SécuritéLa guerre en Ukraine renforce l'intérêt des Suisses pour l'Otan
hl, ats
16.3.2023 - 10:00
La guerre en Ukraine renforce la volonté des Suisses de se rapprocher de l'Otan. Pour une majorité, ce n'est pas incompatible avec la neutralité. Dans le cadre de l'étude Sécurité 2023, les trois quarts de la population ont dit en outre voir l'avenir du monde en noir.
hl, ats
16.03.2023, 10:00
16.03.2023, 10:36
ATS
A contrario, 81% des personnes interrogées envisagent un avenir positif pour la Suisse. C'est cependant cinq points de pourcentage de moins qu'un an plus tôt, avant l'agression russe contre son voisin, selon l'étude «Sécurité 2023» réalisée en janvier et publiée jeudi par l'Académie militaire (Milak) et le Center for Security Studies (CSS) de l'EPF de Zurich.
Dans le même temps, la confiance dans l'avenir du monde a baissé de sept points de pourcentage. Seules 24% des personnes interrogées étaient encore optimistes quant à l'avenir de la planète en janvier 2023.
Pour 42% des personnes interrogées, les guerres et les conflits représentent la plus grande menace pour la Suisse. Suivent le changement climatique (34%) et les crises financières et économiques (31%). Il n'y a pas de comparaison possible avec les enquêtes précédentes, car c'est la première fois que les chercheurs posaient cette question. Tous les autres thèmes mentionnés sont loin derrière, avec moins de 6%.
Dans la foulée, une majorité de 55% se disait favorable en janvier 2023 à un rapprochement avec l'Otan. C'est 10 points de pourcentage de plus qu'un an plus tôt, une courte majorité estimant que la neutralité le permettrait. Cela signifie que l'idée d'une défense autonome a du plomb dans l'aile. Selon l'étude, cela montre que les Suisses sont plus disposés à l'ouverture et à la coopération que par le passé.
Neutralité
Largement débattue dans le contexte de la réexportation d'armement ou de munitions suisses, la neutralité a été soutenue par 91% des personnes interrogées en janvier dernier, soit six points de moins que dans l'étude de l'année précédente. Une faible majorité a continué à apporter son soutien à la neutralité différenciée, selon laquelle la Suisse prend clairement position en cas de conflit politique, mais reste neutre en cas de conflit militaire.
Le besoin d'une prise de position claire également en cas de guerre a cependant augmenté de 18% en janvier 2021 à 27% des sondés cette année. A contrario, la fonction de la neutralité comme facteur de protection a nettement baissé par rapport à l'année précédente, passant de 69% à 55%. En revanche, l'effet protecteur des alliances militaires en Europe s'est renforcé, un bon tiers des personnes interrogées réclamant de telles alliances.
Les sondés ont jugé important que la neutralité soit reconnue au niveau international, qu'elle ait une orientation humanitaire et qu'elle fasse partie de l'identité nationale. Le facteur le moins important est le fait que la neutralité soit armée.
Sanctions approuvées
L'attitude envers les sanctions contre la Russie est restée inchangée par rapport à une enquête complémentaire en juin 2022. Les trois quarts des personnes interrogées ont estimé que ces mesures étaient justes et 70% qu'elles étaient conformes à la neutralité. Un tiers partageait l'avis que la Suisse ne pouvait plus offrir ses bons services à cause des sanctions.
L'armée est jugée nécessaire par 78% des personnes interrogées. C'est trois points de pourcentage de plus qu'en janvier 2022. Par rapport à cette date, les Suissesses et les Suisses souhaitent aujourd'hui que la capacité de défense de l'armée soit renforcée. Mais par rapport à juin 2022, le soutien à une augmentation du budget de l'armée a diminué.
La confiance élevée dans les institutions se maintient. Aucune des institutions mentionnées lors de l'enquête n'a enregistré de perte de confiance en un an, les partis politiques gagnant 0,2%..
Gain de confiance pour les Etats-Unis
S'agissant de la confiance dans les Etats, mesurée pour la dernière fois en 2019, les Etats-Unis ont beaucoup gagné. La confiance dans les Etats voisins reste élevée. En revanche, la perte de confiance dans les Etats autoritaires que sont la Russie, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord est particulièrement frappante, écrivent les auteurs du rapport «Sécurité 2023».
Les personnes interrogées souhaitent conserver des relations purement économiques avec l'UE. Seule une minorité demande l'adhésion. Un engagement plus fort en faveur des causes de l'ONU a reçu un peu plus de soutien qu'en juin 2022.
L'Académie militaire (Milak) et le Center for Security Studies (CSS) de l'EPFZ réalisent chaque année depuis 1993 une série d'études sur la sécurité. Pour l'étude actuelle, l'institut de sondage Link a interrogé 1238 citoyens représentatifs du 3 au 20 janvier. La marge d'erreur est de plus ou moins 2,8%.