VaudDes médecins donnent un carton jaune au système de santé
mabr, ats
29.3.2022 - 17:57
Entre 150 et 200 médecins se sont rassemblés mardi après-midi devant le Grand Conseil vaudois pour dénoncer un rationnement progressif des soins. Ils ont symboliquement remis un carton jaune à sa présidente Laurence Cretegny.
29.03.2022, 17:57
ATS
«La santé en danger», «Le patient en premier», «Des médecins pour demain», ont notamment scandé les manifestants munis de sifflets. La petite foule de blouses blanches, composée en majorité de médecins, a remis un carton jaune symbolique à Laurence Cretegny, présidente du Grand Conseil et première citoyenne du canton.
«Nous voulons vous faire part de notre inquiétude face au manque de relève et au vieillissement de la population, ainsi que de notre souhait de rétablir un dialogue constructif avec les autorités. Il faut un débat public, c'est pressant», a déclaré Marc-Antoine Antille, pédopsychiatre et co-organisateur de la manifestation. «Je vous promets d'essayer», a répondu Laurence Cretegny en recevant l'objet.
Les organisateurs pointent du doigt la direction actuelle du système de santé. «Depuis des années toutes les réformes effectuées ou en discussion ne visent qu'à restreindre ou ralentir l'accès aux soins pour nos patients et conduisent à un rationnement déjà tangible que nous dénonçons et dont nous ne voulons pas être complices», écrivent-ils dans un communiqué.
Déconnexion du terrain
Selon les médecins, les conséquences néfastes de la politique de santé actuelle sont multiples. «L'Etat gère des chiffres et des statistiques, mais pas la réalité du terrain», s'insurge auprès de Keystone-ATS Sandy Estermann, généraliste et co-organisatrice de la manifestation.
Marc-Antoine Antille, également co-président du groupement des pédopsychiatres vaudois, abonde en son sens. «Il est très difficile pour les nouveaux patients d'obtenir un rendez-vous, ce qui va à l’encontre de certaines statistiques selon lesquelles la profession pédopsychiatrique serait surdotée. De plus, il est fréquent de ne pas arriver à hospitaliser rapidement des patients, en situation de crise majeure», témoigne-t-il.
«Dans les cliniques privées, un quota de patients LAMAL a été fixé, alors que leur prise en charge y est moins chère que dans les établissements publics», regrette pour sa part Vincent Bettschart, chirurgien et également co-organisateur de l'événement. «Si l'on vise l'économicité, c'est un non-sens.»
Les médecins se disent particulièrement inquiets du vieillissement de la population et du futur doublement du nombre de seniors. La question de la relève préoccupe également, car la population des médecins est vieillissante. «Un quart a plus de 60 ans et la moitié a plus de 50 ans», détaille Sandy Estermann.
Renouer le dialogue
Les médecins estiment donc qu'il est urgent de renouer le dialogue avec l'Etat. «Nous voulons faire passer le message que nous sommes des partenaires essentiels de la politique de santé et pas des concurrents à écraser», poursuit la généraliste. «Il est urgent de lancer un débat public afin que les citoyens puissent avoir une bonne connaissance des enjeux en la matière.»
L'opération «Carton jaune» se veut apolitique. Elle a été organisée par «un collectif de médecins vaudois de différentes disciplines, exerçant principalement en cabinet». Les organisateurs précisent que la manifestation bénéficie du soutien de la Société vaudoise de médecine et de plusieurs groupements de spécialités.
Les revendications des blouses blanches semblent avoir été entendues par le PLR Vaud. Le parti a déposé une interpellation mardi après-midi demandant notamment «quel dialogue le Conseil d'Etat va initier avec les médecins sur ces interrogations» et «quelles sont les mesures prises pour assurer une formation suffisante de médecins de premier recours», a-t-il annoncé via un communiqué.