, les faillites, les malheurs et les pannes au sein du Département de la défense n'ont cessé d'apparaître pendant l'année 2024, alors que sa cheffe faisait le tour du monde.

Watson: le départ de Viola Amherd si peu de temps après la fin de son année présidentielle laisse planer un soupçon: elle en a assez. Assez des couacs au DDPS, assez des querelles avec Karin Keller-Sutter à propos du budget militaire, assez des gémissements des bourgeois à propos du prétendu manque de stratégie pour le réarmement de l'armée.»

Tages-Anzeiger: Les cas exceptionnels. Ils ont marqué – voire dominé – le temps de Viola Amherd en tant que ministre de la Défense. La première exception, c'était elle-même. Lorsque Viola Amherd a été élue au Conseil fédéral en 2018, elle a été la première femme à prendre en charge le ministère de la Défense, mettant fin à une longue période de domination de l'UDC.

D'autres premières ont suivi, pas toutes réjouissantes: Viola Amherd a dû mobiliser l'armée lors de la pandémie pour la plus grande intervention depuis la Seconde Guerre mondiale. L'invasion russe en Ukraine a ensuite marqué un tournant. Sous la conseillère fédérale du Centre, cette guerre a fait augmenter le budget de l'armée comme jamais depuis des décennies. Dernier cas d'exception: rares sont ceux qui ont annoncé leur départ du Conseil fédéral de manière aussi peu prétentieuse et spectaculaire.

Viola Amherd: femme imperturbable à la défense malgré les critiques

Viola Amherd: femme imperturbable à la défense malgré les critiques

Viola Amherd, la première femme à avoir dirigé le Département fédéral de la défense, tire sa révérence. Après avoir signé un grand succès dès son entrée en fonction sur les avions de combat F-35A, les critiques se sont enchaînées. Malgré les problèmes, elle a su garder son sang-froid. Son année présidentielle en 2024 a été couronnée par la fin des négociations avec l'UE.

15.01.2025