Protection des sols – FR Fribourg passe à la loupe ses sols

ATS

14.5.2019 - 14:43

Le canton de Fribourg a présenté les dernières analyses de ses sols sur le site de l'Institut agricole de l'Etat à Grangeneuve.
Le canton de Fribourg a présenté les dernières analyses de ses sols sur le site de l'Institut agricole de l'Etat à Grangeneuve.
Source: Philippe Lebet – Keystone-ATS

Le canton de Fribourg scrute depuis plus de 30 ans maintenant ses sols à intervalles réguliers. Le travail, dans le contexte du réchauffement climatique, apparaît plus que jamais important pour une ressource limitée et non renouvelable.

«Les études concernant les sols s'intéressent à la couche supérieure ou terre végétale, qui mesure tout au plus 20 ou 30 cm», a indiqué mardi à l'Institut agricole de l'Etat de Fribourg de Grangeneuve son directeur Pascal Toffel. Et de rappeler, pour situer l'enjeu, que pour voir 1 mm se former il fallait compter en moyenne 150 ans.

Le suivi de la couche où peuvent pousser les plantes nécessite le plus grand soin. «Il consiste depuis 1987 à scruter 250 parcelles dans une mission de vulgarisation pour sensibiliser les paysans, assurer leur formation continue et penser aux générations futures», a expliqué Pascal Toffel, en évoquant le Réseau fribourgeois d’observation des sols (FRIBO).

Ce dernier, l'un des plus anciens de Suisse, est complémentaire du NABO (pour Observatoire national des sols), entité gérée par le Centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole (Agroscope), dont l'une des antennes se situe à deux pas de Grangeneuve. Le FRIBO possède une expertise tant pour les sols agricoles qu'urbains.

Observer pour protéger

Le FRIBO a été complété entre 2004 et 2006 avec 53 sites urbains et 14 sites forestiers. Les sols des sites agricoles et urbains sont analysés tous les cinq ans. Le dernier cycle s'est terminé en 2016. «Il s'agit d'observer pour protéger l'environnement», a résumé Christophe Joerin, chef du Service de l'environnement (SEn).

Les résultats des dernières analyses ont été présentés mardi dans la foulée aux agriculteurs, aux jardiniers et aux communes. Ils montrent que la fertilité des sols agricoles est globalement bonne dans tout le canton. Les teneurs en humus ont toutefois nettement baissé dans les sols tourbeux du Seeland.

Dans les alpages, une diminution de la minéralisation du carbone organique et de la biomasse microbienne a été observée et reste jusque-là inexpliquée. «Ce sont là deux paramètres indicateurs de la fertilité des sols», a souligné Clément Levasseur, collaborateur scientifique à Grangeneuve.

Fertilisation excessive

Dans les zones urbaines, la qualité des sols des espaces verts, des places de jeux et des prairies permanentes est bonne, a précisé Thilo Dürr-Auster, collaborateur scientifique au SEn. La situation des jardins familiaux reste en revanche préoccupante, avec des teneurs élevées de phosphore et de potassium, révélateurs d’une surfertilisation.

Cependant, les recommandations émises par le canton semblent être efficaces, a relevé Thilo Dürr-Auster. «On observe une légère baisse du phosphore dans les derniers résultats». Certains jardins présentent aussi des concentrations élevées de métaux lourds, dont les causes peuvent être diverses (cendres et produits phytosanitaires notamment).

Les recommandations pour les locataires des jardins familiaux, et plus généralement pour tous les jardiniers amateurs, demeurent d’actualité. Concernant l'avenir, il y a lieu de s'intéresser à l'impact des micropolluants (pesticides et antibiotiques) et à l'effet sur les sols de machines agricoles toujours plus lourdes, a conclu Clément Levasseur.

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