Les données sur la pandémie en Suisse sont encore insuffisantes, estime l'épidémiologiste Marcel Salathé. La Suisse devrait collecter plus de données, par exemple pour savoir plus précisément quelles variantes circulent dans le pays, selon lui.
«La Suisse s'appuie fortement sur les résultats d'autres pays, par exemple le Royaume-Uni», note M. Salathé dans une interview publiée jeudi dans les journaux alémaniques de Tamedia. «Il serait utile de séquencer beaucoup plus d'échantillons et de déterminer plus précisément quelles variantes existent en Suisse», relève le membre de la task force de la Confédération.
Il ajoute qu'il faudrait ensuite croiser ces résultats avec des données issues du traçage de contacts en se posant les questions suivantes: qui a infecté qui et quand ? L'âge ou l'emploi ont-ils un effet sur le risque d'infection ? «La Suisse ne dispose pas de ces informations qui seraient pourtant essentielles», déplore-t-il.
La Suisse «avance à l'aveugle»
Tant que le traçage des contacts ne fonctionnera pas suffisamment bien, la Suisse avancera à l'aveugle. «Un pilote qui ne reçoit que des images pixélisées de son appareil de vision nocturne toutes les 15 minutes vit dangereusement. C'est exactement comme cela que l'on lutte contre la pandémie», illustre M. Salathé
C'est affligeant pour lui que la Suisse ait encore une si mauvaise situation en matière de données. «L'infrastructure est obsolète et, en matière de numérisation, la Suisse a deux décennies de retard», dénonce-t-il.
En ce qui concerne l'évolution de la pandémie, l'épidémiologiste rappelle que le virus va continuer à faire partie de nos vies. Lorsque les groupes à risque seront vaccinés, une grande partie du problème sera résolue et lorsque tous ceux qui le souhaitent seront vaccinés, on pourra revenir à une certaine normalité, ajoute-t-il.