SécuritéL'accès aux images satellite sera amélioré
gd, ats
21.9.2021 - 10:48
La Suisse améliorera son accès aux images satellites. Après le Conseil des Etats, le National a donné mardi son feu vert à une coopération bilatérale avec la France. Un crédit d'engagement de 82 millions de francs est nécessaire.
Keystone-SDA, gd, ats
21.09.2021, 10:48
21.09.2021, 10:56
ATS
Actuellement, Berne dépend des images et des données provenant de fournisseurs commerciaux. «Or, nous ne recevons pas toujours les images souhaitées. Nous n'avons par exemple pas réussi à obtenir des images de Wuhan», a pointé Thomas Hurter (UDC/SH) pour la commission.
«Nous ne pouvons plus dépendre d'acteurs privés et risquer d'être aveugles au dernier moment», a abondé François Pointet (PVL/VD). «La Suisse n'ayant pas les capacités financières de gérer seule un tel système, la collaboration avec d'autres pays est essentielle.»
L'accès au nouveau système de satellites d'observation militaire français, Composante spatiale optique (CSO), permettra d'obtenir des images de meilleure qualité, plus fiables et sécurisées, a poursuivi le rapporteur de commission. «C'est indispensable pour pouvoir mener une politique de sécurité complète.» Les données pourront aussi s'avérer utiles pour la promotion de la paix, l'aide en cas de catastrophes et les interventions humanitaires.
Absence d'alternatives regrettée
Seule une partie de la gauche s'est opposée au projet, peu compatible à ses yeux avec la neutralité de la Suisse. La France entend utiliser son satellite à des fins militaires et pour «muscler sa guerre des étoiles», a critiqué Fabien Fivaz (Verts/NE). Berne a de son côté généralement besoin d'images satellite pour des utilisations civiles ou météorologiques.
Les coûts ne correspondent en outre pas aux besoins réels, a relevé le Neuchâtelois, rejoignant les critiques déjà émises par le Contrôle fédéral des finances. La Suisse décuplerait son investissement annuel et débourserait plus que les services obtenus. Elle n'obtiendrait que 2% des images prises quotidiennement, alors qu'elle paierait pour le double.
Tout comme les contrôleurs des finances, Fabien Fivaz a encore déploré l'absence d'alternatives. Le projet Pléiades Neo, lancé cette année par Airbus, ou le programme scientifique Corpernicus sont au moins aussi précis. Aucune analyse n'a toutefois été faite.
Compatible avec la neutralité suisse
«Une offre commerciale n'offre pas le même niveau de confidentialité qu'une coopération bilatérale avec un Etat», lui a opposé la ministre de la défense. Et Viola Amherd de le rassurer: «Le projet est compatible avec la neutralité helvétique.»
Berne bénéficie de prestations, elle ne fournit pas de données ni d'évaluations. Une clause de suspension lui permet par ailleurs d'interrompre cette coopération en tout temps pour des motifs de neutralité, a-t-elle poursuivi. Les députés l'ont suivie, acceptant le projet par 146 voix contre 36.
Pleinement opérationnel en 2022
Leader européen en satellite d'observation de la Terre, la France est en train de développer le CSO. Elle a proposé son utilisation commune à divers Etats. La Belgique, l'Allemagne, l'Italie et la Suède ont accepté. Berne a lancé en septembre 2019 des négociations avec Paris, qui ont abouti au projet sur la table.
Avec cet accord, la Suisse se voit attribuer un droit de participation à la programmation des satellites. Ses commandes d'images et de données peuvent avoir une influence sur le programme, notamment sur les prises de vue des satellites CSO.
Berne bénéficie aussi d'un accès aux archives d'images du système, gérées par la France. En outre, un groupe de travail franco-suisse examinera quelles sont les options pour approfondir la collaboration sur les plans scientifiques et technologiques.
Le premier des trois satellites a été mis en orbite fin 2018. Le système et ses stations terrestres devraient être pleinement opérationnels en 2022.