Il y a 30 ans, à la surprise générale, le peuple suisse disait oui à l'initiative des Alpes, un tournant pour la politique des transports dans le pays. Ses auteurs ont depuis mis l'accent sur la lutte contre le changement climatique et l'extension des autoroutes.
Action de protestation contre le trafic de transit par les promoteurs de l'Initiative des Alpes dans les gorges de Schoellenen (UR), le 5 août 1989. (archives)
Une action en faveur de l'Initiative des Alpes sur la Place fédérale à Berne en 1993. (archives)
En 1994, alors qu'il était ministre des Transports, Adolf Ogi (à gauche) a dû accepter le oui à l'Initiative des Alpes. (archives)
L'initiative des Alpes a été adoptée il y a 30 ans - Gallery
Action de protestation contre le trafic de transit par les promoteurs de l'Initiative des Alpes dans les gorges de Schoellenen (UR), le 5 août 1989. (archives)
Une action en faveur de l'Initiative des Alpes sur la Place fédérale à Berne en 1993. (archives)
En 1994, alors qu'il était ministre des Transports, Adolf Ogi (à gauche) a dû accepter le oui à l'Initiative des Alpes. (archives)
L'article sur la protection des Alpes, approuvé le 20 février 1994, exige que la région alpine soit protégée du trafic de transit. La loi stipulait que deux ans après l'ouverture du tunnel ferroviaire de base du Gothard – soit dès 2018 – seuls 650'000 camions pouvaient traverser les Alpes chaque année. Un objectif qui n'est toujours pas atteint aujourd'hui.
Ainsi, en 2022, quelque 880'000 trajets de camions ont été recensés à travers les Alpes. La part du rail dans le transport de marchandises à travers les Alpes est restée stable, certes à un niveau élevé (74%).
Mesures supplémentaires
L'achèvement de la Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) ainsi que la possibilité, dès 2020, de faire transiter au Gothard des trains chargés de semi-remorques d'une hauteur de 4 mètres ont donné une impulsion au transfert des marchandises de la route vers le rail.
Mais pour le Conseil fédéral, la situation économique difficile en Europe, les nombreux chantiers sur le réseau ferroviaire ainsi que le retard de nombreux trains freinent encore ce transfert. Des mesures supplémentaires sont nécessaires.
Fin novembre 2023, le gouvernement a décidé d'augmenter dès 2025 le montant de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP). En outre, les trajets ferroviaires plus courts doivent être encouragés et le prix du courant de traction ne doit pas être augmenté. Le Conseil fédéral rappelle en effet que le transport de marchandises par le rail à l'intérieur de la Suisse ne couvre presque plus ses coûts.
Début janvier, le Conseil fédéral a transmis au Parlement un projet visant à améliorer le transport ferroviaire et fluvial de marchandises.
Les fonds publics supplémentaires doivent non seulement permettre de maintenir et développer l'offre de fret en Suisse, mais aussi d'atteindre les objectifs climatiques en réduisant les émissions de CO2 liées au transport de marchandises.
Non aux milliards pour les autoroutes
L'Initiative des Alpes s'est d'ailleurs donné pour objectif la neutralité climatique du transport de marchandises en Suisse d'ici 2035. Elle exige des objectifs en termes de CO2 pour les voitures neuves, l'interdiction des retours gratuits de colis dans le commerce électronique, ou encore des centres de regroupement logistique.
L'Initiative des Alpes dit aussi rester vigilante sur le deuxième tube du tunnel routier du Gothard, en construction depuis 2020. Le nouveau tube ne doit servir qu'à l'assainissement de l'autre galerie et à la sécurité, et non à une augmentation de la capacité de transit, comme l'a promis le Conseil fédéral avant la votation populaire.
L'association a aussi un autre cheval de bataille, empêcher l'extension des autoroutes. Avec d'autres organisations environnementales, elle a déposé mi-janvier un référendum contre un plan de développement des autoroutes avalisé en automne dernier par le Parlement, une enveloppe d'environ 5 milliards de francs.