Ses confidences ne passent pas L'ex-ministre Georges Godel sous les feux de la critique à Fribourg

lp, ats

30.1.2022 - 10:01

L'ancien conseiller d'Etat fribourgeois Georges Godel sort d'une semaine difficile. Au centre d'une polémique après la parution d'un livre de confidences, il pourrait susciter des interventions au Grand Conseil et fait déjà l'objet d'un examen par le Ministère public.

Georges Godel connaît un début de retraite chahuté après la publication d'un livre de confidences sur ses quatre dernières années d'activité au sein du gouvernement fribourgeois (archives).
Georges Godel connaît un début de retraite chahuté après la publication d'un livre de confidences sur ses quatre dernières années d'activité au sein du gouvernement fribourgeois (archives).
ATS

30.1.2022 - 10:01

La publication du livre «Secrets et confidences d’un président», fruit d'une série d'entretiens accordés par l'ancien grand argentier cantonal au journaliste Jean-Marc Angéloz, continue de faire des vagues. Le Ministère public fribourgeois a ainsi confirmé qu’il examinait la conformité de l’ouvrage avec le secret de fonction.

Aucune plainte n’est déposée pour l'heure, mais le grief de violation du secret de fonction peut être poursuivi d’office. Au-delà, les révélations du magistrat centriste, qui fêtera bientôt ses 70 ans et qui a quitté le gouvernement à fin décembre après 15 ans en son sein, pourraient causer des réactions de députés fâchés.

Grand Conseil

Des élus pourraient intervenir lors la session de février du Grand Conseil, qui débute mardi. L’affaire devrait donc agiter les esprits en terre fribourgeoise un moment. Selon des observateurs, la question se posera du maintien ou non des mandats confiés à Georges Godel alors qu’il était encore en fonction.

Pour mémoire, l’ancien agriculteur et citoyen d'Ecublens (FR) préside les Transports publics fribourgeois (TPF), un mandat pour lequel il a été réélu pour trois ans pas plus tard que l'été dernier. Il est également administrateur de la Banque cantonale de Fribourg. Certains estiment que le lien de confiance est rompu.

Par ailleurs, La Liberté a révélé vendredi que Georges Godel s'était porté candidat à la présidence de l’Interprofession du Gruyère (IPG). Il a confirmé au quotidien s’être retiré du processus de sélection. «C’est assez simple», y raconte-t-il. «J’ai été sollicité, puis auditionné à deux reprises».

Retrait

«Ensuite, j’ai été surpris de ne pas recevoir d’informations concernant la suite de la procédure. J’avais un sentiment bizarre. J’ai alors annoncé mon retrait», explique Georges Godel. Complexe, la sélection concerne tous les acteurs de la filière, avec, outre Fribourg, Vaud, Neuchâtel, Jura et la partie francophone de Berne.

Le retrait de la course de Georges Godel est toutefois survenu avant la publication du livre polémique de l'ancien rédacteur en chef du bimensuel L’Objectif. Ce n’est donc pas la raison pour laquelle le Glânois était contesté. Il avait le soutien des producteurs de lait, mais ne faisait pas l’unanimité chez les fromagers et affineurs.

Ministère public, députés et présidence de l'IPG mis à part, un coup de tonnerre a aussi retenti mercredi: le Conseil d'Etat, entré en fonction le 1er janvier, a annoncé prendre ses distances avec Georges Godel. Il s'est dit «interpellé et déçu» par le contenu du recueil où il relate des éléments détaillés de son activité gouvernementale.

Nécessaire collégialité

L'exécutif, dont trois des sept membres sont nouveaux, explique avoir pris connaissance de l’ouvrage relatant quatre ans d’entretiens menés sous le sceau du secret. Il affirme sa conviction que «la collégialité et le respect du secret de fonction sont des éléments-clés de la confiance nécessaire» à son bon fonctionnement.

L’ex-ministre égratigne dans le livre certaines personnalités, comme l’ancienne conseillère d’Etat verte Marie Garnier. Contacté il y a quelques par La Liberté, Georges Godel déclarait: «J’assume à 200%. C’est vrai que j’ai pris un risque, car je ne savais pas si les projets dont je parle dans le livre allaient réussir ou pas».

«Mais tous ces projets (ndlr: réforme fiscale des entreprises ou assainissement de la caisse de pension de l'Etat de Fribourg notamment), que j’ai menés au nom du gouvernement, ont heureusement abouti», estime celui qui a passé dix ans à la tête des finances cantonales. Le dossier est à suivre.

lp, ats