La Chaîne du Bonheur s'est montrée satisfaite, lundi, des effets de l'aide financière qu'elle a apportée aux Haïtiens après le séisme qui a ravagé leur pays, en 2010. La construction ou la remise en état de maisons a été particulièrement appréciée par les habitants.
La générosité de la population suisse avait permis à la Chaîne du Bonheur de récolter, à l'époque, un peu plus de 66 millions de francs pour les victimes du tremblement de terre. L'argent, outre l'aide d'urgence, a servi à financer jusqu'en 2018 pas moins de 91 projets de 21 ONG partenaires de la fondation créée par la SSR.
La Chaîne du Bonheur a voulu savoir si ce soutien avait été utile aux habitants. Elle a mandaté la société Key Aid Consulting, qui a mené une enquête auprès de 525 ménages haïtiens. Neuf foyers sur dix ont ainsi déclaré avoir pu couvrir leurs besoins vitaux et restaurer leurs moyens de subsistance grâce aux fonds venus de Suisse.
Une aide durable
Les résultats tirés de cette étude montrent que l'aide a été efficace et a eu un impact sur le long terme, a fait savoir devant les médias le directeur de La Chaîne du Bonheur Roland Thomann. Le fait que les ONG suisses étaient déjà présentes avant le séisme à Haïti a aussi facilité la collaboration avec les locaux.
Le programme de reconstruction a particulièrement été profitable. Plus de 2700 maisons et 4850 latrines ont été construites ou réparées. La plupart des personnes qui ont pu bénéficier d'un logement à l'époque y habitent encore aujourd'hui. Ces maisons ont eu l'avantage de très bien résister à l'ouragan Matthew, en 2016.
Avenir compliqué
Si l'aide à la reconstruction a été perçue comme très positive, les projets de formation professionnelle n'ont en revanche pas eu les effets escomptés. L'anémie de l'économie haïtienne explique cet échec. Peu de personnes formées ont pu retrouver «un emploi durable sur un marché du travail affaibli».
L'instabilité politique d'Haïti est également un obstacle à une amélioration des conditions de vie des habitants de l'île. «Elle empêche de nombreuses ONG de poursuivre leur travail de consolidation», relève la Chaîne du Bonheur, notamment des projets de reboisement visant à réduire les risques en cas de catastrophe.
Pour les ONG, cette évaluation de l'aide apportée et des projets est précieuse. «C'est un luxe difficile à avoir qui nous permet d'apprendre de nos erreurs», a résumé le représentant d'Helvetas Eric Chevallier. Cette analyse n'a vraiment de sens que si elle est menée par un organisme indépendant. Un travail qui coûte.
Un séisme meurtrier
Le tremblement de terre qui avait frappé Haïti le 12 janvier 2010 avait été dévastateur. La catastrophe avait tué plus de 300'000 personnes et détruit plus de 250'000 maisons. Le séisme avait touché principalement la capitale. Les institutions avaient été ébranlées et l'aide était arrivée de manière désordonnée, a relevé M.Chevallier.
Haïti, un pays pauvre et endetté, n'était pas préparé à subir une telle calamité, a souligné Manuel Gysler, de l'Entraide protestante suisse. La récolte de fonds en faveur des victimes du tremblement de terre a été la troisième plus grande collecte de l'histoire de la Chaîne du Bonheur, a rappelé M.Thomann.
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