Quand la neige tue Formation d’avalanches: pourquoi sont-elles aussi imprévisibles?

jfk / pab

18.1.2019

Les avalanches sont des événements difficilement prévisibles qui peuvent tuer des gens dans les cas les plus graves (image d'archive).
Les avalanches sont des événements difficilement prévisibles qui peuvent tuer des gens dans les cas les plus graves (image d'archive).
Keystone

Les conditions météorologiques extrêmes ont gagné la Suisse. Dans certaines zones de l’espace alpin, cela fait plusieurs années que le danger d’avalanche n’avait plus été aussi élevé. Certains types d’avalanches sont particulièrement insidieux et rendent toute prévision difficile.

Les habitants des Alpes sont actuellement confrontés à la dureté et aux caprices de l’hiver. Le 10 janvier, une avalanche de 300 mètres de large a frappé la station de Schwägalp, dans le canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures, ensevelissant des véhicules et envahissant le rez-de-chaussée de l’hôtel Säntis. 

Les deux premières semaines de l'année ont été particulièrement meurtrières avec cinq personnes décédées à cause des avalanches. Les deux premières victimes ont été enregistrées le 3 janvier. A Davos (GR), un snowboardeur de 31 ans a perdu la vie, alors qu'au Flumserberg (SG), une coulée a été fatale à un randonneur à ski de 56 ans. Quatre jours plus tard une femme a été emportée par une avalanche près de Silenen (UR).

Le 14 janvier un homme a perdu la vie en Valais. Deux patrouilleurs occupés à des travaux de minage ont été en effet emportés par une avalanche à la mi-journée aux Portes du Soleil. L'un d'eux, un Suisse de 24 ans habitant le Bas-Valais, est décédé.

Une skieuse suédoise de 20 ans a été tuée par une coulée mardi 15 janvier vers 13 heures au-dessus de Haute-Nendaz, toujours en Valais.

Aperçu de l’entrée de l’hôtel Säntis, avec un bus et une voiture ensevelis. Trois personnes ont été légèrement blessées dans l’avalanche de 300 mètres de large qui a frappé la station de Schwägalp (Argovie) dans la nuit du 10 au 11 janvier.
Aperçu de l’entrée de l’hôtel Säntis, avec un bus et une voiture ensevelis. Trois personnes ont été légèrement blessées dans l’avalanche de 300 mètres de large qui a frappé la station de Schwägalp (Argovie) dans la nuit du 10 au 11 janvier.
Bild: Keystone

Plusieurs routes et des lignes de chemin de fer ont été fermées au trafic depuis lundi et au moins jusqu'à mardi, voire ce mercredi, dans les Grisons, le Canton d'Uri et au Valais, régions les plus touchées par les fortes chutes de neige.

En Allemagne et en Autriche, plusieurs skieurs ont perdu la vie dans des avalanches. Le respect de certaines mesures de précaution, le port d’équipements de sécurité et le suivi d’une formation en dégagement des victimes d’avalanche peuvent permettre de réduire ce risque. Les randonneurs à skis ont tout intérêt à se familiariser également avec les comportements à adopter et les procédures à suivre en cas de formation d’avalanches.

Qu’est-ce qui favorise la formation d’avalanches?

Plus la quantité de neige fraîche qui tombe et s’accumule à un endroit déterminé dans un court laps de temps est importante, plus le danger d’avalanche est élevé, écrit sur son site l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches de Davos (SLF). La formation de congères constitue également un facteur de risque. Cette neige dite «soufflée» n’adhère pas bien au sol et peut donc facilement se mettre à glisser. La température et la qualité du sol situé sous le manteau neigeux jouent également un rôle déterminant.



Sur les versants nord, le faible ensoleillement ralentit le compactage de la neige, qui a un effet stabilisateur. Les zones dangereuses le restent donc plus longtemps. Au fur et à mesure que l’hiver avance, ce sont en revanche les versants sud qui deviennent dangereux, car l’augmentation de la chaleur favorise la formation d’avalanches de neige humide.

N’existe-t-il qu’un type d’avalanches?

Non. Les spécialistes de l'Institut de Davos en distinguent plusieurs types. Ainsi, les avalanches de neige meuble surviennent dans les zones de pentes escarpées. Elles se produisent de manière plutôt spontanée et ponctuelle. À l’image d’une boule qui dévale une pente, elles emportent de grandes quantités de neige au cours de leur descente et prennent de l’ampleur. Ces avalanches présentent un risque limité, car elles sont plutôt petites et lentes.

Les avalanches de plaque de neige, en revanche, sont très dangereuses pour les amateurs de sports d’hiver. Dans ce cas, c’est toute une plaque de neige qui se décroche d’une seule pièce et dévale la pente à une vitesse folle. Ces avalanches surviennent lorsque plusieurs couches de neige se superposent. La neige fraîche ne fait qu’accentuer la rupture des fragiles liaisons entre les cristaux de glace. On assiste alors à une propagation avec un effet en cascade. La plaque se disloque en plusieurs morceaux et entraîne dans sa descente les couches de neige supérieures.

Vidéographie sur les avalanches:

Les avalanches de neige humide se déclenchent spontanément, surtout en cas de réchauffement important des températures. L’eau de fonte détruit alors les liaisons entre les cristaux de glace. Les avalanches de neige humide peuvent se présenter sous la forme d’avalanches de neige meuble ou de plaque de neige.

Comme les avalanches de plaque de neige, les avalanches de glissement surviennent sur de longues distances. Cependant, dans ce cas, c’est tout le manteau neigeux qui se décroche d’une seule pièce. Dernier type d’avalanche, les avalanches de poudreuse, au cours desquelles la neige et l’air se mélangent pour former un énorme nuage. Elles peuvent se caractériser par une importante force destructrice et atteindre une vitesse de 300 km/h.



Quel type d’avalanche est le plus dangereux?

Comme le rapporte sur son site l'Institut fédéral pour l’étude de la neige et des avalanches de Davos, 90 pour cent de toutes les victimes d’avalanche trouvent la mort dans une avalanche de plaque de neige. Se déployant sur une largeur d’environ 50 mètres et sur une longueur de 150 à 200 mètres, les avalanches de plaque de neige, typiquement déclenchées par les skieurs, ne sont pas particulièrement impressionnantes, mais sont très dangereuses, car elles engloutissent les skieurs. Dans le cas d’avalanches de neige meuble, la neige s’écoule en aval de la position du skieur.

Quel est le rôle joué par la pente?

La pente ne doit pas forcément être escarpée pour favoriser la formation d’une avalanche. Des plaques de neige peuvent également se décrocher sur un terrain plus plat. Une pente de 30 degrés ou parfois moins peut suffire. Dans le cas des avalanches de neige meuble avec neige sèche, la pente est généralement de plus de 40 degrés. Les avalanches de plaque de neige, particulièrement dangereuses, se produisent rarement sur des pentes de plus de 50 degrés.

Comment établit-on des prévisions d’avalanches?

Les prévisions intègrent des données d’observation et des modèles informatiques. Cependant, dans les régions plus vastes, prévoir une avalanche relève du défi. Car il n’est pas toujours facile de savoir ce qu’il en est de la vie intérieure d’un manteau neigeux. Et les conditions peuvent se modifier à très petite échelle. L’avalanche en elle-même est un processus chaotique et ne peut faire l’objet que de prévisions limitées.

Quoi qu’il en soit, il est possible de déterminer la probabilité de survenue d’une avalanche au niveau local. Les exploitants de domaines skiables s’appuient sur ces rapports, mis à jour à intervalle rapproché, pour fermer les pistes à risque, le cas échéant.

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