Trafic de drogue Deal de rue au Grand Conseil vaudois

ATS

8.10.2019 - 17:14

Après le coup de gueule de Fernand Melgar, la police de Lausanne avait adapté son dispositif sur le terrain (archives).
Après le coup de gueule de Fernand Melgar, la police de Lausanne avait adapté son dispositif sur le terrain (archives).
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le Grand Conseil vaudois a longuement débattu mardi de la lutte contre le deal de rue. Il a demandé aux Chambres fédérales de durcir les sanctions pour les trafiquants. Le Conseil d'Etat devrait présenter en 2020 un plan d'action global, basé sur les quatre piliers.

Les députés ont examiné tour à tour une série de quatre propositions parlementaires. Le débat faisait suite au coup de gueule lancé en 2018 par le cinéaste Fernand Melgar, lorsqu'il avait dénoncé le trafic de rue qui sévissait dans son quartier lausannois.

Une initiative signée Grégory Devaud (PLR) demandant une révision de la Loi fédérale sur les stupéfiants (LFStup) a suscité les plus vives discussions. Le député souhaitait que le canton exerce son droit d'initiative cantonale auprès de l'Assemblée fédérale.

Son texte, qui a été voté de justesse, veut faire du deal dans un espace public ou ouvert au public soit considéré comme une circonstance aggravante. Et que l'auteur soit dès lors puni d'une peine privative de liberté, six mois au moins lorsqu'il y a récidive.

En plénum, le débat a donné lieu à un affrontement gauche-droite. La droite – PLR et UDC en tête – l'a finalement emporté d'une voix, grâce au vote du président. Pour cette courte majorité, il convient de durcir le ton face aux délinquants, même si ce n'est pas la seule solution pour lutter contre le trafic de drogue.

Signal fort

«Il faut donner un signal fort aux Chambres fédérales. Aujourd'hui, les peines pécuniaires ne sont pas assez dissuasives», a expliqué Grégory Devaud. Jean-Daniel Carrard (PLR), ancien municipal de police à Yverdon-les-Bains, a rappelé qu"on arrête et on relâche toujours les mêmes. Il faut dire: ça suffit», a-t-il déclaré.

Dans le camp adverse, on estime que le «tout à la répression ne mène à aucun résultat», a relevé Vassilis Venizelos (Verts). Et que le taux plancher de six mois, proposé en cas de récidive, «n'est pas un moyen dissuasif. Toutes les études le montrent. Cela n'a pas d'impact», a renchéri Jessica Jaccoud (PS).

Un marché existe

La conseillère d'Etat Béatrice Métraux a rappelé que le trafic de drogue représente un marché d'environ 80 millions de francs et 14'000 consommateurs sur sol vaudois. «Il y a un marché, une demande qui continuera même si vous mettez les petits dealers en prison», a-t-elle dit, rappelant que les prisons sont déjà pleines à plus de 60% de détenus condamnés pour affaires de stupéfiants.

Les acteurs de la chaîne pénale – police, tribunaux, Parquet – sont «plus que dubitatifs» concernant cette initiative parlementaire, a-t-elle ajouté. Et les mesures mises en place par les communes pour lutter contre le deal de rue commencent à porter leurs fruits.

Les trois autres interventions parlementaires – des motions transformées en postulats moins contraignants – ont abouti à des votes plus consensuels. Il s'agit notamment de renforcer la coordination entre les partenaires politiques et institutionnels et d'étudier la question des interdictions de périmètres et d'une augmentation des places de détention.

Plan d'action

Mme Métraux a annoncé que le Conseil d'Etat allait présenter, vraisemblablement en 2020, un plan d'action global. Quatre départements, dans une approche transversale, y réfléchissent déjà. Leur réflexion est basée sur le principe des quatre piliers: prévention, thérapie, réduction des risques et répression.

L'Ecole des sciences criminelles et la ville de Lausanne sont associées à cette démarche, a-t-elle ajouté. Lausanne a en effet commandé une étude pour mieux connaître la manière dont les villes de Berne et Zurich gèrent la problématique du deal de rue. Une rencontre avec les autorités bernoises est prévue en décembre.

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