Accord-cadreI. Cassis dans Le Monde: «la Suisse a simplement renoncé à aller de l’avant»
hl, ats
30.5.2021 - 13:47
30.05.2021, 13:47
30.05.2021, 13:51
ATS
«La Suisse ne fait pas un pas en arrière; elle a simplement renoncé à aller de l’avant», déclare Ignazio Cassis dans la dernière édition du Monde. Dans le quotidien français, le conseiller fédéral explique, dans un langage destiné à des étrangers, les raisons de la rupture des négociations sur l'accord-cadre.
Les désaccords sont peu nombreux, mais majeurs, déclare M. Cassis dans le Monde samedi soir. Un exemple: «quand la Suisse a signé, en 1999, les accords bilatéraux avec l’UE, la notion de libre circulation était un concept économique, relevant du droit du travail. (...) Dès 2005, l’UE a évolué et la libre circulation a embrassé des notions portant sur la citoyenneté européenne».
Ces notions, reprises dans une directive, indiquent que tous les citoyens de l’Union sont égaux en droits dans chacun des Etats membres, y compris en ce qui concerne les droits sociaux. «En tant que pays non-membre, la Suisse ne souhaite pas reprendre ce principe», déclare le conseiller fédéral.
Pas une simple question coût-bénéfice
«Selon nous, accepter de céder sur cette notion élargie de libre circulation et sur la protection de nos salaires aurait mis en jeu la stabilité de notre pays, c’était un prix trop élevé à payer. Mais ce n’est pas une rupture pour autant, car la force du partenariat entre Berne et Bruxelles reste intacte», assure-t-il.
Et M. Cassis de renchérir que «la forme d’intégration qu’on nous proposait avec cet accord-cadre allait trop loin pour ne pas heurter l’identité du pays. Il ne s’agit pas que d’un raisonnement économique ou d’une simple question coût-bénéfice. (...) Nous souhaitons rester sur le concept de liberté de circulation que nous avons signé en 1999».
Renforcer les relations
M. Cassis dresse encore un tableau de la Suisse. «Nous ne sommes pas un pays lointain qui parle une autre langue, avec une culture et des valeurs différentes. Nous sommes au centre d’un espace européen où l’on parle français, allemand et italien, exactement comme chez nous. D’une certaine manière, nous sommes vous, et vous êtes nous».
Et d'ajouter, non sans humour: «Notre force primordiale est la stabilité, pour laquelle la Suisse est d’ailleurs réputée dans le monde entier. Et pour sa lenteur, qui va de pair. La Suisse fait partie d’un espace de valeurs communes qui ne disparaîtra pas parce que l’accord en question n’a pas pu être conclu. Nous souhaitons même le renforcer».