Réactions aux mesures Entre déception immense et soutien

hl, ats

19.3.2021 - 19:26

Keystone-SDA, hl, ats

Les réactions sont partagées face à la décision du Conseil fédéral d'assouplir a minima les mesures anti-Covid. D'un côté, économie en tête, c'est la déception, voire l'insurrection à l'UDC, de l'autre, le camp vert et les syndicats saluent la prudence du gouvernement. La plupart, à l'image des cantons, eux aussi déçus de ne pas avoir été suivis, affichent néanmoins leur compréhension.

Le président Guy Parmelin 
Le président Guy Parmelin 
KEYSTONE

Parmi les premiers concernés, les restaurateurs jugent «incompréhensible» et «trop hésitante» l'approche du Conseil fédéral. Gastrosuisse exige «une gestion différente de la pandémie et une adaptation de la stratégie». «La situation actuelle dans les services de soins intensifs ne justifie plus un confinement de la branche», estime Casimir Platzer, président de la faîtière des hôteliers-restaurateurs.

L'organisation dénonce en outre le retard des contributions à fonds perdu, qu'elle juge «tragique». Elle regrette aussi que le Parlement «n'ait pas abouti à une majorité en faveur de la suppression des inégalités de traitement et des injustices» durant la session terminée vendredi.

Ce choix continuera à engendrer des coûts sociaux et économiques croissants, renchérissent les milieux économiques. L'Union suisse des arts et métiers (usam) exige des perspectives, que le Conseil fédéral n'arrive pas à fournir. Les branches touchées par la crise ont «urgemment» besoin d'une levée des restrictions, estime la faîtière des PME vendredi dans un communiqué.

Même si elle comprend en partie la décision du gouvernement, economiesuisse regrette aussi le maintien de l’obligation du télétravail et l’absence d’ouverture des terrasses. «La Suisse paie le prix pour le retard qu’elle a pris dans la mise en place d’une stratégie de dépistage cohérente et dans l’acquisition de vaccins», indique l'organisation faîtière.

«Incohérence incompréhensible»

A l'image de l'UDC, economiesuisse pointe encore «une incohérence incompréhensible» entre la possibilité de se rassembler en plein air et l’interdiction de s’asseoir à une table sur la terrasse d’un restaurant. Elle salue par contre la prolongation des mesures en lien avec les RHT jusqu’à la fin du mois de juin.

L'UDC est la plus remontée. Cette «micro-mesure est une gifle à la figure de la population, des commerçants et des entreprises». Le parti continue d'appeler à l'ouverture immédiate de tous les secteurs et entreprises munis de concepts de protection.

Ces décisions «arbitraires» risquent même d'avoir un effet contraire, craint l'UDC. Ne les jugeant plus crédibles, la population va négliger de plus en plus les mesures de bon sens, ce qui conduira finalement à un nombre croissant d'infections, écrit le parti. Selon lui, «l'approche craintive de la majorité de centre-gauche au Conseil fédéral est inacceptable», d'autant plus qu'elle l'emporte à nouveau sur les cantons.

Compréhension

Les cantons se disent déçus, mais conscients de la difficulté de la situation. Ils font preuve de compréhension et attendent désormais du Conseil fédéral que, lors des prochaines étapes, il tienne compte des progrès de la vaccination et de l’élargissement des tests. Le modèle proposé comportant trois phases et différents indicateurs «va dans ce sens», considère la Conférence des directeurs de la santé (CDS).

Un des plus touchés par le virus, Genève, voit son ministre de la santé «soulagé». Il faut absolument éviter des allers-retours entre les ouvertures et les fermetures, a indiqué à Keystone-ATS Mauro Poggia. Comme beaucoup, il aurait aimé avoir des perspectives à plus court terme: «C'est un peu loin le 14 avril». «Il y a toujours ce que l'on aimerait dire et ce que l'on doit dire».

Dans le même sens, le président de Travail.Suisse relève que «le Conseil fédéral aurait joué sa crédibilité s'il avait opté pour des mesures d'ouverture plus importantes». Compte tenu des chiffres qui sont repartis à la hausse ces derniers jours, il s'agit de rester prudent, affirme Adrian Wüthrich. L'organisation syndicale salue en particulier la prolongation jusqu'au 30 juin de la procédure sommaire pour l’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT).

Une lueur d'espoir

Verts et Vert'libéraux saluent aussi cette prudence. Pas de relâchement prématuré durant la 3e vague, écrit le Parti écologiste dans un tweet. Faute de quoi la fin de la pandémie est renvoyée aux calendes grecques. Pour les Vert'libéraux, le Conseil fédéral fait preuve de fermeté et de responsabilité. Dans la situation actuelle, de nouveaux assouplissements relèveraient d'une «grossière négligence».

Quant au PLR et au Centre, ils focalisent avant tout leur réaction sur la suite, qui passe par un renforcement de la vaccination et des tests. Plus critique, le PLR, qui demande au gouvernement de donner de réelles perspectives à la population et aux entreprises, juge d'autant plus incompréhensible le manque de transparence sur la manière dont les vaccinations doivent être accélérées dans les semaines et les mois à venir.

Plus optimiste, le Centre se félicite néanmoins que la règle des 5 personnes à l'intérieur soit enfin levée et étendue à 10 personnes. «En vue des prochains jours de Pâques, c'est au moins une petite lueur d'espoir», en particulier pour les familles.