Appel à la violence La mosquée de Kriens se sépare de son imam

ATS

16.10.2019 - 17:08

La mosquée Dar Assalam de Kriens (LU) se sépare de son imam, suspecté d'appel à la violence contre les femmes. L'association qui la régit «ne tolère aucun imam radical ni aucun prêche radical». Son organisation faîtière appelle les mosquées à enregistrer les prêches.

Début août, l'imam irakien âgé de 38 ans aurait recommandé, lors de la prière du vendredi, d'infliger «des coups légers» aux épouses «afin de les discipliner» lorsque d'autres mesures, comme le dialogue ou le délaissement du lit conjugal, «n'ont servi à rien».

Dans un article publié le 6 octobre par la SonntagsZeitung, l'imam a confirmé qu'il était «légitime» qu'un homme batte sa femme pour la discipliner, sauf s'il agit par cruauté ou par pure violence. Selon lui, il faut comparer la violence contre une épouse au fait de discipliner des enfants.

Conférence de presse à la mosquée

Mercredi, la Communauté islamique de Lucerne (IGL), organisation faîtière des musulmans lucernois, a annoncé aux médias que le comité de l'association Dar Assalam («Maison de la paix») se séparait de l'imam. Son poste est désormais remis au concours.

Absent, «pour des raisons professionnelles», de la conférence de presse qui s'est tenue dans la mosquée installée dans un bâtiment industriel, le comité invoque par écrit qu'il ne tolère aucun appel à la haine ou à la violence. «L'association Dar Assalam respecte la Constitution fédérale et la Constitution du canton de Lucerne», écrit-il en outre.

Acquitté de soutien au terrorisme

L'affaire n'avait pas fait grand bruit parmi les fidèles. Ce sont les médias qui ont mis la puce à l'oreille de l'IGL, indique-t-elle. Le comité qui dirige la mosquée Dar Assalam savait que l'imam avait été accusé, dans le passé, d'entretenir des liens avec des terroristes. Il s'était alors entretenu à son sujet avec les fidèles et avec les autorités. L'homme avait finalement été acquitté.

Interpellé et interrogé la semaine dernière par la police suite à ses propos, le suspect a été remis en liberté. La procédure pénale ouverte par le Ministère public est cependant toujours en cours. Les actes incriminés constituent un délit poursuivi d'office. L'imam bénéficie de la présomption d'innocence jusqu'à la tenue d'un éventuel procès.

L'IGL s'est entretenue avec l'imam incriminé. Ce dernier conteste tout appel à la violence.

Vide dans la formation des imams

Par la bouche de son président Petrit Alimi, l'organisation faîtière lucernoise rappelle qu'un prêche n'a pas à attiser la violence ou la peur. En citant le prophète, M. Alimi souligne que «le meilleur parmi les hommes est celui qui se comporte le mieux avec sa femme».

Petrit Alimi a aussi évoqué la pénurie d'imams, l'absence de structures pour leur formation en Suisse et le fait que les associations musulmanes manquent de moyens financiers. Cette réalité oblige souvent les mosquées à «importer» des imams, au risque de faire une erreur de casting. Le président de l'IGL a appelé les autorités à l'aide dans le processus de professionnalisation en cours.

Enregistrer et surveiller les prêches

L'IGL recommande désormais aux associations membres d'enregistrer à l'avenir tous les prêches et de conserver ces enregistrements durant une année. Les mosquées sont en outre appelées à désigner quatre personnes chargées d'être présentes à chaque prêche et d'intervenir en cas de nécessité. La mosquée Dar Assalam a indiqué qu'elle suivrait ces recommandations.

Depuis 2005, l'IGL représente les musulmans lucernois en tant que partenaire du dialogue avec les autorités locales, les églises et la population. L'association Dar Assalam fait partie de sept associations appartenant à la Communauté islamique de Lucerne (IGL).

Les fidèles de Dar Assalam sont principalement des migrants venus du monde arabe. Environ 20'000 musulmans vivent dans le canton de Lucerne dont 10% sont pratiquants. Les plus grandes communautés musulmanes lucernoises sont d'origine bosnienne, turque et albanaise.

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