Conseil de sécurité La Suisse aux portes du sommet du système international

sn, ats

7.6.2022 - 09:30

La Suisse doit accéder jeudi pour la première fois au sommet du système multilatéral avec l'élection prévue au Conseil de sécurité de l'ONU pour 2023 et 2024. Elle va sauf surprise obtenir au moins deux tiers des voix de pays votants parmi les 193 de l'organisation.

La Suisse doit arriver l'année prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU en pleines tensions en raison du conflit ukrainien et de ses conséquences pour la communauté internationale (archives).
La Suisse doit arriver l'année prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU en pleines tensions en raison du conflit ukrainien et de ses conséquences pour la communauté internationale (archives).
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

L'Assemblée générale de l'ONU doit se prononcer dès 10h00 à New York (16h00 en Suisse). Candidate officiellement depuis plus de 10 ans, la Suisse est la seule à briguer avec Malte les deux sièges du bloc d'Europe occidentale dans l'organe exécutif du système onusien.

Ces dernières semaines, le président de la Confédération Ignazio Cassis s'est montré confiant, affirmant que le nombre de voix était sécurisé. «Je crois pouvoir dire que tout a été fait», a-t-il estimé récemment.

Paradoxalement pour des observateurs internationaux, la lutte pour ce siège aura été plus acharnée sur le front intérieur qu'auprès des autres Etats. Depuis des années, l'UDC et son tribun Christoph Blocher ont milité contre cette participation au Conseil de sécurité, souhaitant même que cette question soit réglée devant le peuple.

Le parti de droite se sera activé en vain malgré des sessions extraordinaires dans les deux Chambres du Parlement. De son côté, le Conseil fédéral a fait il y a plusieurs années déjà l'analyse qu'une participation au Conseil de sécurité ne contrevient pas à la neutralité suisse. Selon le président de la Confédération, un mandat de deux ans dans cet organe est dans l'intérêt du pays.

Largement saluée

La Suisse veut aider à une paix durable, protéger la population civile, oeuvrer à la sécurité climatique et renforcer l'efficacité de l'organe. Depuis longtemps, elle défend une réforme du Conseil de sécurité alors que l'enceinte est bloquée par le droit de veto des cinq membres permanents, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne.

La Suisse souhaite encore exploiter le rôle de la Genève internationale et son statut d'Etat hôte. Dans une période de tensions en raison de la guerre en Ukraine, un certain nombre de pays attendent de leur côté des initiatives suisses au Conseil de sécurité.

La Russie pourrait vouloir torpiller certaines d'entre elles après la reprise par Berne des sanctions contre elle. Ces derniers mois toutefois, aussi bien à New York que devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, Moscou s'est trouvée bien seule.

Parmi les dirigeants de pays de plusieurs régions récemment interrogés par Keystone-ATS, le soutien semble en revanche assez large. Berne «peut apporter beaucoup», estime le président colombien Ivan Duque, sur le départ après un mandat de quatre ans. «La Suisse a mené d'importantes activités en termes humanitaires», selon lui.

L'émissaire américain pour le climat John Kerry voit lui dans la Suisse un «exemple» dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il estime que la «réputation» de ce pays peut avoir un rôle positif dans l'organe exécutif.

Présidence sur deux fois un mois

Berne ne doit pas porter un soutien à une réforme du Conseil de sécurité «seulement pour satisfaire l'Afrique», affirme le président rwandais Paul Kagame. Mais parce qu'il faut une situation plus «équitable» pour tous.

Plus largement, le président rwandais voit en la Suisse un pays qui peut faire oeuvrer pour la santé mondiale, en pleine pandémie, mais aussi sur l'Ukraine. Berne «peut apporter sa compréhension des raisons fondamentales et des solutions possibles» dans le conflit, affirme-t-il encore.

Dans le bloc que la Suisse représentera si elle est élue, l'accueil est aussi très favorable. «Nous sommes positifs», affirme de son côté le premier ministre belge Alexander De Croo. Saluant l'"expérience» helvétique et son rôle comme «terrain neutre», il souhaite avant tout que celle-ci défende le multilatéralisme.

Pour autant, la marge de manoeuvre de la Suisse ne doit pas être surestimée. Mais elle pourra donner le ton aux travaux de l'enceinte en mai prochain et en septembre 2024 pendant ses deux mois de présidence.