Expérimentation animale Le débat est lancé au National

vf, ats

10.3.2021 - 06:01

Keystone-SDA, vf, ats

Le Conseil national se prononce ce mercredi sur l'interdiction de l'expérimentation animale. Mais il y a peu de chances qu'il soutienne l'initiative populaire en ce sens. La gauche et le PVL souhaitent lui opposer un contre-projet.

L'initiative «Oui à l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès» précise que l'expérimentation animale est considérée comme un mauvais traitement infligé aux animaux et peut constituer un crime.

Lancé en 2017 par des citoyens saint-gallois, le texte propose de remplacer la pratique actuelle par des méthodes alternatives plus éthiques. L'initiative prévoit aussi d'interdire le commerce, l'importation et l'exportation de produits faisant directement ou indirectement l'objet d'expérimentation sur des animaux.

Conseil fédéral contre

Le Conseil fédéral recommande le rejet du texte. L'initiative va trop loin: elle aurait des répercussions négatives sur la santé, la recherche et l'économie. L'interdiction d'importation rendrait très précaire l'approvisionnement en médicaments, vaccins, produits phytosanitaires ou chimiques et compléments alimentaires.

Les initiants lors de la remise du texte contre l'expérimentation animale à Berne (archives).
Les initiants lors de la remise du texte contre l'expérimentation animale à Berne (archives).
ATS

Le droit en vigueur est selon lui assez sévère pour protéger l'animal. Depuis 2018, un centre de compétence a été créé avec les hautes écoles et l'industrie pharmaceutique pour promouvoir les méthodes de substitution à l’expérimentation animale selon les principes 3R (Replace, Reduce, Refine).

Un contre-projet?

Si la tendance est au rejet du texte, les parlementaires n'en devraient pas moins étudier mercredi la possibilité d'un contre-projet.

La gauche, soutenue par des élus vert'libéraux, veut renvoyer le paquet à la commission afin qu'elle élabore un contre-projet indirect, soit au niveau de la loi. Une autre proposition de contre-projet direct (modification de la Constitution) est soutenue par la gauche seule.

Les deux exigent une stratégie contraignante d'abandon de la recherche basée sur l'expérimentation animale, allant dans le sens de l'initiative. En commission, ces propositions ont été rejetées respectivement par 13 voix contre 10 et 1 abstention, et 15 voix contre 9. La commission recommande en outre à l'unanimité de rejeter l'initiative.

En baisse

Le nombre d'expérimentations animales baisse régulièrement en Suisse. Elles s'élevaient encore à deux millions en 1983, mais plus qu'à 586'000 en 2018. Depuis 2009, le nombre des essais a diminué de 17%, selon le message du Conseil fédéral.

L'initiative citoyenne est soutenue par quelque 80 organisations et entreprises. La Protection suisse des Animaux (PSA) n'en fait pas partie. Parmi les personnalités qui l'appuient figurent des membres du PS et des Verts et des partisans de la cause animale.

Le thème n'est pas nouveau: le peuple a déjà rejeté trois initiatives populaires sur l'expérimentation animale en 1985, 1992 et 1993.