Le 25 janvier 1946, un violent tremblement de terre secoue le Valais. Ressenti partout en Suisse, jusqu'en France et en Italie, le séisme marque les mémoires. Des événements sont prévus en cette année de jubilé, dont un colloque en ligne le 25 janvier.
L'intérieur de l'église de Chippis a été fortement endommagée lors du séisme du 25 janvier 1946 (archives).
Des cheminées et des toits endommagés par le séisme à Sion (archives).
A Sierre, un chantier de construction s'est effondré suite au séisme (archives).
Le tremblement de terre a détruit des écuries, ici au col du Rawil en Valais (archives).
Il a 75 ans, un séisme marquait la mémoire des Valaisans - Gallery
L'intérieur de l'église de Chippis a été fortement endommagée lors du séisme du 25 janvier 1946 (archives).
Des cheminées et des toits endommagés par le séisme à Sion (archives).
A Sierre, un chantier de construction s'est effondré suite au séisme (archives).
Le tremblement de terre a détruit des écuries, ici au col du Rawil en Valais (archives).
«C'était le soir. J'étais avec ma maman, ma grand-maman et ma petite soeur. Nous regardions des photos sur la table de la cuisine quand tout à coup, la lumière s'est éteinte et tout a commencé à trembler dans un bruit sourd. Nous étions épouvantés», raconte à Keystone-ATS Roland Pitteloud.
Alors âgé de six ans, le Valaisan, qui à l'époque habitait Salins non loin de Sion, a été marqué par cette soudaine plongée dans la nuit. «Nous ne savions pas quoi faire. Ma maman est sortie de la maison pour voir ce qui se passait; d'autres habitants étaient sortis dans les rues du village. Les jours suivants, les gens ont encore beaucoup parlé du séisme. Nous les gosses, on a repris rapidement notre vie normale.»
46 répliques dans la nuit
La secousse ébranle le canton le 25 janvier 1946 à 18h32. L'épicentre se situe dans le Valais central. Quarante-six secousses secondaires seront perceptibles jusqu'à 04h15 le lendemain matin.
Le tremblement de terre est ressenti dans toute la Suisse ainsi qu'en France jusqu'à Clermont-Ferrand et Strasbourg, et dans le nord de l'Italie à Turin et Milan. A Sion, le plafond d'un cinéma s'écrase dans la salle, «ce qui n'a pas empêché la représentation d'avoir lieu comme d'habitude», écrit le «Nouvelliste Valaisan».
Une partie de la voute du couvent des Capucins tombe dans la rue, la flèche du clocher de la cathédrale se déplace de 50 centimètres. De nombreux bâtiments sont lézardés, des clochers et des cheminées effondrées, l'électricité et le téléphone sont coupés et une septuagénaire, «prise de panique, est tombée et s'est cassé la jambe».
Morte d'une crise cardiaque
A Sierre, la peur fait sortir la population dans les rues, où des habitants font des feux pour lutter contre le froid. Une femme qui se trouve dans la rue au moment de la première secousse «succomba à une crise cardiaque provoquée par l'émotion», explique la «Feuille d'avis du Valais».
A Chippis(VS), l'intérieur de l'église subit d'importants dégâts. Des éboulements en amont de Sierre coupent la ligne du Simplon. Dans le canton de Vaud, les journaux de l'époque relatent qu'un quai s'est effondré dans le Léman à Villeneuve, que tous les tableaux d'une exposition de peinture sont tombés à Châteaux-d'Oex et qu'à Aigle, le sommet d'un clocher d'église s'est effondré dans la rue.
La Sainte-Vierge retournée
Marion Salamin avait 15 ans et étudiait à l'Ecole normale de Sion ce fameux 25 janvier: «Nous étions une centaine de filles dans la salle d'étude. Je faisais un résumé d'histoire. Soudain, ça a tremblé. Dans le coin de la pièce, une statue de la Sainte Vierge s'est retournée face au mur et les lampes ont commencé à se balancer; nous avions peur», se souvient-elle.
«La directrice qui surveillait l'étude nous a dit 'Personne ne bouge, c'est sûrement une explosion à l'usine à gaz de Chandoline. Puis elle est sortie se renseigner. A son retour, elle nous a annoncé: 'C'était un tremblement de terre. Il y en aura certainement d'autres. Continuez votre travail'.
Le soir, nous avons descendu nos matelas au sous-sol. Avec nos robes de chambre et nos pantoufles, nous étions prêtes à sortir si besoin. Nous n'avions de nouvelles ni de nos familles ni de l'extérieur», raconte-t-elle.
Magnitude difficile à évaluer
A l'époque, l'intensité du séisme est estimée à huit degrés sur l'échelle de Forel-Rossi, tombée en désuétude. Sur l'actuelle échelle d'intensité MSK, ce séisme aurait atteint 7 degrés.
L'échelle de Richter, qui sert à mesurer l'énergie libérée par un séisme et non les effets visibles des secousses, n'était pas connue à l'époque. Depuis, on estime la magnitude du séisme de 1946 à 5,8 sur cette échelle. Selon les spécialistes, un tremblement de terre de cette importance se produit en moyenne une fois par siècle en Suisse.
Colloque scientifique en ligne
Pour les 75 ans du séisme, le Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne (CIRM) de l'Université de Lausanne et une dizaine de partenaires organisent plusieurs événements, dont un colloque en ligne sur inscription le 25 janvier. Parmi les thèmes traités, la surveillance sismique actuelle en Valais, la construction parasismique et la sensibilisation de la population au risque sismique par l'éducation.
Une soirée publique, une exposition itinérante, un jeu de piste et des ateliers sont également prévus, mais la pandémie a bouleversé l'agenda. Ils devraient s'échelonner à partir de mars prochain.
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