Gens du voyage La reconnaissance d'un crime contre l'humanité bien accueillie

clsi, ats

20.2.2025 - 20:05

Les associations qui défendent les gens du voyage en Suisse ont bien accueilli la reconnaissance jeudi d'un crime contre l'humanité par la Suisse contre les Yéniches et les Manouches/Sintés au 20e siècle. Elles veulent désormais avancer sur la question des aires d'accueil. Pro Juventute dit pour sa part assumer sa responsabilité dans cette affaire.

Pour les Yéniches, il s'agit d'une reconnaissance adéquate de leur histoire et d'une confrontation avec ce pan de l'histoire suisse, ajoute-t-elle, tout en saluant la «nouvelle base constructive» dans le dialogue avec la Confédération.
Pour les Yéniches, il s'agit d'une reconnaissance adéquate de leur histoire et d'une confrontation avec ce pan de l'histoire suisse, ajoute-t-elle, tout en saluant la «nouvelle base constructive» dans le dialogue avec la Confédération.
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Keystone-SDA, clsi, ats

«Cette étape est merveilleuse et ouvre des portes longtemps fermées», déclare Isabella Huser, écrivaine yéniche membre de la Commission fédérale contre le racisme.

«Trop peu» a été fait

L'association de défense des gens du voyage suisses (DGDVS) salue aussi une avancée. «C'est un point important», déclare son président Stève Gerzner. Mais la Suisse doit, à ses yeux, faire davantage pour préserver la culture des gens du voyage suisses. «Beaucoup a été fait pour les communautés étrangères, mais très peu pour les Yéniches et les Manouches», précise M. Gerzner.

Le représentant de l'association appelle la Suisse à créer des places d'accueil pour ces communautés en guise de réparation. Une demande soutenue par d'autres représentants de la communauté yéniche.

Les Yéniches qui souhaitent voyager devraient pouvoir le faire, déclare Uschi Waser, présidente de la fondation Naschet Jenische. «Il faut mettre fin à la politique qui consiste à se renvoyer la balle entre communes», ajoute-t-elle.

Excuses de Pro Juventute

Pro Juventute, de son côté, assume sa responsabilité dans l'enlèvement d'enfants issus de la communauté des gens du voyage. «Nous sommes bien conscients de la responsabilité de Pro Juventute et nous la prenons très au sérieux. Aujourd'hui et à l'avenir», écrit la fondation dans un communiqué.

«Nous reconnaissons que les enlèvements d'enfants dans les familles yéniches entre 1926 et 1973 étaient basés sur des hypothèses discriminatoires, ajoute-t-elle. Ils doivent désormais être également désignés de crimes contre l'humanité».

La fondation a une nouvelle fois présenté ses excuses pour les souffrances qu'elle a causées et «qui ont toujours des répercussions». Elle salue également la réalisation indépendante de l'expertise rendue publique jeudi.

Le Conseil fédéral réitère ses excuses envers les Yéniches et Manouches/Sintés

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Les persécutions subies par les Yéniches et Manouches/Sintés en Suisse dans le cadre du programme «Oeuvre des enfants de la grand-route» au XXe siècle doivent être qualifiées de «crime contre l'humanité», selon le Conseil fédéral. Il a réitéré ses excuses. La fondation Pro Juventute, à l'origine du programme, a retiré entre 1926 et 1973 quelque 2000 enfants aux gens du voyage et déchiré les familles. Des organisations représentant ces communautés ont demandé en janvier 2024 à la Confédération de qualifier ces actes de «génocide culturel».

20.02.2025