"Comportements inappropriés"Le Béjart Ballet Lausanne est dans la tourmente
sj, ats
4.6.2021 - 17:18
Après les révélations de graves manquements de son école de danse et l'exclusion du directeur, la Fondation fait état de nouvelles allégations, touchant cette fois la compagnie elle-même. Une enquête globale est lancée.
Keystone-SDA, sj, ats
04.06.2021, 17:18
04.06.2021, 18:23
ATS
«Le Conseil de fondation du Béjart Ballet Lausanne a eu connaissance de nouvelles allégations dirigées contre l'institution, y compris la compagnie du Béjart Ballet Lausanne», indique-t-il vendredi dans un communiqué, une semaine exactement après l'annonce de l'exclusion du directeur de la prestigieuse Ecole-atelier Rudra Béjart, Michel Gascard, et de sa régisseuse, Valérie Lacaze.
«Bien que ces éléments rapportés, qui touchent au climat de travail et à des comportements inappropriés, ne soient à ce stade ni étayés ni confirmés, le Conseil de Fondation a pris la décision immédiate de confier un audit général à une société spécialisée», écrit-il.
«Démarche préventive»
Interrogé par Keystone-ATS, la présidente du Conseil de Fondation du Béjart Ballet Lausanne, Solange Peters, insiste sur le fait qu'aucun témoignage direct ni faits précis ne soient remontés à ses oreilles. «Il s'agit d'une série d'allégations sur le climat de travail au sein de la fondation et de la compagnie que je découvre essentiellement par le biais des médias depuis une semaine», affirme-t-elle.
«La démarche actuelle est très différente du précédent audit. Elle est préventive, prophylactique. Nous voulons ouvrir une vraie évaluation, regarder partout et lever les nuages de suspicions», explique Mme Peters. Selon elle, la démarche a été bien accueillie par Gil Roman, directeur artistique de la compagnie BBL. «Nous gardons toute notre confiance en lui», relève-t-elle.
Le nouvel audit portera sur l'ensemble du périmètre de la Fondation Béjart Ballet Lausanne (la compagnie et l'école), examinera les questions de santé et de sécurité au travail, de climat général de travail et d'encadrement, selon la présidente du Conseil de Fondation du BBL.
Résultats attendus d'ici septembre
Le nom de la société mandatée pour réaliser cet audit, son cahier des charges exact et son calendrier seront précisés ces prochains jours. Mme Peters espère des conclusions «dans le courant de cet été et si possible avant septembre». Selon elle, il n'y a toujours aucun volet pénal dans toute cette affaire.
Le Conseil de fondation du BBL «attache une importance primordiale au respect de conditions de travail exemplaires, à des relations humaines saines et à une bonne gouvernance, qui forment le socle des valeurs de la Fondation. L'audit qu'il met en place aujourd'hui doit permettre de s'assurer que ces principes fondamentaux sont appliqués», souligne-t-il encore dans le court communiqué.
Omerta et humiliations
En plus des licenciements de Michel Gascard et Valérie Lacaze, le Conseil de Fondation avait aussi annoncé suspendre les cours de l'Ecole-atelier, qui forme chaque année une quarantaine d'élèves. Ils ne reprendront d'ailleurs pas à la prochaine rentrée d'août. La prestigieuse école de danse espère pouvoir recommencer ses activités en 2022.
C'est en février dernier que le Conseil de Fondation a pris connaissance d'"éléments préoccupants mettant en cause la direction» de cette école. Le premier audit a été confié à un avocat et à un ancien juge cantonal afin «de faire toute la lumière sur les faits énoncés et d'en fournir une analyse détaillée». Il a conclu à «un certain nombre de faits et comportements révélant de graves manquements de la part de la direction» de l'école.
Les témoignages recueillis ces derniers jours par les médias rapportent des humiliations subies par les danseuses et l'omerta imposée par le directeur Michel Gascard.
Décision saluée par la Ville de Lausanne
De son côté, la Ville de Lausanne a salué la décision du Conseil de Fondation du BBL de lancer un audit complet de l'ensemble du personnel de l'institution. Elle estime qu’elle s’inscrit dans une démarche responsable en matière de sécurité et santé au travail, écrit-elle dans un communiqué séparé.
La Municipalité dit vouloir annoncer la semaine prochaine un «plan d'actions plus large d'accompagnement des institutions culturelles subventionnées en lien avec les questions de santé, de sécurité et de climat de travail».