La sauvegarde de la biodiversité et la protection du paysage doivent être mieux ancrées dans la constitution. Dénonçant les contradictions du monde politique, quatre organisations environnementales ont lancé mardi deux initiatives populaires.
La nature en Suisse se porte mal. La biodiversité s'éteint dans l'indifférence générale. Les espèces animales et végétales sont en forte diminution. De nombreux biotopes risquent de disparaître. La qualité des paysages s'appauvrit. Les monuments historiques sont négligés. Pro Natura, BirdLife Suisse, Patrimoine Suisse et la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage (FP) tirent la sonnette d'alarme.
Pour ces organisations environnementales, il est grand temps d’envoyer un signal fort pour attirer l’attention du public sur la protection de la nature et du paysage et placer celle-ci au centre de l’agenda politique. Le Parlement a, ces dernières années, affaibli la protection du patrimoine bâti et du paysage, a expliqué Sarah Pearson Perret, secrétaire romande de Pro Natura, devant la presse.
La confiance avec les milieux politiques est rompue. Le bilan environnemental du Parlement actuel est faible. Le dernier mot doit revenir au peuple, selon les initiants.
Les partisans des deux initiatives sur le paysage et la biodiversité ont lancé mardi la récolte des signatures par une action symbolique sur la Place fédérale à Berne.
L'initiative biodiversité veut ancrer une meilleure protection du paysage dans la constitution (photo prétexte).
Initiatives pour protéger paysage et nature
Les partisans des deux initiatives sur le paysage et la biodiversité ont lancé mardi la récolte des signatures par une action symbolique sur la Place fédérale à Berne.
L'initiative biodiversité veut ancrer une meilleure protection du paysage dans la constitution (photo prétexte).
Responsabiliser les cantons
L'initiative populaire contre le bétonnage du paysage veut des prescriptions claires sur la construction hors des zones à bâtir. Son objectif est de limiter la construction hors zone à bâtir au lieu de l'étendre. Les cantons auront une responsabilité directe dans la protection de la nature et du paysage.
Le nombre de bâtiments et la surface qu'ils occupent ne devraient pas augmenter dans les parties non constructibles du territoire, a indiqué Roman Hapka, directeur suppléant de la FP. L'année dernière, plus de 2000 nouvelles constructions ont vu le jour hors zones à bâtir dont 400 pour des logements.
La deuxième étape de la révision de la loi sur l'aménagement du territoire présentée par le Conseil fédéral en fin d'année ne va pas assez loin. Elle offre aux cantons encore plus de marge de manoeuvre et ceux-ci peuvent interpréter à leur guise les compensations liées aux nouvelles constructions, a ajouté Adrian Schmid, directeur de Patrimone Suisse.
Fonds à augmenter
L'initiative sur la biodiversité réclame de la Confédération et des cantons qu’ils assurent et renforcent la biodiversité en Suisse. Elle veut garantir l'argent et les surfaces nécessaires au maintien de la biodiversité. Les fonds consacrés actuellement à la biodiversité sont nettement insuffisants, a dénoncé Werner Müller, directeur de BirdLife Suisse. Sans toutefois chiffrer les moyens nécessaires.
Durant des décennies, la Suisse a cru être le bon élève de l’Europe en matière de protection de la nature. Or, en 2017, un rapport sur l’environnement de l'OCDE a montré que la Suisse se trouve loin derrière les autres pays en matière de politique de la biodiversité, a souligné M. Müller. Elle compte le plus d'espèces menacées et n'a mis que 6,2% de son territoire sous protection, ce qui la relègue au dernier rang des pays de l'OCDE.
Le délai de récolte des 100'000 signatures pour chaque initiative court jusqu'au 26 septembre 2020. Les initiants espèrent atteindre ce but en moins d'un an.
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