Cri d'alarme Extension immédiate du certificat Covid – hôpitaux bientôt saturés

om, ats

29.8.2021 - 14:21

Le président de la commission fédérale pour les vaccinations Christoph Berger réclame une extension immédiate du certificat Covid aux restaurants, cinémas, théâtres et petites manifestations. Les mises en garde contre une surcharge du système de santé se multiplient.

Le président de la commission fédérale pour les vaccinations : Christoph Berger.
Le président de la commission fédérale pour les vaccinations : Christoph Berger.
Keystone

Keystone-SDA, om, ats

Face à la hausse des hospitalisations dues au Covid-19, le CHUV a transféré des patients dans d'autres cantons, a averti la ministre vaudoise de la santé Rebecca Ruiz samedi dans Le Temps. L'objectif est de garder une «marge de manœuvre au niveau des lits de soins intensifs» pour les autres opérations.

Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) «n'a plus les marges d'augmentation de lits en soins intensifs des précédentes phases de la pandémie», explique la conseillère d'Etat socialiste.

Augmenter le nombre de lits disponibles dans les unités d'urgences signifie «puiser dans les équipes qui travaillent au bloc» opératoire pour prendre en charge les patients touchés par le Covid-19, ajoute-t-elle. C'est une décision «lourde de conséquences».

Vers un report des opérations

Elle implique, poursuit la ministre, de reporter des opérations planifiées, «alors même que notre canton n'a toujours pas rattrapé le retard pris lors des vagues précédentes». «Une telle mesure pourrait avoir [...] des conséquences dramatiques, dans des domaines comme l'oncologie par exemple».

«Alors que nous possédons aujourd'hui un vaccin, il ne serait pas acceptable de devoir de nouveau stopper ou réduire notre programme opératoire», poursuit la ministre, soulignant que sur treize patients infectés par le SARS-CoV-2 aux soins intensifs, un seul est vacciné.

Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), «la situation des soins intensifs est préoccupante», déclare le directeur général de la santé du canton de Genève, Adrien Bron, cité samedi dans La Tribune de Genève. «Des reports d'opération devront à nouveau être envisagés».

En Suisse orientale, les hôpitaux de Thurgovie ont annoncé samedi que l'ensemble de ses 22 places de soins intensifs sont occupées, la moitié par des patients atteints du Covid-19. Comme Vaud, la Thurgovie transfère aussi déjà des patients hors du canton.

Pression sur le personnel

Selon l'hôpital de Thurgovie, le problème n'est pas le manque d'équipement ou de lits, mais la pression sur le personnel spécialisé. La prise en charge – complexe – des patients Covid-19 dans les unités de soins intensifs met à rude épreuve l'activité des autres services.

Les responsables des soins appellent avec insistance à la vaccination: leurs hôpitaux n'accueillent presque que des patients Covid-19 non vaccinés, soulignent-ils.

Dans le SonntagsBlick, Urs Karrer, chef infectiologue à l'hôpital cantonal de Winterthour (ZH), déclare que les unités de soins intensifs sont actuellement deux fois plus chargées que lors de la deuxième vague. Au début de la pandémie, seule une personne infectée sur 150 devait être hospitalisée. Avec le variant Delta, c'est une sur 50.

Obligation immédiate

«On doit immédiatement étendre l'obligation du certificat. C'est indispensable, nous ne pouvons plus attendre», lance de son côté dans la SonntagsZeitung le président de la commission fédérale pour les vaccinations Christoph Berger.

Avec un système de santé au bord de la surcharge, il estime que des mesures plus sévères contre la quatrième vague épidémique et une «certaine pression» sur les non vaccinés pour les inciter à se faire vacciner sont nécessaires.

L'obligation du certificat sanitaire pour les professions ayant des contacts sociaux étroits, comme le personnel soignant, les enseignants ou le personnel de restauration, mérite aussi d'être envisagée, ajoute M. Berger. Il rejette toutefois le vaccin obligatoire pour certains groupes: «Ce serait aller trop loin», mais il est justifié de désavantager les non vaccinés, ajoute-t-il.

Nouvelle quarantaine

Dans la NZZ am Sonntag, le ministre de la santé Alain Berset envisage de réintroduire en automne une quarantaine après les voyages. La situation est toutefois difficile à prévoir.

Pour le conseiller fédéral, la vaccination reste le moyen le plus important pour lutter contre la pandémie. M. Berset attend un engagement plus important des cantons à cet égard: «Il y a trop peu de mobiles de vaccination et d'équipes de vaccination dans les cantons. Ils doivent en envoyer beaucoup plus. Nous savons que cela fonctionne très bien.»

«De nombreuses personnes ne sont pas encore vaccinées parce qu'elles trouvent la procédure d'enregistrement trop compliquée, ou parce que le centre de vaccination est trop loin», estime M. Berset. «Mais si elles peuvent tout simplement entrer dans un centre, elles sont tout à fait disposées à se faire vacciner». Tous les non vaccinés ne sont en aucun cas des opposants à la vaccination, selon le Fribourgeois.

A propos des discussions parfois hargneuses pour et contre la vaccination, M. Berset relativise: à force d'en parler, on provoque peut-être aussi cette division entre les uns et les autres.

Pendant ce temps, les opposants aux mesures de lutte contre le coronavirus sont à nouveau descendus dans la rue samedi. Près de 250 personnes ont manifesté à Brigue (VS), 250 à Schaffhouse. Une manifestation a également eu lieu à Bellinzone.