L'ONU «regrette profondément» l'approbation de l'initiative sur l'interdiction du voile intégral. Elle a affirmé mardi à Genève que ce vote allait «davantage marginaliser et exclure de la vie publique» les musulmanes.
«La Suisse rejoint le petit nombre de pays où la discrimination active contre les musulmanes est désormais sanctionnée par le droit», a dit à la presse une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Alors même que ces femmes dénoncent une augmentation de celle-ci en Europe.
Le Haut-Commissariat salue toutefois l'opposition du Conseil fédéral et la proposition d'un contre-projet. Mais il cible une campagne «aux tonalités xénophobes».
Imposition "problématique"
Dans tous les cas, l'ONU estime que l'imposition par la loi d'une tenue vestimentaire est «problématique» en termes de droits humains. Certes, «les femmes ne devraient pas être contraintes de se couvrir le visage», mais une interdiction législative de le faire affecte également leurs droits, ajoute la porte-parole.
Le Pacte international sur les droits civils et politiques affirme que cette liberté peut seulement être restreinte par des limitations indispensables pour la protection de la sécurité publique, l'ordre, la santé ou les valeurs fondamentales d'autres personnes. «De vagues justifications» ne peuvent être considérées comme légitimes, fait remarquer la porte-parole.
Deux rapporteurs spéciaux de l'ONU, dont le Zurichois Nils Melzer, avaient de leur côté déjà dénoncé dès dimanche soir l'interdiction du voile intégral. Ces experts indépendants, qui ne s'expriment pas au nom de l'organisation, avaient notamment ciblé une «discrimination» contre les femmes.