Inclusion contre répression Roms: un élu vaudois souhaite une nouvelle approche 

sj, ats

19.5.2023 - 10:09

Le député popiste vaudois Marc Vuilleumier souhaite une nouvelle approche à l'encontre des Roms dans les villes du canton. Il demande au gouvernement de développer une politique d'inclusion plutôt que de discrimination et de répression, surtout pour les familles avec enfants. L'élu propose de s'inspirer de l'expérience d'un «village de transition» à Montpellier (F).

Dans le canton de Vaud comme en Suisse, ici à Lausanne, la situation des Roms reste très précaire et leur accès au logement, aux soins, au travail fixe, à l'école très aléatoire, voire impossible (archives).
Dans le canton de Vaud comme en Suisse, ici à Lausanne, la situation des Roms reste très précaire et leur accès au logement, aux soins, au travail fixe, à l'école très aléatoire, voire impossible (archives).
ATS

Keystone-SDA, sj, ats

«L'arrivée des membres du peuple rom dans le canton de Vaud au début des années 2000 a suscité beaucoup de préjugés et des débats animés», explique à Keystone-ATS Marc Vuilleumier. «Plutôt que de toujours les ostraciser et rejeter, essayons une fois quelque chose d'autre pour les insérer d'une manière ou d'une autre», suggère-t-il.

Le député d'Ensemble à Gauche et POP (EP) a récemment déposé au Grand Conseil un postulat qui «demande que l'Etat de Vaud, comme le souhaite d'ailleurs le Conseil de l'Europe, initie un projet pilote d'insertion de la population rom, notamment des familles avec enfants. Cette expérience devrait se réaliser en collaboration avec les communes concernées, les services de l'Etat pouvant apporter leur soutien, et les associations d'entraide», écrit-il.

«Les faire partir, ça ne marche pas»

«Dans nos villes, les Roms s'adonnent à la mendicité, ils ont parfois de petits boulots, certains ont un vrai travail, maraîchage et construction par exemple. Mais leur situation reste très précaire et leur accès au logement, aux soins, au travail fixe, à l'école très aléatoire, voire impossible», relève M. Vuilleumier.

«Le monde politique s'est emparé de la présence des Roms dans nos rues surtout avec une vision répressive: interdiction ou limitation de la mendicité, démantèlement de regroupement, stigmatisation ne reposant souvent sur aucun fait réel», constate le parlementaire. «S'ils ne sont pas populaires et leur présence met mal à l'aise, les faire partir, ça ne marche pas, selon les spécialistes», ajoute-t-il.

Impulsion étatique

«Il serait mieux de développer une politique d'inclusion», plaide l'élu de la gauche radicale. Il prône «une volonté politique forte» qui viendrait renforcer le travail sur le terrain d'associations, comme par exemple Opre Rrom à Lausanne, l'Armée du Salut ainsi que que l'Eglise évangélique réformée et l'Eglise catholique.

L'idée est qu'une impulsion vienne des pouvoirs publics, que le Canton initie financièrement un projet-pilote en collaboration avec les plus grandes villes puis avec ces associations, résume M. Vuilleumier.

Logements modulaires

Dans son postulat, le popiste propose de s'inspirer d'une expérience testée à Montpellier en France. Après avoir évacué et rasé un bidonville habité par des Roms, la Mairie et la Préfecture de l'Hérault l'ont remplacé par un «village de transition» avec 55 logements modulaires, spartiates mais salubres, et la présence d'une équipe socio-éducative et de soutien à l'insertion. Les logements accueillent 160 personnes, dont 70 enfants, depuis avril 2022.

«Cette expérience limitée dans le temps a pour but de favoriser l'accès au logement, à l'emploi, à l'école et aux soins. L'objectif est de les amener à une indépendance financière», indique Marc Vuilleumier. A Montpellier, la durée de l'expérience est de 18 mois et fera l'objet d'une évaluation cet automne.

Accompagné de plus de 20 signatures d'élus de gauche, son postulat a été renvoyé directement en commission pour examen. «J'espère que celle-ci recommandera au plénum d'accepter mon texte et non pas de le classer», dit-il. Le député EP attend du Grand Conseil qu'il aille «au-delà des préjugés» et accepte l'idée de «tenter quelque chose de nouveau et d'innovant» avec la population rom.