Clinique clandestine à Bussigny«Il a agi sans aucun scrupule» - Scandale autour d’un faux médecin
gsi, ats
19.10.2023 - 16:24
Un faux médecin a été condamné jeudi pour avoir administré des produits douteux à ses patients dans une clinique clandestine de Bussigny. Le Tribunal de police de Lausanne lui a infligé une peine de six mois de prison et une amende de 100'000 francs.
Keystone-SDA, gsi, ats
19.10.2023, 16:24
19.10.2023, 16:58
ATS
Ce Britannique de 70 ans a sévi en terre vaudoise entre 2014 et 2015, période durant laquelle il a reçu 63 personnes dans une maison de maître de Bussigny. Aucun Suisse ne figure parmi ses clients, mais des Anglo-Saxons, la plupart frappés par des cancers à des stades avancés. Deux enfants atteints d'autisme sont aussi passés entre ses mains.
Les malades étaient traités avec des produits suspects, censés guérir le cancer et de multiples autres pathologies, mais dont l'efficacité n'a jamais été démontrée. Ces pseudos médicaments contenaient un plasma sanguin destiné à la recherche, mais qui ne devait «surtout pas être injecté à des humains», a relevé le procureur Eric Mermoud.
Ils étaient fabriqués en Angleterre dans un laboratoire appartenant au prévenu. L'hygiène y était défaillante, en témoignent les traces de peau, transpiration et sang retrouvées dans ces produits. Ceux-ci étaient importés en Suisse dans de simples bouteilles thermos, achetées dans le commerce.
Déjà condamné en France et Angleterre
Non content de leur administrer ces produits, principalement par injection, le faux médecin demandait à ses patients de renoncer à toute chimiothérapie. C'est le CHUV, intrigué par le décès de cinq patients passés par Bussigny, qui avait alerté les autorités vaudoises.
«Il a agi sans aucun scrupule, faisant courir des risques inconsidérés à ses clients», a affirmé Eric Mermoud. Alors que le traitement était facturé entre 3000 et 6000 euros par semaine, le procureur a décrit un homme «obsédé» par l'argent qui a mené «grand train de vie sur le dos de ses victimes».
La peine retenue par le Tribunal correspond à celle requise par Eric Mermoud. Elle s'ajoute à celles déjà purgées en Angleterre et en France, où le Britannique a été emprisonné pour des faits similaires.
Jugé par défaut
Le faux médecin n'est pas venu jeudi à Lausanne pour se défendre, lui qui était déjà absent en août pour sa première convocation. Il se trouve actuellement en Angleterre et sa santé ne lui permet pas de se déplacer, a affirmé son avocate Mathilde Bessonnet.
Celle-ci a d'abord demandé que l'affaire soit classée, son client étant atteint dans sa santé «de manière importante et durable». Face au refus du Tribunal, elle a ensuite plaidé l'acquittement.
Me Bessonnet a notamment souligné que le Britannique était «persuadé» que son traitement pouvait sauver des vies. Il faudrait ainsi retenir une infraction sur les produits thérapeutiques «par négligence», pour laquelle il y aurait désormais prescription.
L'affaire s'est, en effet, éternisée. La faute, selon le Ministère public, aux autorités pénales britanniques qui ont tardé à partager leurs informations avec la justice vaudoise.
Possible appel
Le président du Tribunal de police de Lausanne, Pierre Bruttin, n'a toutefois pas suivi l'avocate de la défense. Il a estimé que le prévenu s'était rendu coupable d'infraction qualifiée à la loi sur les produits thérapeutiques et à celle relative à la recherche sur l'être humain.
Outre la peine de prison de six mois et l'amende de 100'000 francs, il doit payer les frais de procédure d'environ 25'000 francs.
En réaction à ce verdict, Me Bessonnet a affirmé qu'elle était «déçue de cette décision» et qu'elle allait «examiner l'opportunité d'un appel».